Elections : Des élections législatives apparemment plus ouvertes au Kazakhstan.

Les élections législatives du Kazakhstan, prévues pour le 10 janvier 2021, s’annoncent avec une dimension inédite. En effet, ce scrutin est considéré comme plus ouvert en apparence que les précédentes élections organisées dans le pays. Le Kazakhstan, pays d’Asie centrale, peine encore à mettre en place une véritable démocratie, mais cette ouverture apporte une lumière d’espoir pour les partisans d’une évolution politique dans le pays. Analyse.


Des législatives anticipées ont été organisées dimanche au Kazakhstan. Ce scrutin pourrait se traduire par l’élection de candidats indépendants, marquant une ouverture timide en matière démocratique.

La réforme constitutionnelle de 2022, impulsée par le président Tokaïev qui est au pouvoir depuis 2019, a ouvert la voie à ces élections législatives. Elles interviennent dans le plus grand pays d’Asie centrale, où les réflexes autoritaires sont toujours présents malgré la timidité de l’ouverture démocratique.

Les bureaux de vote ont ouvert à 7 heures du matin (2 heures en Suisse) dans les deux principales villes du Kazakhstan, Astana et Almaty, et les quelque 12 millions d’électeurs ont jusqu’à 20 heures pour voter.

Parmi les nouveautés de ce scrutin, les candidats non affiliés à des partis peuvent se présenter, une première depuis 2004. Le seuil pour entrer à la chambre basse du Parlement (Majilis), qui compte 98 élus, a été abaissé à 5%, et un quota de 30% pour les femmes, les jeunes et les personnes souffrant de handicap a été introduit.

Ces changements ont quelque peu réveillé le paysage politique de cette ex-république soviétique frontalière de la Russie et de la Chine, encore marquée par les émeutes meurtrières de janvier 2022. Sous la précédente législature, seuls trois partis étaient représentés et tous soutenaient le président Kassym-Jomart Tokaïev, facilement réélu avec plus de 80% des voix en novembre lors d’un scrutin sans réelle concurrence.

« Le système électoral a changé et donne l’impression du choix. Mais en réalité, le président et son administration gardent entre leurs mains le décompte des voix », tempère pour l’AFP le politologue Dimach Aljanov. « Dans un pays autoritaire, les élections sont faites pour garder le pouvoir, pas pour le remplacer », relève-t-il.

Ces élections, qui concernent également les parlements locaux, ont eu lieu après la réforme constitutionnelle de 2022 impulsée par Kassym-Jomart Tokaïev. Le dirigeant de 69 ans affiche sa volonté de « réinitialiser les institutions étatiques » et « poursuivre la modernisation » entamée l’an dernier dans ce pays riche en ressources naturelles.

Cependant, les fortes inégalités et la corruption n’ont pas disparu et l’inflation supérieure à 20% ronge le pouvoir d’achat des près de 20 millions de Kazakhs. Kassym-Jomart Tokaïev a également rompu avec son mentor et prédécesseur, l’omnipotent Noursoultan Nazarbayev, au pouvoir pendant trois décennies, après les émeutes de janvier 2022. Ces manifestations contre la vie chère avaient embrasé le pays, avec comme épicentre Almaty. Leur répression a fait officiellement 238 morts.

Après une campagne présidentielle atone en novembre, Almaty a timidement commencé à s’éveiller pour ces élections, qui coïncident avec l’arrivée du printemps dans cette ville nichée au pied d’imposantes montagnes.

Au total, sept partis participent à ce scrutin, dont deux nouveaux enregistrés en peu de temps. Mais plusieurs formations d’opposition et des candidats indépendants restent interdits.

L’analyste politique Andreï Tchebotarev estime qu’« à l’issue de ces élections, quatre ou cinq partis devraient être représentés au Parlement ». « Cela est bénéfique pour le pouvoir, car des partis loyaux (envers le président) seront présents au Parlement et Amanat, le parti présidentiel, conservera la majorité de sièges », explique-t-il à l’AFP.

« D’un autre côté, la diversité des partis aura un impact sur l’acceptation du résultat des élections, tant pour la population qu’au niveau international », conclut Andreï Tchebotarev. Malgré cette relative ouverture, Kassym-Jomart Tokaïev a d’ores et déjà prévenu que « les personnes semant la discorde dans le pays seront sévèrement punies ».

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