« C’est aberrant que cela se passe comme ça en France », se désole Rachid, à pied, avec son jerricane de cinq litres. Ce lundi, cet habitant de Moyeuvre-Grande s’est déjà rendu dans plusieurs stations-service pour rechercher du gazole avant de se rendre aux pompes de l’hypermarché Auchan, à Semécourt. « Ma voiture, garée à Talange, est quasi à sec. Avant de venir ici, je n’ai rien trouvé dans le secteur. »
S’armer de patience
Comme la veille, la pénurie de carburant continue de frapper Metz et ses alentours. Les mêmes scènes se répètent dans les stations encore ouvertes : de longues files de véhicules se forment pour faire le plein. « Il m’a fallu plus de quarante-cinq minutes pour arriver à la pompe », témoigne Karim, en train de remplir le réservoir de sa C4 avec du gazole. Derrière lui, au Carrefour Market, à Ennery, près de 25 voitures débordent le long de la rue Auguste-Lenoir jusqu’au rond-point. Il faut dire qu’une seule pompe est en état de marche.
Les automobilistes sont encore plus nombreux à se précipiter vers celles de l’hypermarché de Semécourt. « Ça fait une vingtaine de minutes que j’attends, explique Romuald, un professeur qui travaille à Longwy. Même si c’est plus cher, j’aurais dû aller au Luxembourg. » Venu vers 13 h, le trentenaire est presque chanceux. L’attente aux pompes n’a fait que s’allonger au fur et à mesure de la journée.
« Je suis agréablement surpris, confie Marcel, à la station Access TotalEnergies, rue des Alliés, à Metz. Je cherche de l’éthanol E10. Je n’ai pas eu à attendre, et, en plus, le prix est intéressant. » La conductrice qui suit est moins patiente. « Vous savez s’il y a encore du gazole ?, l’interpelle-t-elle. Au Leclerc de Hauconcourt, il n’y avait plus rien. Et ils m’ont dit qu’il n’y aurait rien demain. C’est stressant de trouver de l’essence. Maintenant, dès que je peux, j’en prends même un petit peu. »
Éviter de prendre la voiture
Brice, habitant Thionville, a cherché du sans-plomb 98 pour son Audi TT tout le week-end. « Vu ce que ma voiture consomme, je vais limiter mes déplacements. Je vais y réfléchir à deux fois si des copains me proposent d’aller boire un verre sur Metz. Aujourd’hui, 60 km d’essence, c’est précieux. » Des propos similaires que développe Laurent, au volant de sa Clio. « Avant, j’aurais pris ma voiture même pour faire des petites courses. Mais avec ce que cela coûte, désormais, avec mon épouse, on essaye de mieux s’organiser. »
