Chartres : à l’accueil de jour du Secours catholique, les bénévoles cuisinent un repas, servi à table, aux personnes à la rue

Chartres : à l’accueil de jour du Secours catholique, les bénévoles cuisinent un repas, servi à table, aux personnes à la rue

La cuisine de l’accueil de jour du Secours catholique, rue du Massacre, bruisse des allées et venues des bénévoles affairés à préparer le menu du jour. « Concombre à la crème, carottes râpées, taboulé, brocolis, pâté de campagne, jambon, avec une alternative pour les musulmans, salade, fromage, dessert », énumère Monique, qui a tenu longtemps un bar restaurant. « On est là pour les accueillir, on ne fait pas de différence », poursuit la bénévole, qui s’active afin que tout soit prêt pour le déjeuner.

Pas besoin de justifier ses ressources ou son identité pour accéder à ce déjeuner offert deux fois par semaine, aux personnes sans chez soi (sans logement privé où elles peuvent cuisiner), une part étant aussi prévue pour les personnes subissant d’autres formes de précarité, y compris l’isolement, la solitude. Il arrive ainsi que des habitants du quartier ou d’ailleurs se joignent à la tablée, à la recherche d’un peu de compagnie…

D’ordinaire, c’est un repas chaud, entièrement fait maison, qui est proposé, mais, après le barbecue auparavant, les bénévoles ont opté pour du froid, ce jour-là, au regard des températures estivales exceptionnellement élevées (La structure rouvre cette semaine, ndlr).

« On cuisine le mardi après-midi, l’été, pour le déjeuner proposé le mercredi midi. Le jeudi matin, on propose un petit-déjeuner, et pendant ce temps-là, on cuisine pour le repas du vendredi midi », indique Hélène Dartois, responsable de l’accueil de jour du Secours catholique, qui vient de stationner sa voiture dans la cour, le coffre chargé de légumes et de fruits offerts par un supermarché bio de Chartres.

« On fait les menus avec ce qu’on a, donc avec ce qu’on nous donne. On reçoit des dons de Natureo, des Jardins d’Isidore, à Chartres, d’un jardin de permaculture… J’achète juste la viande et le poisson »

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Les accueillis n’ont certes pas le choix du menu unique, ils mangent en revanche des plats, de l’entrée au dessert, variés, assez équilibrés et cuisinés par les bénévoles. Par ailleurs, ils sont servis à table, « comme au restaurant », dans un petit réfectoire, par ces mêmes bénévoles aux petits soins.

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« On est là pour les accueillir, on ne fait pas de différence »

« Si quelqu’un ne mange pas ci et ça, on ne va pas dire : ‘’Quand même, de quoi il se plaint’’, on en tient compte ! Ici, ils sont respectés comme ils sont. Je suis avec eux comme je suis avec tout le monde, je pense d’eux ce que je pense de tout le monde. Ce ne sont pas des pauvres gens qui sont là, et donc cela autorise le médiocre. Non, ce sont des gens comme vous et moi, on les sert avec la même exigence. »

L’accueil de jour ouvre ses portes bien avant l’heure du déjeuner, pour permettre aux gens, notamment ceux de la rue, de se poser autour d’un café, de partager un moment de convivialité. Le temps laissé au repas contribue à la même chose. Une fois celui-ci consommé, les usagers peuvent s’attarder à l’intérieur quand il fait froid, dans la vaste cour (qu’ils entretiennent eux-mêmes avec les bénévoles comme Jean-Paul), par beau temps.

Si la crise et ses restrictions sanitaires ont eu des incidences sur le fonctionnement et la fréquentation, en 2021, le lieu a vu passer 650 personnes et servi 1.631 repas. Cette année, rien que sur le premier semestre, 1.634 déjeuners ont été proposés, ce qui représente 4.150 € de dépenses (chiffres n’incluant pas les dons). « En juin, nous avons reçu 300 personnes », souligne Hélène Dartois.

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« Je ne fais pas des choses contre, mais pour »

Au-delà des besoins, ces chiffres témoignent aussi de la qualité de l’offre et de l’attachement porté à l’équipe. Tout y est fait avec un supplément d’âme. « On ne repart pas d’ici avec la faim ! », assure Monique, arrivée récemment dans ce groupe d’une dizaine de bénévoles, qui ont le souci de faire plaisir aux autres. Ici, on cuisine comme pour un membre apprécié de sa propre famille. « C’est excellent ! Et c’est fait avec attention ! », ressent Casper, l’un des convives attablés ce jour-là. « On peut se poser, manger un morceau, boire le café. Hélène est super gentille, on peut lui demander n’importe quoi, si elle peut nous aider, elle le fait », ne tarit pas d’éloges un autre accueilli.

Orchestrer tout ce petit monde n’est pas toujours une sinécure, reconnaît la responsable qui doit faire preuve de patience, de diplomatie, parfois de fermeté. « On est accueillant, compatissant, mais ce n’est pas les Bisounours », souffle cette dernière, arrivée là grâce à Cynthia, autre cheville ouvrière du lieu.

À 70 ans, Hélène Dartois n’est avare ni de son temps, ni de sa personne pour donner le meilleur, loin de l’image des bonnes dames patronnesses. En plus de l’accueil inconditionnel, la bienveillance garde du sens, ici. « Je ne suis pas dans la posture de dire que je vais sauver le monde. Je ne suis pas là pour sauver les gens. La vie met devant moi des personnes avec des problèmes à résoudre, et la question, c’est : “Est-ce que je peux faire quelque chose ?” Je ne peux pas empêcher la guerre entre l’Ukraine et la Russie, je ne peux pas empêcher le gouvernement de nous pipeauter… Je ne fais pas des choses contre, je fais des choses pour. Donc qu’est-ce que je peux faire pour untel, unetelle ? C’est une relation d’aide, mais pas dans un esprit donnant-donnant ».

À l’écoute

Aussi, les personnes arrivant après l’heure, trouveront toujours auprès d’Hélène Dartois ce qu’il faut pour casser la croûte. L’accueil de jour se traduit aussi par diverses petites choses pour améliorer l’ordinaire des personnes à la rue (hygiène, démarches administratives, médicales, réparation de vélo…).

Certains services, comme la couture, sont proposés bénévolement par les accueillis eux-mêmes. « Je suis là presque tous les jours, le matin ou l’après-midi », confie Pascal, un ancien tapissier de métier, qui recoud, rapièce, rafistole les vêtements, les tissus des autres usagers.

De l’attention, c’est aussi ce que certains viennent chercher. « À la suite du décès de ma fille, je suis parti en live. Puis, j’ai rencontré Hélène et les filles, ça a été un bon tremplin. On ne vient pas forcément pour le repas, mais simplement pour pouvoir parler avec des personnes. On est écouté, on parle, on s’entraide… On leur rend service, car vu tout ce que les bénévoles font comme boulot, c’est important. Aujourd’hui, je viens voir les filles pour papoter, rigoler, les enquiquiner… », plaisante Alexandre, qui s’installe comme autoentrepreneur dans le bâtiment, en septembre.

Lui aussi n’est pas en reste quand il faut donner un coup de main. Le soutien mutuel, c’est le fondement de cet accueil, dans le souci et le respect de ce qu’est l’autre, martèle Hélène Dartois. « Quand on est dans une situation difficile et qu’on vous tend la main, des gens vont la prendre, d’autres non. Il faut tendre la main avec le même cœur, le même élan. Il faut aussi accepter que les gens aient le droit de ne pas aller bien. »

Cher Rabbin

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