Aux urgences de Montluçon : « Ils se disent qu’on ne lâchera pas, qu’on fera toujours un jour de plus, une nuit de plus »

Aux urgences de Montluçon : « Ils se disent qu’on ne lâchera pas, qu’on fera toujours un jour de plus, une nuit de plus »

« Cela fait des années qu’on alerte et rien ne se passe. Ils se disent qu’on ne lâchera pas, qu’on fera toujours un jour de plus, une nuit de plus. Mais le planning de service est aujourd’hui comme du gruyère, on ne pourra pas boucher tous les trous, et on ne voit plus une lueur d’espoir », commente Sébastien Loiseau, chef du service des urgences de Montluçon.

« Au nom de la gouvernance financière des hôpitaux, on nous demande de faire plus, plus vite, d’être rentable, avec moins de personnel et moins de lits. C’est une équation impossible à résoudre », affirme pour sa part Thierry Comte, médecin réanimateur à l’hôpital de Montluçon et chef de pôle.

Entre filtrage des patients et jours sans médecins, comment les urgences de Montluçon vont affronter l’été

Que vont devenir les patients ?

« Avec le filtrage aux urgences, il y a une population qui risque d’être laissée au bord du chemin dans les années qui viennent, ce sont les patients sans médecins généralistes, qui sont des milliers ici », s’inquiète Thierry Comte.

Thierry Comte.

« Il y a un bassin de soins de cent cinquante mille personnes à Montluçon, qui va s’occuper de ces pauvres gens ?, continue le chef des urgences. Il y a bien sûr des urgences dites ressenties, mais il y a aussi des vraies urgences. Après le Covid, on a récupéré des patients qui n’avaient pas vu un médecin depuis des années et qui étaient dans des états catastrophiques. »

Un nouveau ministre

Un médecin urgentiste, François Braun, vient d’être nommé ministre de la Santé. Un bon signal ? « C’est un homme de terrain », reconnaît Sébastien Loiseau. « On a pris tellement de retard… Pendant dix ans, on n’a pas eu une coordination des soins correcte, on n’a pas formé les professionnels de façon suffisante. On commence à payer la note et ça va durer plusieurs années », souligne Marie-Laure Dubouchet, présidente de la commission médicale d’établissement.

Une grande crainte sur la pédiatrie

À l’hôpital de Montluçon, il n’y a pas que le service des urgences qui tire la sonnette d’alarme. « Quand les urgences ne vont pas bien, le reste non plus », commente Thierry Comte. Il manque toujours deux tiers des manipulateurs radio et la pédiatrie pourrait avoir moins d’un médecin à équivalent temps plein à partir de novembre prochain.

Erreur Traf.

« À partir du 1er novembre, il n’y aura pas de pédiatres certains jours, même pour les urgences vitales », alerte Hiba Trraf, cheffe du service pédiatrie. Pour démontrer la nécessité de se battre pour ce service, elle prend l’exemple de cet enfant né prématuré qui est arrivé en détresse respiratoire à l’hôpital de Montluçon il y a quelques jours. « Sa situation s’est dégradée en une demi-heure. Je ne suis pas sûr que si le bébé avait été envoyé à Clermont, il aurait tenu le trajet », commente-t-elle.

Guillaume Bellavoine

Un collectif se mobilise pour alerter sur le manque critique de pédiatres à l’hôpital de Montluçon (Allier)

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