Deux adultes à l’avant. Deux enfants et un chiot à l’arrière. La voiture a des allures familiales, en plein été sur l’A31. Mais les douaniers ne s’y sont pas trompés. Ils l’ont contrôlée sur l’aire d’Entrange mercredi 17 août. Les deux valises posées dans le coffre n’enfermaient pas de vêtements mais 14,5 kg d’herbe de cannabis soigneusement conditionnée dans des sachets soudés. Les agents ont également mis la main sur quelques boulettes d’héroïne (8 g) et de cocaïne (4 g) ainsi que quatre flacons de méthadone.
Un couple d’Espagnols est interpellé. Il s’agit de la mère des enfants et de son compagnon. Ils ont passé cinq jours en garde à vue. Ils étaient présentés au tribunal correctionnel de Thionville dès lundi.
« On ne savait pas que c’était interdit en France »
Tous deux expliquent qu’ils servaient un commanditaire, contre 3 000 euros. Ils ont chargé la voiture à Barcelone, direction Rotterdam pour livrer le cannabis. « On ne savait pas que c’était interdit en France », tente la mère des enfants, âgée de 35 ans. Elle apparaît pâle, nerveuse, le visage émacié.
Le reste de la drogue était destiné à la consommation du couple, « pour les vacances ». Leurs casiers judiciaires sont vierges en France. Leurs versions ont un peu évolué au fil des jours. Ils tentent de minimiser. La mère implore son retour en Espagne pour préparer la rentrée des enfants. Elle dit avoir accepté le trajet pour les nourrir.
Le compagnon, 54 ans, affable, garantit que son nom figure sur le flacon de méthadone prescrit par son médecin. Mais il n’a pas jugé bon de voyager avec l’ordonnance comme l’exige la loi. « C’est l’Europe », lance-t-il, traduit par une interprète.
Le couple dort en prison
Le couple concède toutefois sans sourciller qu’il comptait sur les gamins, âgés de 3 et 12 ans, pour mieux se fondre dans la masse des vacanciers. La fratrie a été confiée aux services sociaux suite à l’interpellation. Pour eux, la situation risque de se compliquer si leur famille en Espagne ne prend pas le relais.
Car leur mère ainsi que son compagnon sont condamnés à 18 mois de prison et le tribunal les a directement envoyés en détention. Aida Montiel Tasa et Antonio Ferri Rovira devront par ailleurs s’acquitter d’une amende douanière de 70 000 euros. Soit la moitié de la valeur marchande du cannabis transporté, selon l’estimation fournie par l’administration des douanes à l’audience. Tous deux ont l’interdiction circuler sur le territoire français pendant dix ans.
