POINT DE VUE. Crise : anticiper le choc !

POINT DE VUE. Crise : anticiper le choc !

L’été est là et bien là. Les nombreux Français qui prennent des vacances aimeraient pouvoir goûter l’insouciance à laquelle se prêtait cette période de l’année avant la survenue de la pandémie de Covid-19. Mais rien n’y incite : une nouvelle vague de contaminations est là ; la guerre se poursuit en Ukraine ; le prix des carburants reste très haut ; l’inflation s’est installée durablement ; un risque de famine plane pour plusieurs pays. Même le bleu du ciel se fait menaçant : les incendies ne manquent pas ; au sommet des montagnes, les glaciers se réduisent comme peau de chagrin ; le débit des cours d’eau faiblit et quand le soleil ne darde pas, la grêle massacre des cultures…

Les cigales chantent et nous regardons ces nuages d’orages en espérant qu’ils épargneront l’Hexagone. Pour l’instant, ça va, pensons-nous, comme dans l’histoire de l’homme qui, tombant du haut d’une tour d’habitation, commente sa situation en passant devant le cinquième étage… Certes, dans son interview du 14 juillet, le président de la République a parlé de mobilisation générale et d’entrée dans une économie de guerremais il affichait en même temps un optimisme qui désamorçait la charge de ces expressions. Tout le monde parle du maintien du pouvoir d’achat comme si, excepté l’inflation, toutes choses devaient rester égales par ailleurs.

La vérité, amère, c’est qu’elles ne le resteront pas. Ni les ambitions belliqueuses de Vladimir Poutine ni les conséquences de l’accélération du changement climatique et de la crise écologique ne vont disparaître comme par enchantement à la rentrée. Assurément, l’été ne va pas se terminer en pente douce en Ukraine, c’est-à-dire en Europe… Sans même parler d’une possible suspension de la livraison du gaz russe, l’automne s’annonce socialement critique. Et à l’Assemblée, on a choisi d’affûter les armes du combat politique plutôt que de préparer le terrain à des compromis.

Regarder la réalité en face

Se contenter de dire que nous allons devoir faire des efforts de sobriété et chasser le gaspic’est encore avoir un train de retard. Il ne suffit pas de vouloir éviter d’affoler, il faut vraiment anticiper… Le meilleur remède contre la panique, c’est de s’être préparé à affronter la crise.

Il manque à notre pays une véritable culture de la prospective et une capacité à sortir des habitudes et des routines de pensées pour se préparer à l’imprévu. Or, il arrive que les planètes ne s’alignent pas, que l’histoire déraille. Rappelons-nous que l’infranchissable ligne Maginot a été contournée et que rares étaient ceux qui en avaient envisagé la possibilité !

Nous devrions d’ores et déjà sérieusement réviser nos modes de vie, tisser de nouveaux liens de solidarité, surtout au niveau local. Partager davantage pour consommer mieux et moins. Expérimenter d’autres formes de sens et de valeurs que celles du marché et des discours publicitaires.

Une partie de la jeunesse appelle depuis quelques années à cette mutation. Elle a le sentiment que jusqu’à présent nous n’avons rien voulu entendre. Sans doute la mutation est-elle difficile à concevoir, parce que les problèmes qu’elle soulève sont énormes. Mais nous allons y être contraints par la violence du choc.

Allons-nous attendre le moment de l’impact en nous entretenant dans l’illusion que l’État sera là pour sortir son carnet de chèques et panser les plaies ? Ne pas cacher la vérité de ce qui nous attend n’est pas céder au catastrophisme, mais croire que nous pouvons avoir le courage de regarder la réalité en face et d’imaginer comment l’affronter ensemble.

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