Nouvelle journée de contestation en France, cinq questions sur la grogne

Nouvelle journée de contestation en France, cinq questions sur la grogne

Nouvelles de l’ONSaujourd’hui, 07:00

  • Franck Renout

    correspondant France

  • Franck Renout

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Aujourd’hui en France, on assiste à nouveau à des manifestations contre l’augmentation de l’âge de la retraite de 62 à 64 ans. Jeudi dernier, des manifestations similaires sont devenues incontrôlables, avec beaucoup de violence. Cinq questions sur les manifestations et les conséquences politiques.

À quel point les manifestations d’aujourd’hui seront-elles féroces ?

Amis et ennemis tiennent compte des émeutes. Beaucoup de manifestants sont très en colère contre le gouvernement, il y a beaucoup de jeunes qui sont souvent plus radicaux que les syndicalistes traditionnels. Et il y a les manifestants du Black Bloc : des anticapitalistes qui sèment régulièrement la destruction et attaquent la police.

5 500 agents sont déployés rien qu’à Paris. Il y en a 13 000 dans toute la France. Selon le ministre de l’Intérieur Darmanin, cet effort est nécessaire car “les militants d’extrême gauche veulent semer la destruction, blesser des gens et tuer des policiers”.

Combien de fois des manifestations ont-elles eu lieu et combien de personnes y participent toujours ?

C’est la dixième fois qu’il y a une journée nationale d’action et de grève contre l’augmentation de l’âge de la retraite. Le premier était le 19 janvier. La fréquentation varie à chaque fois. Les autorités disent que le nombre de participants oscille entre 300 000 et 1,2 million, les syndicats parlent de 1 million à 3,5 millions de participants.

D’ailleurs, il n’y a pas que des journées d’action nationales. Depuis janvier, il y a aussi eu beaucoup d’actions et de grèves entre-temps, dans divers secteurs et à divers endroits. Il y a des barrages routiers réguliers et des manifestations spontanées et les chemins de fer et certains services de collecte des ordures sont en grève depuis des semaines.

Le président Macron a déjà voté la réforme des retraites, que veulent encore obtenir les manifestants ?

La loi réglementant le nouvel âge de la retraite a été officiellement adoptée, mais sans vote au parlement. Seule la Cour constitutionnelle française se prononcera à ce sujet : le tribunal vérifiera si la loi et sa création sont conformes à la constitution française.

De nombreux participants aux manifestations disent qu’ils continueront jusqu’à ce que la loi soit abrogée. Leader syndical Laurent Berger Le président Macron a proposé de “suspendre” la loi. “Cela nous donne le temps de chercher un compromis social et intelligent”, a-t-il déclaré.

À ce jour, Macron ne veut rien avoir à faire avec un compromis. Il insiste sur la réforme car sinon les retraites ne seraient plus abordables en raison du vieillissement de la population.

Plus de 170 personnes ont été arrêtées lors des manifestations de masse de la semaine dernière. La tension était vive entre les manifestants et la police :

Beaucoup de violence après l’intervention de la police dans les manifestations de masse en France

Que signifient ces troubles pour l’avenir de Macron en tant que président ?

Politiquement et juridiquement, la position de Macron n’est pas en jeu. Il a été réélu l’an dernier pour un nouveau mandat de cinq ans. Un président français ne peut être destitué, par le Sénat et la Chambre des représentants réunis, que s’il « ne peut plus remplir ses obligations légales », par exemple en cas de maladie.

Ce que l’opposition peut et peut faire : renvoyer le gouvernement du président Macron chez lui. Ce sont son premier ministre et ses ministres. Mais aucune des motions de défiance qui ont été déposées jusqu’à présent n’a obtenu la majorité.

Pourtant, Macron n’est pas indemne des manifestations. Sa popularité est depuis décembre tombant brusquement. Seuls 28% des Français sont satisfaits de lui. “Et pour la première fois, on voit que des doutes émergent aussi chez les propres partisans de Macron. Ses électeurs se demandent : comment cela va-t-il se terminer ? Les partisans pensent qu’il va jusqu’au bout”, a déclaré Frédéric Dabi, chercheur à l’IFOP, dans Le Monde.

Quelle est l’ampleur des protestations?

Les manifestations nationales ont toujours un groupe assez fixe de participants : membres des syndicats, enseignants, employés des chemins de fer et autres fonctionnaires. La participation des Français issus des milieux d’affaires est généralement plus faible : les syndicats y ont moins de partisans.

Contrairement aux idées reçues, le degré de syndicalisation en France est remarquablement bas : à peine plus de 8 % des employés sont membres d’un syndicat, contre, par exemple, 16 % aux Pays-Bas.

Pourtant, l’influence des syndicats est grande, car ils sont les interlocuteurs permanents du gouvernement et négocient au nom de tous les salariés et pas seulement au nom de leurs membres.

Tous les sondages montrent que la grande majorité des Français soutient les manifestations et actions. Ils sont également très majoritairement opposés au relèvement de l’âge de la retraite. Une enquête la semaine dernière a même montré qu’un Français sur cinq soutient l’usage de la violence, de la destruction et de l’incendie criminel lors des manifestations.

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