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40 ans de dictature franquiste : raconter l’histoire de la République

by Nouvelles

Un roman qui captive l’Espagne : plongée au cœur d’une œuvre phénomène.

Un roman, intitulé La Péninsule des maisons vides, connaît un succès retentissant. Publié il y a un an, il en est déjà à sa quinzième édition et est en cours de traduction dans plusieurs langues.

ce troisième roman, une œuvre mêlant la guerre civile espagnole et le réalisme magique, se déroule dans un village, transposé sous le nom de Jándula.

L’auteur, traducteur de profession, est également peintre, chanteur et musicien. Il confie que les revenus générés par ce livre, fruit de quinze années de travail, lui permettront de financer l’apport pour un appartement.

Un esprit analogique dans un monde numérique

L’auteur révèle son rapport particulier à la technologie :

Je suis très analogique. Ni WhatsApp, ni smartphone, ni Twitter, rien. Mon agenda est en papier. Et la main est le meilleur agenda.

Il explique avoir cédé aux exigences de son attachée de presse en adoptant un smartphone et les réseaux sociaux, se sentant désormais « esclave des technologies ».

Le plaisir d’écrire avant tout

L’auteur souligne l’importance du plaisir dans son processus d’écriture :

Je me le suis passé très bien. Je n’avais pas d’horizon éditorial, tous me disaient que non. Alors, quoi de moins que jouer et me divertir ? Même si c’est un thème délicat, je me le suis passé très bien.

Rejet initial des éditeurs

Il confie les difficultés rencontrées pour faire publier son roman :

Ils disaient que le réalisme magique ne vend pas, parce qu’on a beaucoup écrit sur la Guerre Civile, parce que je suis jeune pour écrire un roman sur toute la Guerre Civile. Ils me demandaient de faire une autofiction. Et moi, non, je ne conçois pas la littérature ainsi.

L’influence de García Márquez et d’autres

L’auteur évoque l’oubli de figures majeures du réalisme magique :

oui. Bien que maintenant ce soit de nouveau à la mode à cause de l’anniversaire et de la série télévisée. Non seulement ils l’oubliaient, mais aussi Gunter Grass, entre autres. Ils disaient : autofiction.

Il constate avec humour le revirement des éditeurs face au succès de son roman :

Maintenant, ils publient tous du réalisme magique [rire].

Dédicaces originales et touchantes

L’auteur évoque les dédicaces de son livre, qu’il qualifie d’« exagérées » et qu’il a augmentées au fil des éditions. Il raconte une anecdote touchante :

À mon grand-père Luis [Odisto, le protagoniste], j’ai apporté un exemplaire à la tombe dès que le livre a été publié, et je crois qu’il est encore là. Maintenant que je vais à Quesada, je vais voir s’il est toujours là. C’est un nicho fermé, je ne crois pas qu’ils soient entrés. Je pourrais bien le voler moi-même, parce que c’est une première édition, et je ne l’ai pas.

Un long travail de mémoire

L’auteur explique son intérêt pour la guerre civile espagnole, un sujet que beaucoup évitent :

Je voulais trouver un livre qui me raconte toute la Guerre en un tome. Un livre qui ne soit pas un essai,mais une fiction. Et ici, je ne l’ai pas trouvé. Il y en avait en Allemagne,en Pologne,en Inde,avec les blessures récentes du pays. On n’avait pas écrit ici un roman qui raconte toute la Guerre et depuis le réalisme magique. C’était toujours depuis un réalisme très républicain. Et c’est logique. Si pendant quarante ans Franco s’invente l’histoire, il est logique qu’ensuite nous voulions raconter ce qui est arrivé à la République.

Il conclut en avouant qu’il n’aurait jamais entrepris ce projet s’il avait su qu’il lui faudrait quinze ans pour l’achever.Un regard poétique sur la guerre civile et l’âme ibérique.

L’œuvre explore les complexités de la guerre civile, évitant les jugements de valeur pour laisser au lecteur le soin de tirer ses propres conclusions.

Comprendre ou raconter l’affrontement ?

« Les deux vont de pair. Je voulais raconter tout ce qui s’est passé des deux côtés : la zone où le camp national a triomphé et la partie républicaine. Je voulais faire une photographie d’un instant sans jugements de valeur. Que le lecteur, qui est intelligent, fasse les jugements pertinents. »

La poésie au cœur de la guerre civile

L’éloignement temporel des événements facilite l’écriture et permet une certaine forme de poésie.

L’universalité à travers le particulier

L’histoire se concentre sur la ruine d’une famille, Odisto Ardolento, et la destruction de son environnement. L’objectif est de rendre l’histoire universelle en partant du particulier, avec des héros anonymes.

« Raconter l’universel à partir du particulier et que les héros soient anonymes me paraissait intéressant. Cela pouvait être le reflet de n’importe quelle famille, et de fait, maintenant, les gens viennent me le dire : maintenant, je peux savoir pourquoi mon grand-père pensait ainsi et je le contredisais, et maintenant j’ai de la peine ; ou j’ai pu imaginer ce que ma grand-mère a souffert en exil grâce à ton livre. »

Jándula : un Macondo ibérique ?

Jándula est une représentation de l’ensemble du pays, pas seulement de l’Andalousie. L’auteur a parcouru la péninsule ibérique pour s’imprégner des coutumes et des superstitions locales.

« C’est le Macondo ibérique, ou espagnol. J’ai fait 25 000 kilomètres dans la Péninsule grâce à une bourse Leonardo, et j’ai pris les coutumes ou superstitions les plus étranges, et je me suis imprégné des différentes idiosyncrasies : comment pense un Basque, que mange un Cantabrique, quelles épices un Pacense met dans sa nourriture. Et ces choses, je les ai ensuite mises dans la même famille, à Jándula.Alors,pour moi,Jándula est une transposition du pays,pas seulement andalou. C’était l’objectif. C’est pourquoi,à un moment donné,je m’arrête sur un paragraphe assez généreux et j’explique ce qu’est un bar. Quelqu’un m’a dit : Nous savons tous ce qu’est un bar. Et j’ai répondu : Tu te trompes. Les étrangers ne savent pas ce qu’est un bar espagnol. Et je veux que ce livre, si j’ai la chance qu’il soit traduit dans d’autres langues, comme c’est déjà le cas – en portugais, en italien, en danois –, serve de microcosme qui résume l’idiosyncrasie du peuple ibérique. »

Expliquer son peuple aux Danois

« Déjà [rires], ça va être compliqué. Je me suis mis dans un sacré pétrin. Et s’ils me demandent : Pourquoi vous vous détestez entre vous ? Ça, je ne peux pas l’expliquer. »

Les couleurs des larmes

Dans Jándula, les larmes ont des couleurs différentes selon les émotions : rouges pour l’amour, bleues pour la tristesse, noires pour la douleur, jaunes pour la joie. L’écriture a été une expérience émotionnelle intense.

« Eh bien, de toutes. Les larmes me montaient aux yeux d’émotion, par exemple sur la route qui va de Gérone à la France, et je ressentais la joie de ceux qui pouvaient survivre, s’exiler. Dans ce cas, elles étaient jaunes. Mais ensuite, j’allais au port d’Alicante, j’imaginais tous ceux qui se sont suicidés là-bas, dont certains avaient les têtes ensemble et se tiraient une seule balle, et ce sont des larmes noires. Les larmes ont été multicolores. Le livre a été quinze ans à le ressentir beaucoup. »

Iberia plutôt qu’Espagne

L’utilisation du terme “Iberia” au lieu d'”Espagne” est un choix littéraire, politique et une référence à l’œuvre de Saramago.

« Les trois choses : la poétique, la politique et un relent de lecture de Saramago, qui a été mon mentor. Je ne l’ai pas connu, mais j’ai tout lu de lui. Et je me suis obstiné à ce que dans mes romans, je ne parlerais que d’Iberia, ni d’Espagne ni du Portugal. C’est arrivé dans les deux précédents, dans celui-ci et dans ceux qui viendront. »

L’allemand et Jándula

L’auteur, traducteur, a étudié l’allemand pour relever un défi et trouver du travail.« À la fac, je voulais faire de l’arabe. Mais en allant en cours à Cordoue, je me suis rendu compte que le professeur était homophobe et machiste. Ensuite, il s’est présenté sur les listes de Vox. On disait en plaisantant que Traduction était la carrière des trois m : musulmans, femmes et pédés, parce que c’est vrai que nous étions tous l’une de ces choses. Et toutes les femmes et les gays ont quitté ce cours. Alors, pour que ce soit un défi, je suis allé en allemand. Cela a coïncidé avec la période de la crise, et je savais qu’un professeur d’allemand aurait plus de travail. Et c’est ce qui s’est passé. »

L’asthme et l’homosexualité

« L’asthme est responsable de mon homosexualité. »

« Hahaha. J’allais dire pédé. Je suis gay parce que l’asthme m’a empêché de jouer au football, parce que j’étouffais. Je pense qu’on devient gay, on ne naît pas gay, même si tous mes amis pensent qu’on naît gay. si je ne peux pas jouer au football et que je vais avec les filles, et que la société, surtout à mon époque, oblige les filles à aimer les hommes, à cause des lectures des princes et des princesses, et que les parents leur demandent si elles ont un petit ami à l’école… Et j’étais entouré de filles qui disaient à quel point un garçon était beau… Eh bien, j’ai fini par aimer ce que socialement elles devaient aimer. Je pense que je suis gay à cause de ça. Avec un Ventoline, je ne serais pas devenu gay, je serais hétéro, hahaha. »Comment l’avez-vous vécu ?

J’étais très agité. Je peignais, j’avais beaucoup de tics aux yeux, je louchais, je clignais des yeux, et à cinq ans, je pleurais auprès de ma mère et je lui disais : « Maman, je veux être normal, à cause de mes yeux ». Même si on ne se moquait pas de moi pour ça. On se moquait de moi parce que j’avais la plume. J’étais très agité,très créatif. Un enfant très heureux. Je lisais beaucoup. J’ai lu Guerre et Paix à treize ans, La Nausée à quatorze ans, La Peste de Camus, à douze ans. J’étais très heureux. On me battait parce que j’étais gay, on me frappait avec des figues de barbarie, on me jetait des pierres. J’étais très heureux.

Vous avez été précoce avec vos lectures.

J’allais dans une école de bonnes sœurs, les Salesas de la Charité, jusqu’à seize ans, parce que c’était la plus proche de chez moi, et mes parents sont catholiques. Ce n’était pas normal qu’un enfant de onze ans s’intéresse à la lecture. La littérature jeunesse m’ennuyait, et je choisissais les livres à la bibliothèque. je mettais : La Peste, une petite peste à Paris. Je me disais : « Ça va me plaire ». La partie existentialiste, je ne la comprenais pas, mais je me souviens de Paris, avec les rats, le médecin… Et ça me divertissait. Je suis super fier de mon école, parce qu’elle m’a inculqué de très bonnes valeurs.

Quelle est votre principale peur ?

J’en ai beaucoup. Mais la principale pourrait être que je fasse un AVC et que je ne puisse plus bouger mon corps, seulement mes yeux. J’ai une arythmie. Que je me retrouve dans un fauteuil roulant. La mort en vie.

L’accueil réservé à votre livre vous effraie-t-il ?

Non. On m’a dit parfois si cela ne me préoccupait pas qu’il m’arrive comme à Carmen Laforet, que j’écrive une œuvre, comme Nada, et que le reste ne soit pas pareil. Est-ce compliqué qu’une bonne partie du pays lise le même livre et voyage vers un lieu, dans ce cas, Jándula ? J’ai réussi cela et je suis plus qu’heureux. C’est ma plus grande fierté. Si ensuite j’échoue en littérature,ce n’est pas grave,je vais chanter par là,à Prague avec l’accordéon,ou au danemark,faire du pain. Il faut se réinventer et jouer avec la vie.

Un roman qui captive l’Espagne : plongée au cœur de La Péninsule des maisons vides

La Péninsule des maisons vides, troisième roman de son auteur, est un véritable phénomène éditorial espagnol. Publié il y a un an, il en est déjà à sa quinzième édition et est traduit en plusieurs langues. Ce roman, mêlant Guerre Civile espagnole et réalisme magique, se déroule dans le village fictif de Jándula. Son auteur, traducteur de profession, est aussi peintre, chanteur et musicien.

L’inspiration : Guerre Civile,Réalisme et magie

L’œuvre explore les complexités de la Guerre Civile espagnole,sans jugement de valeur,laissant au lecteur l’interprétation. Elle aborde l’histoire à travers la ruine d’une famille, les Odisto Ardolento, et la destruction de leur environnement, rendant ainsi l’histoire universelle. Jándula, inspiré par un voyage à travers la péninsule ibérique, représente l’Espagne dans toute sa diversité culturelle et ses superstitions. L’auteur qualifie Jándula de “Macondo ibérique”, une référence à l’œuvre de Gabriel Garcia Marquez.

L’auteur : un esprit analogique dans un monde numérique

L’auteur se décrit comme une personne “très analogique”, privilégiant le papier et la main écrite. L’utilisation d’un smartphone et des réseaux sociaux, imposée par son attachée de presse, est vécue comme une contrainte. le plaisir d’écrire est au cœur de sa création, sans souci d’horizon éditorial initial.

Informations clés sur La Péninsule des maisons vides

| Caractéristique | Description |

|—————————|——————————————————|

| Titre | La Péninsule des maisons vides |

| Genre | Guerre Civile Espagnole, Réalisme Magique |

| Lieu fictif | Jándula (représentation de l’Espagne) |

| Éditions | Plus de 15 |

| Traducteur | Oui, profession de l’auteur |

| Autres talents | Peintre, chanteur, musicien |

| Durée de création | 15 ans |

| Inspiration | Voyage à travers la péninsule ibérique |

| Point de vue | Absence de jugements de valeur, interprétation libre |

FAQ

Q : De quoi parle le livre ?

R : de la Guerre Civile espagnole, à travers le destin d’une famille et la destruction de son environnement, dans un village fictif représentant l’Espagne.

Q : Quel est le style du livre ?

R : Un mélange de réalisme et de réalisme magique.

Q : Combien de temps a mis l’auteur à écrire le livre ?

R : 15 ans.

Q : Quel est le succès du livre ?

R : Plus de 15 éditions et traductions en plusieurs langues.

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