« 100 cartouches pour 2200 euros » : les confessions de vendeurs à la sauvette à la gare de Garges-Sarcelles

« 100 cartouches pour 2200 euros » : les confessions de vendeurs à la sauvette à la gare de Garges-Sarcelles

Ils avaient été pris la main dans le carton de cigarettes. Deux hommes impliqués dans la vente à la sauvette à la gare de Garges-Sarcelles ont été jugés en comparution immédiate, ce mercredi à Pontoise. Un revendeur, qui venait d’acheter 100 cartouches pour les écouler dans le secteur, a écopé de deux mois de prison avec sursis, son livreur à six mois avec sursis.

Tous deux sont sortis libres du tribunal mercredi après-midi mais devront trouver un autre lieu pour écouler leurs cigarettes. Le premier, condamné pour détention de produits contrefaits, est interdit de séjour à Garges pendant un an, et le second, jugé pour vente à la sauvette, pendant trois ans. Leurs cartouches ont été saisies tout comme l’argent de la transaction. Ils n’avaient jamais eu affaire à la justice auparavant.

Les policiers de Sarcelles en patrouille rue du Noyer-des-Belles-Filles, à proximité de la gare, avaient repéré lundi un homme récupérant un carton dans le coffre d’une Citroën C4. Le carton est ouvert et rempli de cartouches, un second carton est à côté. Mohamed B., 27 ans, qui habite chez sa sœur à Garges, a reconnu avoir acheté 100 cartouches à son fournisseur pour 2 200 euros, « pour les vendre à la Chapelle ou à la gare de Garges-Sarcelles », confie-t-il au tribunal.

40 euros de gains par jour selon le vendeur

« Je fais cela depuis la fin du confinement. Je travaillais avant sur les marchés. » Il assure que c’était « la première fois » qu’il achète autant de cigarettes et précise avoir pu acquérir les 100 cartouches pour 2 200 euros grâce à des amis qui auraient misé 500 euros chacun. « Je revends 5 euros le parquet, 50 euros la cartouche », ajoute-t-il, assurant ne gagner que 40 euros par jour. « Pour survivre au quotidien », plaidera son avocat.

Interpellé au volant de la C4, son fournisseur, Suhban U., 34 ans, serait un ancien policier arrivé en France en 2017, venu à pied du Pakistan. Sa demande d’asile a été refusée mais il n’est pas en situation irrégulière. « Je ne savais pas ce qu’il y avait dans le coffre », commence-t-il par dire au tribunal avant de se raviser. « Je ne savais pas que c’était dangereux. J’ignorais que c’était interdit. Je vois beaucoup de monde faire ça » confie-t-il. Il ajoute n’avoir effectué que cette unique livraison pour envoyer de l’argent à son frère « très malade ». Ce qui laisse sceptique le procureur qui note que les messages trouvés dans son portable ressemblent fort à une série d’instructions de livraisons.

Une source de revenus « moins risquée » que le trafic de stupéfiants

Le trafic de cigarettes génère manifestement des profits importants. La Citroën C4 avait été fournie au livreur qui avait été payé, indique-t-il, 1 500 euros. Dans un procès-verbal de contexte joint à la procédure, les policiers de Sarcelles décrivent des vendeurs à la sauvette qui prennent position à la gare parfois dès 4h30 du matin pour cacher notamment dans le mobilier urbain les cigarettes et l’argent, en gardant sur eux que le strict minimum en cas d’intervention de la police. Le PV parle de positions attitrées et des ventes qui débutent à 6 heures.

« Le trafic de cigarettes de contrebande génère une économie illégale florissante et juteuse », confirme à l’audience le procureur, Luc Pellerin. « C’est aussi une source de revenus moins risquée que le trafic de stupéfiants. Cette vente est également un point de fixation d’une immigration irrégulière autour de la gare de Garges-Sarcelles mais aussi d’Argenteuil où une opération coup de poing est menée. Le rassemblement de tous ces vendeurs est générateur d’une délinquance et d’une criminalité induite. Il y a des rivalités entre eux qui finissent souvent par des coups de couteau. »

Des cigarettes constituées « d’un peu de tout »

A cela s’ajoute, poursuit-il, un problème de santé publique : « ces cigarettes de contrebande sont constituées d’un peu de tabac et d’un peu de tout, avec surtout des produits nocifs. »

Comme la gare de Garges-Sarcelles ou celle d’Arnouville-Villiers-le-Bel, la gare d’Argenteuil est confrontée depuis plusieurs mois à l’activité de nombreux vendeurs à la sauvette. Des opérations coup de poing sont régulièrement menées par les policiers d’Argenteuil pour prendre les vendeurs sur le fait. Elles se sont concrétisées depuis plusieurs semaines par des dizaines de déferrements au parquet de Pontoise et des interdictions de paraître sur la commune, selon nos informations.

Un vendeur à la sauvette, revenu à Argenteuil malgré cette interdiction prononcée par la justice pour vendre des cigarettes, a été de nouveau interpellé et a été condamné en comparution immédiate à quatre mois de prison ferme. Le tribunal n’a pas prononcé de mandat de dépôt mais la prison lui tend les bras en cas de récidive.

Si les vendeurs restent aujourd’hui présents sur la gare, c’est en moins grand nombre. Sur place, on évoque « une situation qui se calme » tout en concédant que la situation reste fragile.

2022-03-24 10:00:00
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