Bjoern Hoecke, principal candidat du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) en Thuringe, salue ses partisans lors d’un rassemblement de campagne électorale à Suhl, en Allemagne, le 13 août 2024. (AP Photo/Markus Schreiber)
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BERLIN – Les électeurs de deux Länder de l’est de l’Allemagne, Thuringe et Saxe, ont offert à un parti d’extrême droite son meilleur score depuis la Seconde Guerre mondiale. Le résultat des élections d’hier inquiète les observateurs politiques, qui craignent une résurgence des politiques populistes et anti-immigrés en Allemagne et en Europe.
Voici cinq points à retenir des élections d’hier :
1. La politique nationaliste et anti-immigrés du parti Alternative für Deutschland (AfD) devient de plus en plus populaire en Allemagne.
L’AfD, un parti nationaliste qui impute régulièrement aux immigrés la plupart des problèmes de l’Allemagne, existe depuis 11 ans et a gagné en popularité il y a six ans après que l’ancienne chancelière Angela Merkel a autorisé plus d’un million de migrants en provenance de pays déchirés par la guerre au Moyen-Orient à s’installer en Allemagne.
L’AfD est devenue si célèbre qu’elle a été placée sous surveillance nationale en raison de la menace qu’elle représente pour la constitution allemande. Malgré cela, le parti a remporté le plus grand nombre de sièges aux élections en Thuringe, avec près d’un tiers des voix (32,8 %), et il a presque remporté le plus grand nombre de sièges en Saxe, avec plus de 30 % des voix.
2. L’immigration incontrôlée en Allemagne devient l’une des principales préoccupations des électeurs.
Les électeurs allemands sont de plus en plus frustrés par la vague de migrants arrivant dans le pays ces dernières années, en particulier maintenant que l’économie allemande stagne.
Cette frustration a atteint son paroxysme la semaine dernière lorsqu’un Syrien a poignardé à mort trois personnes et en a blessé plusieurs autres lors d’un festival dans la ville de Solingen, dans l’ouest de l’Allemagne.
Après l’attaque, on a découvert que l’homme était censé avoir été expulsé depuis des mois, ce qui a suscité une colère croissante à l’égard du système d’immigration allemand.
3. Malgré les gains importants réalisés par le parti lors de ces deux élections régionales, l’AfD sera probablement empêchée de participer au gouvernement de l’un ou l’autre des deux États.
C’est parce que tous les autres partis en Allemagne ont refusé d’entrer dans un gouvernement de coalition avec l’AfD.
Un jeune homme avec un sac sur lequel est écrit « L’Est le fait » assiste à un rassemblement de campagne électorale du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne, AfD, à Suhl, en Allemagne, le mardi 13 août 2024.
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Néanmoins, le parti nationaliste et proche de la Russie pourrait finir par obtenir suffisamment de sièges dans les deux États pour bloquer les décisions nécessitant un vote aux deux tiers, comme la nomination de juges et de hauts responsables de la sécurité.
4. Un parti situé à l’extrémité opposée du spectre politique de l’AfD mais avec une politique populiste similaire, le parti de gauche BSW, a également fait sensation dans les deux Länder.
L’Alliance Sahra Wageknecht (BSW), un parti centré sur un ancien politicien populaire du parti communiste, a remporté plus de 15 % des sièges en Thuringe et plus de 11 % des sièges au parlement de Saxe, seulement huit mois après la fondation du parti.
Comme l’AfD, le parti de gauche prône également un resserrement de l’immigration en Allemagne et s’oppose au soutien allemand à l’Ukraine, souhaitant une solution diplomatique à la guerre. La bonne performance du BSW est une mauvaise nouvelle pour les sociaux-démocrates allemands, le parti du chancelier Olaf Scholz, qui risquent de voir davantage d’électeurs de gauche quitter le parti.
5. Ce que les résultats des élections d’aujourd’hui peuvent signifier pour les élections fédérales de l’année prochaine en Allemagne
Ce qui est peut-être le plus intéressant, c’est que les trois partis au pouvoir au niveau national — les sociaux-démocrates (SPD), les Verts et le parti libertaire FDP — ont tous subi de lourdes pertes lors de ces élections régionales, ce qui souligne à quel point ils sont devenus impopulaires auprès des électeurs non seulement de l’ancien Est, mais aussi à l’échelle nationale.
Il est clair que les prochaines élections législatives marqueront un tournant à droite. Cela impliquera des règles d’immigration plus strictes et une plus grande attention portée à la croissance de l’économie allemande, qui stagne. C’est une tendance que nous observons également dans d’autres pays d’Europe, notamment en France, où un parti de droite a fait une forte percée et n’a pas encore réussi à former un nouveau gouvernement.
