Voici comment le marché perd à nouveau sa peau et comment recalibrer votre portefeuille

Voici comment le marché perd à nouveau sa peau et comment recalibrer votre portefeuille

Le marché change fréquemment de peau et, contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, prend souvent la mauvaise direction. Après tout, il n’est pas facile de prédire ce que sera l’avenir dans les six prochains mois. Car c’est essentiellement le travail que « monsieur marché » fait au quotidien : sans avoir toutefois de boule de cristal, essayer d’écarter d’avance le scénario qui prévaut pour les deux ou trois prochains trimestres. Les capitaux se déplacent vers les différentes classes d’investissement en fonction de ce qui, compte tenu des données disponibles, pourrait être l’horizon le plus probable.

Cette première partie de 2023 est la preuve du caractère caméléon des marchés. La première partie de l’année (janvier notamment) a été caractérisée par le « soft landing trade ». En termes plus simples, les flux ont été dirigés vers les zones qui tendent à bénéficier le plus d’un contexte de révision des taux à la baisse, suite à un processus de désinflation. Dans le même temps, du côté de la croissance économique, les investisseurs ont misé sur une sorte de “miracle” de la Réserve fédérale : c’est-à-dire une réduction de l’inflation sans envoyer l’économie en récession. Ce qui s’est déjà produit, par exemple, en 1995 et 2018, mais qui dans la plupart des cas est presque impossible. Dans ce sillage, le capital a récompensé les classes d’investissement les plus risquées (le secteur actions des titres à forte croissance comme en témoignent les +16% réalisés par le Nasdaq au premier trimestre) mais aussi les obligations qui au contraire en 2022 avaient payé le droit d’un des compressions monétaires les plus violentes de l’histoire. L’or a également commencé à bouger car, en ne distribuant pas de coupons, il trouve un terreau fertile dans un contexte où l’inflation diminue et, avec elle, les taux réels freinent ainsi qu’un dollar moins fort.

Le changement de mi-mars

Depuis la mi-mars, cependant, quelque chose a changé. En ce qui concerne les relations intermarchés et les transferts de liquidité, les actions défensives et anticycliques (santé, consommation de base, services publics) ont une force relative supérieure à celle des actions technologiques. Dans le même temps, l’or a accéléré au-dessus de 2 000 dollars l’once alors que les taux obligataires continuaient de baisser, entraînant une hausse des prix. «Ce à quoi nous assistons en ce moment est un mouvement de “hard landing trade” – explique Nicola Maino, directeur des investissements de Valori asset management -. Cela signifie que le marché abandonne de plus en plus l’idée que cette lutte contre l’inflation peut se terminer sans passer par une récession économique. Par conséquent, le positionnement vers des secteurs plus défensifs se renforce, qui ont tendance à mieux performer et à protéger le capital dans une phase défavorable du cycle».

L’économie américaine

Cette conviction est confortée par les dernières données macro qui constituent, avec la liquidité des banques centrales, la toile de fond du positionnement tactique des opérateurs. Aux Etats-Unis, l’ISM du secteur des services pour le mois de mars s’établit à 51,2 points, en nette baisse tant sur le mois précédent (55,1) que sur les estimations (54). Près de 70% du PIB américain provient des services et si ceux-ci approchent ces 50 points – qui séparent la croissance de l’expansion – ils donnent un signal de faiblesse. Et puis sont venues des données faibles sur le front de l’emploi. Les ouvertures de nouveaux postes de travail (les soi-disant secousses, ou enquête sur les ouvertures d’emploi et la rotation de la main-d’œuvre) en février ont chuté de 632 000 unités, passant sous le seuil des 10 millions pour la première fois depuis mai 2021. Si en janvier, chaque citoyen américain avait un disponible deux emplois a maintenant 1,7. Il s’agit d’une contraction importante, également confirmée par l’Adp (le chiffre mensuel enregistré par l’entreprise qui « imprime » les fiches de paie) qui indiquait la création de 145 000 emplois dans le secteur privé en mars, contre 261 000 en février et 200 000 attendus. Puis hier, les demandes d’allocations de chômage sont arrivées, qui s’élevaient à 228 000, plus que les estimations (200 000).

En savoir plus

Le 7 avril, avec la fermeture des marchés (pour les vacances de Pâques), arrivera le chiffre du chômage, qui est actuellement de 3,6 %. Ce sera certainement un moteur de marché. Le passage du “soft landing trade” au “hard landing trade” est documenté par le changement d’humeur du marché. Dans le premier cas, ils réagissent bien aux mauvaises nouvelles macro (car, étant focalisés sur les taux, ils suggèrent une Fed moins agressive). Dans le second cas, “une mauvaise nouvelle est une mauvaise nouvelle” car l’accent est mis sur la croissance et la possible baisse des profits.

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