Monsieur le Président,
Je remercie la Représentante spéciale pour sa présentation et je salue la présence parmi nous du Ministre des affaires étrangères, de la francophonie et des Centrafricains à l’étranger.
Vous pouvez compter sur le plein soutien de la France, Madame la Représentante spéciale.
Je voudrais tout d’abord rendre hommage au personnel de la MINUSCA et à la mémoire des trois Casques bleus tués le 3 octobre. La France présente ses condoléances au Bangladesh et aux Nations unies.
L’engagement de la MINUSCA est remarquable. La démarche déterminée que vous avez entreprise, Madame la Représentante spéciale, a renforcé l’ancrage territorial de l’opération. Partout où elle est déployée, elle accompagne les forces centrafricaines dans la lutte contre les groupes armés. La France se félicite de l’amélioration de la coordination entre la MINUSCA et les forces armées centrafricaines et de la diminution des violations du SOFA. Nous sommes toutefois préoccupés par le maintien de certaines restrictions, notamment celles imposées aux vols de nuit, qui peuvent avoir des conséquences tragiques, comme nous l’avons vu le 3 octobre.
La France se félicite de l’appropriation croissante du processus de paix par les autorités centrafricaines. La mise en place d’un comité de suivi de la mise en œuvre de la feuille de route commune en est la preuve. Il est essentiel que les femmes participent pleinement à ce processus. La tenue du premier procès de la Cour pénale spéciale est également une étape importante.
Ces avancées sont essentielles ; la paix est entre les mains des Centrafricains eux-mêmes. Nous encourageons les pays de la région, avec le soutien de l’Union Africaine, de l’Union Européenne, de la CEEAC et de la Conférence Internationale pour la Région des Grands Lacs, à poursuivre leur soutien à cette dynamique encourageante.
Mais il ne peut y avoir de progrès dans le processus de paix sans respect des droits de l’homme et de la démocratie.
Les rapports du Secrétaire général sur les violations croissantes des droits de l’homme et du droit international humanitaire par les forces centrafricaines sont préoccupants. Ils montrent, s’il en était besoin, que l’installation des mercenaires wagnériens a contribué à généraliser la pratique de la violence. Nous ne pouvons tolérer les crimes commis par ces mercenaires, largement documentés, dont certains pourraient constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.
Le respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme est une condition essentielle de la poursuite du soutien opérationnel de la MINUSCA aux forces centrafricaines. Le Conseil de sécurité suivra cela avec une prudence accrue.
La France encourage les décideurs centrafricains à s’engager résolument pour la démocratie, le respect de l’ordre constitutionnel, l’indépendance des institutions judiciaires et la liberté de la presse. Nous sommes préoccupés par l’aggravation de la polarisation dans le pays causée par le projet de révision de la Constitution, toujours en cours d’élaboration malgré la récente décision de la Cour constitutionnelle, ainsi que par l’augmentation de l’incitation à la violence et des discours de haine.
La France proposera prochainement un projet de résolution renouvelant le mandat de la MINUSCA et maintenant le plafond des effectifs augmenté.
La situation en République centrafricaine reste fragile. La MINUSCA a besoin du soutien unanime de ce Conseil pour poursuivre son action contre les groupes armés aux côtés des forces centrafricaines et en appui au processus de paix. Nous espérons pouvoir compter sur le soutien de tous les membres du Conseil.
Merci.
