Les travailleurs contre les présidents (quotidien Junge Welt)

Les travailleurs contre les présidents (quotidien Junge Welt)

Unis et sans peur : les travailleurs exigent la libération des prisonniers politiques (Tunis, 04/03/2023)

Après le soi-disant printemps arabe, la Tunisie était considérée comme un modèle de démocratie. Mais désormais, le président Kais Saied a pris le chemin d’une “dictature rampante”, a prévenu le chef du Parti des travailleurs tunisiens, Hamma Hammami. Le puissant syndicat UGTT avait appelé samedi à Tunis à manifester contre les représailles croissantes du président. Des milliers de personnes ont suivi.

“Liberté! Arrêtez l’État policier » et « Saied est un lâche, le syndicat n’a pas peur ! », ont scandé la foule, selon la chaîne de télévision. Al-Dshasira. Des banderoles appelaient à la fin des attaques contre le syndicat et à la libération d’une vingtaine d’opposants au président emprisonnés ces dernières semaines. Il s’agit notamment de politiciens du parti islamique modéré Ennahda, le plus fort du parlement, initialement suspendu et dissous par Saied en 2022. Noureddine Boutar, le fondateur de la radio privée Mosaïque FM, était aussi en prison.

Selon les médias, le secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, a salué les hommes politiques emprisonnés à la prison de Mornaguia lors de son discours de samedi. Les travailleurs sont unis, ont “choisi la voie de la lutte” et n’ont pas peur d’être arrêtés. L’UGTT a condamné l’intimidation des militants de l’opposition et de leurs familles et les perquisitions domiciliaires nocturnes.

Malgré l’interdiction, un millier de personnes se sont à nouveau rassemblées dimanche pour exiger la libération des personnalités de l’opposition. Ils ont exigé la démission de Kais Saied. “C’est le deuxième jour de manifestations et nous sommes surpris du nombre de citoyens ordinaires qui manifestent”, a déclaré l’ancien député Saida à Ounissi. Al-Dshasira le dimanche.

Alors que les partis politiques tunisiens ont immédiatement qualifié la dissolution du parlement il y a deux ans de coup d’État, le syndicat a d’abord réagi avec prudence. Mais au fil du temps, l’UGTT s’est également rendu compte que Saied réprimait de plus en plus toute opposition. L’UGTT l’a ressenti de première main lorsque son fonctionnaire Anis Al-Kaabi a été arrêté en février pour avoir organisé une grève des travailleurs de la construction de routes. “Cette arrestation, ainsi que le harcèlement policier et les assignations à comparaître de plusieurs dirigeants et syndicalistes de l’UGTT (…) violent les droits syndicaux fondamentaux”, a déclaré le Conseil des Global Unions (CGU). La procédure est incompatible avec la constitution tunisienne et viole les conventions internationales que la Tunisie a signées.

La semaine dernière, les autorités ont interdit aux représentants syndicaux étrangers d’entrer en Tunisie pour les empêcher de participer à la manifestation de samedi. Esther Lynch, secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats CES, a récemment été expulsée du pays.

Le président Saied propage sa propre légende. Il a sauvé la Tunisie du chaos en 2021 en suspendant le Parlement. Tout était parfaitement légal. Pour lui, ses adversaires sont des traîtres, des criminels, des terroristes. Une nouvelle constitution donne au président le pouvoir de nommer et de révoquer les juges.

Beaucoup de gens blâment Saied pour la hausse des prix et les pénuries alimentaires. Saied a négocié un prêt d’un milliard d’euros avec le Fonds monétaire international (FMI). Cependant, l’UGTT rejette les “réformes” que le FMI attend en retour pour de bonnes raisons, car elles frapperaient plus durement les gens ordinaires. En janvier, la population devrait élire un nouveau parlement. Mais le taux de participation était aussi faible que la popularité du président : seulement 11,2 % se sont rendus dans les isoloirs. Ennahda a boycotté l’élection.

Lors de la manifestation de samedi étaient bruyants Al-Dshasira des slogans clairement antiracistes pour se faire entendre. Une réaction à la nouvelle stratégie du président pour détourner l’attention de sa politique. Cela consiste notamment à attiser la xénophobie. Par exemple, le président a affirmé que la Tunisie risquait de perdre son identité arabe et musulmane car trop de migrants subsahariens “affluaient” vers le pays.

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