Des millions dans la rue (quotidien Junge Welt)

Des millions dans la rue (quotidien Junge Welt)

Adrien Fillon/ZUMA Wire/imago

Rien qu’à Clermont-Ferrand, environ 20.000 personnes ont manifesté mercredi, selon des informations syndicales

La colère des Français et leur courage pour résister au projet de retraite de leur chef de l’Etat Emmanuel Macron ont grandi. Mais les mois de protestation contre la “réforme” et ses conséquences attendues ont épuisé les salaires et les économies de la plupart d’entre eux. Chaque jour de combat dans les rues, les salariés en grève paient jusqu’à 100 euros de manque à gagner. Le président, ancien banquier et stratège des gros sous, le sait et attend depuis des semaines que ses « adversaires » se « fatiguent » : en matière de retraites, c’est un bon 70 % des 68 millions d’habitants du pays. Pour la huitième fois mercredi, plus de deux millions ont répondu à l’homme au corps dur, qui remet en cause tout le système de protection sociale de l’État depuis son arrivée à l’Élysée au printemps 2017, par une immense démonstration d’unité et de solidarité.

A Paris et à Marseille, où l’Intersyndicale, les huit principaux syndicats unis, s’était à nouveau rassemblée par centaines de milliers pour une manifestation publique commune, les grévistes devant les caméras de télévision ont remercié les nombreux donateurs qui ont contribué à maintenir financièrement la résistance en vie depuis novembre dernier. Les caisses de grève des salariés, qui prétendent ne pouvoir couvrir que 40 % des pertes salariales de cette lutte, sont vides. Ce n’est pas la résignation qui fait chuter quelque peu le nombre de personnes dans la rue, surtout parmi les tranches de revenus les plus modestes, mais dans la plupart des cas “de pures difficultés financières”.

La fin de la guerre des retraites pourrait déjà être décidée ce jeudi. Après l’approbation de la majorité politique de droite en commission de médiation mercredi, le Sénat, la deuxième chambre parlementaire, va faire passer le projet de Macron une seconde fois. Tout dépend désormais de la décision finale de l’Assemblée nationale. A l’Assemblée, la “majorité démocratique” prétendument souhaitée par le chef de l’Etat revenait à jW-La date limite éditoriale de mercredi est introuvable. Comme l’hebdomadaire satirique Le Canard enchaîni a rapporté dans son dernier numéro que Macron s’était invité “à la réunion conjointe habituelle de ses chefs de groupe parlementaire au Sénat et à l’Assemblée lundi dernier et les a juré aux plus fidèles partisans du vote des retraites”.

Du Canard Interrogés en revanche, seuls 30 des 61 députés du camp droitier des Républicains (LR) ont déclaré qu’ils voudraient certainement voter pour la “réforme” et l’augmentation de l’âge de la retraite qui y est réclamée de 62 à 64 ans. Pour un vote “positif” à l’Assemblée nationale, Macron a pourtant besoin d’au moins 40 députés LR qui doivent lever la main pour son projet. Le journal a même identifié des cantonistes incertains dans le propre groupe Renaissance de Macron et dans les libéraux économiques associés du Mouvement démocrate (modem) ainsi que dans le petit gang de coquins Horizons de l’ancien Premier ministre Édouard Philippe.

Surtout, l’actuelle chef de gouvernement du Président, l’ex-social-démocrate Élisabeth Borne, s’inquiète du « bouclage démocratique » du paquet retraites, qui – si la majorité n’est pas atteinte – deviendrait rapidement un diktat si l’article 49.3 du la Constitution était alors appliquée. Un scénario qui pourrait transformer la supposée démission de la rue en un regain de colère et donner un nouvel élan à la résistance post-parlementaire menacée par les syndicats. « Faut-il que la réforme (l’Assemblée nationale, jW) n’arrive pas », a prévenu son peuple, le chef du parti LR de droite Éric Ciotti, « alors nous ne serons plus un parti capable de gouverner ». Et aux prochaines élections de 2027 peut-être pas du tout.

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