Accompagner un enfant en souffrance est un défi monumental pour tout adulte. Les éducateurs, parents, enseignants et professionnels de la santé mentale peuvent avoir une forte volonté d’aider, mais parfois, leurs meilleurs efforts ne suffisent pas. Dans cet article, nous allons explorer l’expérience de quelqu’un qui a essayé d’accompagner un enfant en souffrance, mais qui a découvert que la réussite n’était pas possible.
Le rêve d’adoption est un désir puissant, mais le parcours pour y arriver peut être semé d’embûches, comme en témoigne l’histoire poignante de Christine Eickmayer dans son livre “Il vient d’ailleurs”. L’auteure, anciennement libraire à Tournai, raconte sa longue et difficile histoire d’amour avec un petit garçon qui ne se remettra jamais de son syndrome d’abandon et qui, après vingt ans d’essais et de tâtonnements, finira par mettre fin à ses jours. Depuis la sortie de son livre, elle reçoit de nombreuses réactions et ne s’attendait pas à un tel accueil. Elle n’hésite pas à venir de Tournai à Bruxelles pour prendre le temps d’en parler, tout le temps nécessaire. On sent d’emblée combien l’écriture l’a sauvée.
Christine Eickmayer décrit leur première rencontre avec le petit garçon, Daniel-Alexandre, comme difficile dès le départ. Elle explique que quand elle et son mari ont décidé de l’adopter, ils voulaient un enfant en bonne santé et qui soit le plus petit possible, mais Alexandre avait déjà 4,5 ans. Lorsqu’ils sont allés le chercher en Colombie, Alexandre était effrayé et méfiant à leurs égards. Il était très attaché à sa mammy d’accueil et il avait du mal à se séparer d’elle. À l’époque, il ne pouvait pas parler français et avait beaucoup de difficultés à s’adapter à une nouvelle culture.
Arrivé en Belgique, Alexandre a eu du mal à s’adapter à la nouvelle vie et a développé des troubles du comportement. Il ne savait pas tenir un crayon, ne reconnaissait pas les couleurs, ne restait pas assis et devenait vite agressif envers les autres. Quelques années après son adoption, il doit être déclaré handicapé et mis sous médication. Il souffrait également de harcèlement à l’école, de complexes par rapport à sa couleur de peau et commençait à s’enfuir de plus en plus souvent. Christine Eickmayer a vite compris qu’il allait devenir homosexuel dès ses 8 ans. Tout cela a rendu leur vie très difficile et a créé de nombreux conflits familiaux.
Christine Eickmayer est devenue écrivaine après le suicide de son fils. Elle a commencé à écrire les trois derniers chapitres de son livre avant de tomber dans une sorte de coma pendant un mois. C’est son chien qui l’a finalement sortie de son état de torpeur en venant vers elle avec sa laisse. C’était important pour elle de sortir et de se pro-mener pour retrouver un certain rythme de vie. Elle prenait des photos, réfléchissait à ses phrases en marchant et écrivait tous les jours de 11 à 14 heures. Pendant qu’elle écrivait, Alexandre continuait à vivre dans son esprit et elle comprenait de mieux en mieux ses problèmes. Elle a écrit ce livre parce qu’elle avait promis à son fils de réhabiliter son image. Il a maintenant sa place.
Diane Drory, psychologue et psychanalyste depuis plus de quarante ans, insiste sur la préparation adéquate des parents qui souhaitent adopter. Il est essentiel que les parents comprennent la situation exceptionnelle dans laquelle se trouve l’enfant qu’ils veulent adopter. Elle souligne également que l’adoption ne doit pas être considérée comme une solution pour aider un enfant malheureux ou pour sauver le monde. Les parents doivent adopter parce qu’ils ont un désir d’enfant. Les parents doivent être aidés à comprendre que l’adoption peut être difficile et qu’il faudra accepter les défis que leur enfant, qui aura sa propre histoire, leur imposera. Les enfants adoptés sont souvent confrontés à un syndrome d’abandon et il est donc important de les aider à reconstruire leur scène primitive et à comprendre leur propre histoire.
L’adoption est un parcours souvent difficile et il est essentiel que tous les acteurs de l’adoption internationale d’un enfant regardent la réalité en face pour la réussite de l’opération. Les parents doivent être préparés à toutes les situations possibles et ils doivent être suivis au fil du temps pour faire le point sur la situation et éclaircir les malentendus. Avec l’aide et le soutien adéquats, les écueils peuvent être surmontés et l’amour peut triompher sur toutes les difficultés.
