Les ministres des Affaires étrangères de l’ASEAN ne doivent pas s’égarer

Les ministres des Affaires étrangères de l’ASEAN ne doivent pas s’égarer

Cette photo prise et publiée le 27 octobre 2022 par l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) montre le bureau du représentant du Myanmar vide lors de la réunion spéciale des ministres des Affaires étrangères de l’ANASE (SAFMM) au bâtiment du secrétariat général de l’ANASE à Jakarta. (Photo de Handout / ASEAN / AFP)

À en juger par les résultats de la réunion spéciale des ministres des Affaires étrangères de l’ASEAN à Jakarta le 27 octobree, les ministres des Affaires étrangères de l’ANASE n’ont pas très bien fait leur travail. Ils étaient censés proposer un ensemble de décisions, que leurs dirigeants pourraient approuver lors de leur réunion du 11 novembre.e. Désormais, les dirigeants de l’ASEAN doivent scruter les recommandations énoncées dans les différentes propositions et positions soumises par les membres de l’ASEAN, dont certaines peuvent être qualifiées d’excès de zèle et d’autres de plus bénignes.

Au cours de la réunion spéciale, ils n’ont pas pu se mettre d’accord s’ils devaient continuer à engager le Conseil administratif d’État. D’un côté, il y a une forte envie de créer un pare-feu contre la junte militaire du Myanmar. L’idée est si forte que bon nombre de membres soutiennent une telle décision, qui coupera les représentants du Myanmar de tous les membres de l’ASEAN. Ces interdictions étendues équivaudraient à une suspension de l’adhésion du Myanmar, sans le dire directement. C’est l’une des nombreuses recommandations sur lesquelles les dirigeants de l’ASEAN devront se prononcer.

D’autres membres de l’ASEAN estiment que l’ASEAN doit adhérer aux principes inscrits dans le traité de l’ASEAN et s’en tenir au consensus en 5 points, ou 5PC, qui reste valable, même si ce cadre de paix nécessite quelques ajustements pour le mettre davantage en phase avec les réalités sur sur le terrain et se connecter avec la feuille de route en 5 points en cours initiée par le Conseil d’administration d’État (SAC) en avril de l’année dernière, avant que l’ASEAN ne présente son propre plan de paix. À l’heure actuelle, le SAC met en œuvre sa propre feuille de route.

Lors de la réunion de Jakarta, certains membres de l’ASEAN ont vivement appelé à reconnaître le gouvernement d’unité nationale (NUG) comme un gros bâton pour pousser le régime militaire. La Malaisie a clairement indiqué qu’elle autoriserait le NUG à ouvrir un bureau de représentation à Kuala Lumpur. D’autres membres de l’ASEAN, dont l’Indonésie, prochaine présidente de l’ASEAN, pourraient emboîter le pas dans les prochains jours.

De toute évidence, l’engagement de toutes les parties prenantes, comme l’exigent les membres de l’ASEAN, doit être inclusif. Pour l’instant, le SAC, en raison des atrocités qu’il a commises contre son propre peuple depuis février dernier, est exclu des réunions ministérielles et des sommets. Certains membres de l’ANASE affirment que, sans l’engagement du SAC, le dialogue politique ne pourrait pas avoir lieu. Apparemment, ces membres perdent du terrain en raison de la violence croissante infligée aux civils par les Tatmadaw (l’armée du Myanmar).

Isoler davantage le Myanmar pousserait le pays plus profondément dans les bras de la Russie, qui mène actuellement une guerre majeure en Europe. Déjà, au cours des derniers mois, les relations russo-birmanes se sont intensifiées dans tous les domaines des affaires civiles et militaires. Si cette trajectoire se poursuit, il pourrait y avoir une guerre par procuration à côté de la frontière thaïlandaise. La Chine, l’Inde et le Bangladesh partagent également des frontières communes avec la CAS.

Un communiqué de presse du ministère malaisien des Affaires étrangères du 29 octobree note que la Malaisie a proposé à l’ASEAN d’envisager le forum inclusif des donateurs humanitaires, tel que proposé par le NUG, pour soutenir l’effort actuel de l’ASEAN en matière d’aide humanitaire. Les dirigeants de l’ASEAN doivent se prononcer sur cette proposition, car un petit pays européen a exprimé sa volonté d’accueillir cette conférence internationale.

Enfin, lorsque les ministres des affaires étrangères de l’ASEAN se réuniront à nouveau avant le sommet de l’ASEAN le 11 novembree, ils devraient s’entendre sur le mandat de l’envoyé spécial de l’ASEAN. Kuala Lumpur a proposé que le poste dure au moins trois ans, afin de laisser suffisamment de temps à l’envoyé pour poursuivre son travail de manière efficace et continue.

Le Myanmar a encore du temps pour montrer que son appartenance à l’ASEAN signifie quelque chose de plus que de simples paroles ou actes de défi. La centralité de l’ASEAN sera mise à rude épreuve si le groupement ne parvient pas à apaiser les tensions actuelles et à ouvrir des voies pour un dialogue futur. L’ASEAN risque également de perdre toute pertinence aux yeux de la communauté internationale.

L’Indonésie, le nouveau président de l’ASEAN, a informé la réunion ministérielle qu’elle adoptera une position plus ferme contre le régime brutal du Myanmar, à moins qu’il n’y ait des développements positifs sur le terrain.

Le Cambodge, en tant que président actuel, continuera à travailler avec le Myanmar après le sommet de l’ASEAN. Il est à espérer que, dans la mesure où les semaines restantes jusqu’au 31 décembreStle Cambodge pourra avancer sur le 5PC, notamment sur le plan d’aide humanitaire.

Pour la junte militaire, le délai est court, donc de grandes décisions doivent être prises avant l’arrivée du nouveau président de l’ASEAN.

Par Kavi Chongkittavorn

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