Au regard du coach : Nicolas Gérard chez l’Athlétique Sport Aixois.

Au regard du coach : Nicolas Gérard chez l’Athlétique Sport Aixois.

Pistard, routard, combinard, sauteur, lanceur, jeune, compétition, loisir, haut niveau, découverte, nature, ville. Autant de mots à combiner qui, au sein des près de deux mille clubs, font l’athlétisme en France. Parmi les rouages essentiels de chaque structure, l’entraîneur, quel que soit son profil, occupe une place à part. Athle.fr vous invite chaque mois à la rencontre de ces hommes et femmes de l’ombre. Rencontre avec Nicolas Gérard, 27 ans,
entraîneur à l’Athlétique Sport Aixois.

Un entraîneur-athlète mêlant tradition et innovation au sein d’un club familial, mais toujours à la pointe de la performance. Nicolas Gérard est un jeune coach qui sait d’où il vient et où il veut aller. En s’imposant ce qu’il propose en séance, il peut appréhender les sensations des athlètes tout en leur apprenant à faire sans lui. Une méthode appliquée avec Manon Trapp, désormais triple championne de France du cross long,
qui porte plutôt bien ses fruits.

Votre définition de l’entraîneur ?

C’est une personne avec de nombreuses casquettes. Il a évidemment un rôle d’éducateur et d’accompagnateur pour amener les athlètes à progresser dans leurs pratiques afin d’atteindre leurs objectifs et battre leurs records. Pour cela, il faut les éduquer aux sensations de leurs corps et leur inculquer les fondamentaux de l’entraînement que sont la rigueur, la régularité, le dépassement de soi, avec pour but de les rendre autonomes.
Les athlètes doivent comprendre ce qu’on leur demande et ne pas forcément courir sans réfléchir à ce qu’ils font. Le coach doit être capable de s’adapter pour gérer les personnalités de tous les athlètes qu’il côtoiera et construire avec eux leurs projets et leur plan d’entraînement. Il faut savoir se remettre constamment en question et se former pour avoir un maximum de connaissances. J’essaie toujours d’évoluer dans ma pratique. Enfin, l’entraîneur a aussi un rôle de rassembleur, il doit être capable de souder
et fédérer un groupe qui évoluera ensemble tout au long de l’année, en maintenant une bonne cohésion sur et en dehors de la piste.

Entraîneur à Aix-les-Bains, c’est plus dur qu’ailleurs ?

Mis à part au cœur de l’hiver où nous sommes sous la neige avec des températures négatives, je dirais que nous bénéficions d’excellentes conditions. Aix-les-Bains se situant entre lac et montagnes, nous pouvons profiter de nombreux parcours pour varier les séances. On dispose également d’une piste en herbe entretenue toute l’année, collée à un hippodrome. Le cross est important pour nous. Chaque année, nous
essayons de qualifier un maximum d’équipes pour les championnats de France, donc un tel environnement est forcément un plus. La région est dynamique et sportive. Nous avons donc beaucoup de jeunes et de nouvelles recrues chaque année, ayant un goût prononcé pour l’effort. Le club est également très à l’écoute des demandes des entraîneurs et fait de son mieux pour nous mettre dans les meilleures dispositions. Il y a une belle ambiance familiale et un bon état d’esprit qui perdure au fil des générations.

Ce qui vous énerve et vous plaît le plus dans votre fonction ?

JCe qui me déplaît, c’est de voir certains athlètes gâcher leurs talents en voulant trop en faire. Ils rajoutent de la charge d’entraînement sans prévenir ou forcent sur des douleurs au détriment de leur propre corps et de leur santé. Cela conduit souvent à des blessures et de longs temps de convalescence, voire à l’arrêt du sport. Il y a une sorte de pression venant des réseaux sociaux, où l’on voit
ce que font les autres et on se compare. On se regarde courir et je ne suis pas fan de ça. Allons déjà au bout de ce qu’il y a à faire, et je m’inclus dedans en tant qu’athlète, et après on voit ce qui peut être amélioré ou non. Ce qui me plaît le plus, c’est, je pense, la même chose que pour tous les coachs : voir les athlètes qu’on suit et qu’on encadre devenir des athlètes accomplis et autonomes.

Vous êtes un coach “connecté” ou un entraîneur “à l’ancienne” ?

Je dirais les deux. J’hérite de l’expérience de Robert Bogey, âgé aujourd’hui de 87 ans et qui a entrainé toute sa vie. Il m’a inculqué ses préceptes et sa vision de l’entraînement, et ça se ressent forcément dans ma façon de faire. Mais je n’oublie pas de me former constamment aux nouvelles méthodes d’entraînement car il faut savoir aussi innover. Étant un jeune coach, je suis à
l’aise avec les outils numériques d’aujourd’hui pour communiquer et individualiser les plans des athlètes. Je pense qu’il ne faut jamais cesser d’apprendre et d’évoluer, et je m’efforcerai de respecter cette pensée tant que je serai en poste.

Votre plus beau souvenir ?

Je n’ai pas encore un grand bagage de souvenirs, mais je dirais que le plus beau, pour le moment, c’est le titre de championne de France de Manon Trapp aux France de cross à Montauban en 2021. C’est le premier de notre collaboration et il n’était pas forcément attendu. C’est un titre qui est venu récompenser son engagement et sa motivation. Mais outre cette victoire, je prends toujours un grand plaisir à voir les athlètes se dépasser et
donner le meilleur d’eux-mêmes sur la piste ou dans les labours de cross, et ça, quel que soit leur niveau.

Quelle est votre relation avec les athlètes ?

Je pense avoir une relation privilégiée avec eux car je suis encore athlète moi-même et je m’entraîne avec eux toute l’année. Je suis donc à la fois entraîneur, coéquipier et ami. Je suis très proche d’eux et ces liens me permettent d’améliorer la cohésion ainsi que les échanges au sein du groupe, dans la relation que j’entretiens avec chacun. Avoir cette triple casquette avec ceux qui ont mon âge et qui m’ont connu
quand j’étais juste athlète peut parfois déboucher sur des discussions enflammées, mais dans la mesure où je me donne autant qu’eux à l’entraînement, que je suis totalement impartial en tant que coach, tout ça reste très sain au final et ne touche en rien à l’amitié.

Avez-vous un modèle d’entraîneur, dans l’athlétisme ou dans un autre sport ?

Si je devais en citer un qui m’a servi de référence, ce serait Robert Bogey qui m’a formé en tant qu’athlète et entraîneur. C’est lui qui m’a donné l’amour de l’effort et l’envie de coacher. Mais je ne reste pas figé à son seul enseignement et je m’enrichis de toute les rencontres et discussions que j’ai avec mes pairs et autres professionnels du sport, qui ont tous des bagages techniques
et visions de l’entraînement qui leurs sont propres. Je pense notamment à Jacques Cuvillier et Massamba M’Baye pour leur approche scientifique, ainsi que Sébastien Gamel et Quentin Arbonnier pour leur gestion de la psychologie des athlètes. Je pense qu’échanger avec les professionnels de l’entraînement est le meilleur moyen de progresser et de travailler son ouverture d’esprit.

Trois mots pour définir votre groupe ?

Travail. Cohésion. Dépassement.

Propos recueillis par Renaud Goude pour athle.fr

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