-
20 octobre 2022
- MAURICIO SAVARESE
São Paulo, Brésil
PA
L’ancien président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a publié mercredi une lettre ouverte aux évangéliques visant à contrer les affirmations selon lesquelles il persécuterait leur foi et à gagner des voix parmi une partie importante et croissante de la population.
La lettre, lue lors d’un rassemblement avec des dirigeants évangéliques dans un hôtel de Sao Paulo, promettait qu’il respecterait les libertés religieuses s’il était élu – comme il l’a fait lors de sa présidence de 2003-2010.
“Nous vivons à une époque où les mensonges sont utilisés de manière intensive dans le but d’attiser la peur chez les personnes de bonne foi, les éloignant d’une candidature qui les défend davantage”, indique la lettre. “C’est pourquoi j’ai ressenti le besoin de réaffirmer mon engagement en faveur de la liberté de religion dans notre pays.”
L’ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, qui est à nouveau candidat à la présidence, rencontre des dirigeants d’églises évangéliques à Sao Paulo, au Brésil, le mercredi 19 octobre. Le second tour de l’élection présidentielle au Brésil aura lieu le 30 octobre. PHOTO : AP Photo/André Penner.
Les sondages ont montré que da Silva perdait le soutien des évangéliques cette année alors que le titulaire Jair Bolsonaro et ses alliés ont averti que l’ancien président soutenait ailleurs les autoritaires de gauche qui ont persécuté les chrétiens.
Ils ont parfois littéralement diabolisé da Silva et son Parti des travailleurs, l’incitant à publier une déclaration bizarre ce mois-ci niant qu’il ait jamais conversé ou traité avec le diable.
Da Silva a dominé le premier tour du scrutin présidentiel, perdant moins de deux points de pourcentage d’une victoire pure et simple. La plupart des sondages montrent que da Silva conserve une avance avant le second tour du 30 octobre, mais Bolsonaro a gagné du terrain ces dernières semaines.
La lettre de Da Silva aux évangéliques rappelle celle qu’il a publiée en tant que candidat en 2002 pour rassurer les marchés financiers sur le fait qu’il ne représentait aucune menace. Cela a calmé l’anxiété à l’époque et a aidé l’ancien dirigeant syndical de gauche à remporter la présidence.
Au cours de sa première année au pouvoir, il a promulgué un projet de loi autorisant la création d’organisations religieuses privées, avec un large soutien des évangéliques. Il a caractérisé cet acte comme ayant consacré le droit à la liberté religieuse.
Les évangéliques autoproclamés représentent près d’un tiers de la population brésilienne, plus du double de leur part il y a deux décennies. Le démographe José Eustáquio Diniz Alves, ancien chercheur à l’École nationale des sciences statistiques, prévoit qu’ils approcheront les 40 % d’ici 2032, dépassant les catholiques.
Bolsonaro est catholique, mais sa femme Michelle est une fervente évangélique. Après avoir évité les projecteurs pendant la majeure partie de la présidence de son mari, elle est apparue pendant la campagne comme la principale voix évangélique du camp de Bolsonaro. Elle a dit qu’avant sa présidence, le palais présidentiel avait été consacré aux démons.
La campagne de Bolsonaro a insisté sur le fait que da Silva promouvra une politique basée sur le genre et assouplira les restrictions à l’avortement rejetées par de nombreux évangéliques. Da Silva a déclaré en avril que les femmes devraient avoir accès à l’avortement, puis a quelque peu reculé pour dire qu’il s’y opposait personnellement.
Certains des pasteurs évangéliques les plus populaires du Brésil ont également fait campagne pour Bolsonaro, comme ils l’ont fait il y a quatre ans lorsqu’ils l’ont aidé à remporter la victoire. Les sondages indiquent que les catholiques, quant à eux, soutiennent largement da Silva, qui est lui-même catholique.
Un pasteur évangélique lit une Bible sur fond d’une serviette ornée d’une image du président brésilien Jair Bolsonaro, candidat à la réélection, mise en vente par un vendeur de rue, à Brasilia, au Brésil, le 22 septembre. Les sondages montrent Bolsonaro avec un soutien écrasant des évangéliques avant le second tour de l’élection présidentielle du 30 octobre. PHOTO : AP Photo/Eraldo Peres/Photo d’archive.
Da Silva a déclaré dans sa lettre que de nombreux évangéliques sont confrontés à ce qu’il appelle “l’utilisation de la foi par Bolsonaro à des fins électorales”.
“Mon administration n’utilisera jamais les symboles de votre foi à des fins politiques partisanes, en respectant les lois et les traditions qui séparent l’État et l’Église, il n’y a donc aucune ingérence politique dans la pratique de la foi”, a déclaré l’ancien président. “La tentative d’utiliser politiquement la foi pour diviser les Brésiliens n’aide personne.”
L’ancienne ministre de l’Environnement Marina Silva, une évangélique qui a récemment rétabli son soutien à da Silva après une brouille publique il y a des années, a déclaré lors de l’événement qu’elle préférerait “appartenir à une église persécutée plutôt qu’à une église qui persécute”.
