« Ça fait un pincement au cœur » : émotion à Bagneux alors que le grignotage de la barre Debussy a commencé

« Ça fait un pincement au cœur » : émotion à Bagneux alors que le grignotage de la barre Debussy a commencé

L’énorme mâchoire métallique mord avidement l’immeuble de haut en bas. Déjà tout un pan est tombé en éclat laissant à ses pieds de gros morceaux de béton. En une heure à peine, le sol et les voitures sont recouverts d’une couche de poussière. Le grignotage de Debussy a débuté ce mercredi 15 février sous les regards de quelques rares anciens de la cité de la Pierre-Plate à Bagneux. Derrière eux, le trou béant laissé par la barre Rossini, tombée elle aussi, en 2021 dans le cadre de l’énorme opération de renouvellement urbain de ce quartier qui comptait à l’origine 1 800 habitants.

« Ça fait un pincement au cœur, ma mère a vécu presque toute sa vie ici, au 6e étage, pendant cinquante-cinq ans ! Elle et mon père étaient parmi les premiers locataires en 1956. Elle en a 87 aujourd’hui », s’émeut Olivier en désignant du doigt les fenêtres et le balcon du domicile familial que la pelle va bientôt attaquer. « J’ai 58 ans, je suis né là et maintenant je vis à l’autre bout de la barre Debussy. »

« C’est triste d’abattre tout ça »

Car l’immeuble a été coupé en deux. Une partie va rester debout, elle a d’ailleurs déjà été réhabilitée. Seules les cages d’escalier 8, 9 et 10 vont être démolies, soit 104 logements. Une particularité à laquelle le bailleur Seqens est déjà habitué. « Ça se fait de plus en plus. Entre chaque cage d’escalier, il y a un joint de dilatation, il n’y a pas de jonction mécanique entre eux », explique Olivier Fritz, directeur immobilier de Seqens. Au numéro 7, sept familles sur 10 ont été relogées. Trois autres sont restées et devront prendre leur mal en patience en supportant la démolition juste de l’autre côté de leurs murs.

« Moi je suis au numéro 5, ça va. Avec le double vitrage qu’on nous a installé, quand tout est fermé, je n’entends presque rien », constate Josette qui vit à la Cité des Musiciens (de son vrai nom) depuis 1988. Car avant le grignotage, de longs mois de travaux de curage et désamiantage ont été réalisés. « Ça me fait drôle quand même, c’est triste d’abattre tout ça et reloger tous ces gens. »

« Je me dis que c’est bien pour le quartier »

Il y a eu au total 350 relogements dont la plupart ont été faits à Bagneux. « Ils avaient trois propositions de logement, certains même un peu plus. Nous avons eu beaucoup de demandes pour les quartiers nord avec l’arrivée du métro et globalement ça s’est bien passé », assure Marie-Hélène Amiable, maire (PCF) de Bagneux venue assister au début du grignotage. « Je trouve que ça a été très fluide notamment grâce aux livraisons de logements neufs », ajoute son adjointe Hélène Cillières.

Mais si les installations ont été fluides, elles n’en ont pas été moins difficiles. « Ma mère a été relogée dans un deux-pièces, super-beau mais elle avait un quatre-pièces avant, elle était contente parce qu’elle pouvait accueillir ses petits-enfants. Elle a quand même été contrainte de partir », souligne Olivier.

« Mais je reste positif, poursuit-il. Je me dis que c’est bien pour le quartier. L’arrivée de la ligne 4 a fait beaucoup de bien. Moi qui roule beaucoup, je ne vais à Paris qu’en métro maintenant. »

Au bout de la barre Debussy, l’immeuble Mozart posé à la perpendiculaire est désormais quasiment vide. Il reste un logement occupé. Seqens espère donc pouvoir le démolir cette année encore et ce sera le dernier de la Cité des Musiciens à tomber. 300 logements démolis au total. Sur la façade de l’immeuble muré, de grandes photographies de chacun des logements vidés ont été affichées.

La prochaine étape du renouvellement urbain de la Pierre-Plate — projet à 200 millions d’euros dont 21 millions alloués par l’Anru — sera la résidentialisation des immeubles réhabilités. « Chaque immeuble aura son espace propre, ce ne sera plus cette grande cité qu’on a connue. Les voiries, privées aujourd’hui, rebasculeront dans l’espace public », souligne Marie-Hélène Amiable. La construction des 600 logements débutera alors mais pour l’heure aucun permis n’est encore déposé.

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.