Le maire de Villejuif appelle au “débranchement” de la ligne 7 en raison de la saturation du métro vers le Val-de-Marne.

Le maire de Villejuif appelle au “débranchement” de la ligne 7 en raison de la saturation du métro vers le Val-de-Marne.

« La ligne 7 ? Je dois souvent attendre quatorze minutes avant la prochaine rame direction Villejuif. Parfois davantage lorsqu’il y a des problèmes techniques… » Rizza fait partie des milliers de voyageurs quotidiens à subir les dysfonctionnements de la ligne rose de la RATP, notamment sur ses deux branches qui irriguent le Val-de-Marne : celle vers Ivry-sur-Seine, l’autre vers Villejuif.

« Au retour de Paris, le soir, il arrive très souvent que le métro arrive déjà bondé et qu’il soit quasi impossible de monter, témoigne Rémi, un autre Villejuifois habitué de la 7, qui enregistre 130 millions de voyageurs par an. Régulièrement, on finit par monter dans un jaune (direction Ivry)ce qui signifie descendre à Porte-d’Italie et prendre le bus 131 ou finir à pied… Bref, c’est insupportable. Et je ne parle même pas de l’usage de cette ligne avec une poussette ou un jeune enfant. »

« Des pannes tous les jours »

Sur les réseaux sociaux, les internautes n’y vont pas de main morte. « La ligne 7 vraiment pire ligne, comment à 6 heures il peut y avoir autant de problèmes ?? », s’indigne Aisha. « 1 an sur la ligne 7, j’ai jamais été aussi en retard de ma vie, des gros 15 minutes d’attente pour aller à Ivry et des pannes TOUS LES JOURS. Vraiment un avant-goût de l’enfer », dénonce Olin. « LA LIGNE 7 DOIT ÊTRE DÉTRUITE. MÊME LES RER NE FONT PAS CA », crie Yare Yare Daze en affichant les 16 et 20 minutes d’attente avant les prochains métros direction Ivry.

Cette saturation des branches Villejuif et Ivry n’est pas nouvelle. Les élus de tous bords ont tenté d’agir, interpellant RATP et Île-de-France Mobilités (IDFM). En 2018, le maire de l’époque Franck Le Bohellec (DVD) lançait une pétition. En 2019, Pierre Garzon (PCF), alors dans l’opposition et vice-président du département chargé des Transports, tapait du poing sur la table d’IDFM dont il était l’un des administrateurs pour exiger l’automatisation de la ligne, « seule solution technique » capable selon lui de réduire l’intervalle entre les rames.

Réclamer les études de faisabilité dès maintenant

Désormais maire, Pierre Garzon remet les pieds dans le plat. Il vient d’interpeller directement la préfète. « Je sollicite une étude pour le débranchement d’un des bras de la ligne 7 et sa reprise par la ligne 5 prolongée vers le sud. Cela dédoublerait la ligne, faciliterait l’exploitation tout en permettant une meilleure desserte au sud de la place d’Italie. »

Cette proposition n’est pas nouvelle « mais c’est maintenant que cela se joue car il faut obtenir l’inscription des études sur sa faisabilité dans le prochain Contrat de plan État-Région (CPER). Sans étude, pas de solution. Et il faut avoir dix ans d’avance sur ce terrain. »

À court terme, « il faut finir la rénovation des métros entamée en 2015 afin de rendre le transport plus acceptable dans ces rames qui ont une quarantaine d’années, estime-t-il. À moyen terme, il faut obtenir le changement total du matériel roulant afin qu’il tombe moins souvent en panne et puisse réduire l’intervalle entre deux métros. Ce sujet est toujours en discussion. »

Des quartiers où la population va croître ces prochaines années

La saturation des branches val-de-marnaises du métro 7 ne devrait pas s’améliorer. En effet, la population va y croître ces prochaines années, au vu des nombreuses constructions en cours et à venir dans le secteur. La ZAC Campus Grand Parc à Villejuif commence à se concrétiser autour de l’Institut Gustave-Roussy. Près de 420 000 m2 s’apprêtent à y être construits, amenant des milliers de salariés et d’habitants dans la zone.

Lorsque les lignes 14 et 15 du Grand Paris Express s’arrêteront à Villejuif (à Gustave-Roussy pour la 14 et la 15 et en interconnexion avec Louis-Aragon pour la 15 à partir de 2025), « cela pourrait soulager un peu la 7 au début car un report s’effectuera surtout vers la 14 pour rejoindre Paris, prévoit Pierre Garzon. Mais dans un second temps, il y aura une reprise du trafic car ces nouvelles dessertes attireront de nouveaux voyageurs qui délaisseront leur voiture. Et il y aura eu de nouveaux habitants entre-temps… »

« Proposition irréaliste »

Île-de-France Mobilités entend la demande de Pierre Garzon concernant les études de faisabilité sur un éventuel « débranchement » de la 7 : « Ce projet (comme d’autres) sera intégré à une étude générale sur les prolongements de métro dans le cadre du prochain CPER. L’objectif est de hiérarchiser les projets les plus réalisables et utiles aux Franciliens dans les prochaines années. »

IDF note que « l’État n’ayant pas souhaité commencer les discussions, ce nouveau Contrat de Plan État Région (qui définit les projets à mettre en œuvre et les clés de financements) a actuellement deux ans de retard. Pour la réalisation d’un projet de cette ampleur, il faut compter généralement six ans d’études et de procédures et six/sept ans de travaux au minimum ».

« La proposition de Monsieur Garzon est parfaitement irréaliste, estime Rémi. La ligne 6 passe juste derrière la 5, si bien que la ligne 5 ne peut pas être prolongée vers le sud. Ou, si elle l’était, d’ici trente ou cinquante ans, ce serait en refaisant totalement la ligne depuis Campo-Formio et la station Place-d’Italie. Ce serait extrêmement coûteux… » Selon lui, « il est de toute façon parfaitement impossible que de tels travaux servent encore mieux à desservir Villejuif, qui est déjà une des communes gagnantes des nouvelles lignes du Grand Paris (14 et 15) ».

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