“Malgré la promesse de Macron d’assurer la victoire des retraites, la morosité s’aggrave en France”

“Malgré la promesse de Macron d’assurer la victoire des retraites, la morosité s’aggrave en France”
  • La Cour constitutionnelle française a approuvé le projet impopulaire du président Emmanuel Macron de relever l’âge de la retraite.
  • L’État va signer dans la loi une hausse de l’âge de la retraite à 64 ans par rapport à son niveau actuel de 62 ans.
  • Macron a dit la loi était “nécessaire” pour le plus grand bien du pays – pour éviter les déficits des retraites qui devraient atteindre 13,5 milliards d’euros.

Le président Emmanuel Macron semble avoir gagné sa bataille pour faire passer une réforme des retraites largement impopulaire, mais de nombreux experts et historiens pensent qu’il a aggravé la morosité qui entoure la démocratie française.

La Cour constitutionnelle française a approuvé vendredi les éléments essentiels de la réforme des retraites de Macron, ouvrant la voie au chef de l’Etat centriste pour promulguer une hausse de l’âge de la retraite à 64 ans, contre 62 actuellement.

Mais la façon dont la législation a été adoptée – face à l’opposition de deux électeurs sur trois, des syndicats et d’une majorité de députés à l’Assemblée nationale – a consterné même les observateurs auparavant sympathiques.

Pierre Rosanvallon, sociologue et historien très respecté, a lancé début avril un avertissement spécial selon lequel Macron devait restaurer la légitimité de sa fonction présidentielle aux yeux des électeurs.

“Sans cela, le temps des révolutions pourrait revenir, sinon il y aura une accumulation de désaffection toxique qui ouvrira la voie au populisme d’extrême droite”, a déclaré le penseur de centre gauche au journal Libération.

L’historien politique Jean Garrigues a également écrit que c’était « tous nos fondements institutionnels, toutes nos personnalités politiques qui sont discrédités » par le vote de la réforme.

“Le lien entre nos concitoyens et leurs représentants nationaux s’est encore étiré dans cette crise, comme ce fut le cas lors des Gilets jaunes”, a écrit Garrigues dans le journal Le Monde, faisant référence aux violentes manifestations anti-Macron en 2018.

Les critiques se sont principalement concentrées sur la façon dont le gouvernement minoritaire du président a fait adopter la législation par le Parlement le 16 mars sans vote.

Cette décision légale mais controversée est intervenue après que d’autres mesures constitutionnelles ont été utilisées pour réduire au minimum le débat parlementaire, approfondissant le sentiment d’indignation ressenti par les manifestants qui sont descendus dans la rue presque chaque semaine depuis janvier.

Selon les statistiques officielles, les manifestations parfois violentes ont culminé à 1,28 million de personnes le 7 mars, la plus importante depuis une génération.

“Ce mouvement de protestation laissera une trace dans l’histoire de notre pays, par son ampleur et les nouvelles personnes qui s’y sont jointes”, a déclaré à la presse le chef du syndicat modéré CFDT, Laurent Berger, alors qu’il défilait – pour la 12e fois depuis Janvier – jeudi.

Il a répété sa conviction que le pays faisait face à une “crise démocratique”.

– ‘Pas de crise’ –

Dans sa seule interview médiatique sur le sujet des retraites depuis son élection pour un second mandat en avril dernier, Macron a reconnu que lui et son gouvernement n’avaient pas réussi à gagner la bataille de l’opinion publique.

A la question de savoir s’il avait des regrets, il a répondu à la chaîne TF1 : “Si j’en ai, c’est qu’on n’a pas toujours réussi à convaincre de la nécessité de cette réforme, dont je ne me réjouis pas.”

Mais il est resté convaincu que c’était “nécessaire” et pour le plus grand bien du pays – pour éviter les déficits des retraites qui devraient atteindre 13,5 milliards d’euros d’ici 203 et pour aligner le pays sur ses voisins de l’UE.

De plus, il la jugeait légitime étant donné qu’il avait été réélu sur une plate-forme qui incluait la réforme des retraites et l’engagement de faire “travailler plus” la France pour payer l’un des systèmes de protection sociale les plus chers au monde.

Certains alliés l’ont mis en garde contre les risques de relever l’âge de la retraite lors d’une crise du coût de la vie peu après Covid-19.


Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.