2023-04-23 19:33:53
VBeaucoup à Bruxelles parlent d’une « option nucléaire ». D’un dernier recours pour ramener à la raison les gouvernements têtus. Il s’agit de ce qu’on appelle le mécanisme de l’état de droit. Il prévoit que l’UE peut sanctionner financièrement les violations des valeurs européennes. Jusqu’à présent, la Communauté n’a appliqué la mesure qu’une seule fois : contre la Hongrie. Mais cela devrait arriver plus souvent à l’avenir.
C’est du moins ce que préconise un rapport inédit du Parlement européen. Le document, marqué “pour usage interne uniquement”, est à la disposition de WELT. Sur 98 pages rédigées de manière serrée, les auteurs préconisent d’utiliser plus largement le mécanisme de l’état de droit à l’avenir. La réputation de l’instrument comme “option nucléaire” signifie qu’il est considéré comme “toxique” et a “un seuil d’application très élevé”. Les « coûts politiques » sont énormes pour chaque mission, et cela doit changer.
La commission budgétaire du Parlement a fait déposer le rapport à l’Institut parisien Jacques Delors, qui Mandaté par le think tank bruxellois CEPS et la Berlin Hertie School, toutes des institutions reconnues. Le document doit être publié d’ici la fin de la semaine prochaine, mais il occupe déjà les responsables européens, les diplomates et les députés européens dans les coulisses.
Il reste encore un long chemin à parcourir avant que les règles ne soient modifiées. Le Parlement devrait négocier quelque chose comme ça avec les gouvernements nationaux et la Commission. Néanmoins, le document pourrait être un premier pas vers une UE plus stricte – vers une communauté d’États qui réprime les membres qui violent les valeurs fondamentales.
L’idée derrière le mécanisme de l’état de droit : les pays qui n’assurent pas l’indépendance de leurs tribunaux et de leurs médias ou qui font trop peu contre la corruption et le népotisme doivent s’attendre à une réduction des financements. L’instrument est conçu pour protéger le budget de l’UE. Là où il y a corruption, selon la logique, il y a un risque de gaspillage des fonds de l’UE, c’est-à-dire de l’argent des contribuables européens.
“C’est un grand succès que le mécanisme de l’État de droit soit utilisé contre la Hongrie”, déclare Daniel Freund, député européen du Parti vert et expert au Parlement européen en matière de lutte contre la corruption. C’est important pour la crédibilité de la communauté internationale et cela montre aux citoyens que Bruxelles se soucie de l’argent des contribuables.
“Mais cela ne devrait pas rester avec cette application unique”, déclare Freund. “L’instrument devrait être utilisé plus fréquemment.” Enfin, il existe d’autres pays de l’UE dans lesquels la corruption est répandue et l’indépendance vis-à-vis des juges et des journalistes est menacée, comme la Pologne, la Bulgarie, la Roumanie, Malte, la Grèce et l’Italie.
Freund dit que l’UE doit désarmer rhétoriquement. Le mécanisme de l’état de droit, dit-il, ne doit pas être considéré comme un dernier recours. Les politiciens devraient plutôt faire comprendre qu’il s’agit d’un outil tout à fait normal de l’UE, destiné à initier des réformes dans les États membres.
Le mécanisme de l’État de droit est entré en vigueur en janvier 2021, mais la Hongrie et la Pologne ont fait appel en mars, sans succès. Près d’un an plus tard, la Cour européenne de justice a statué : La mesure peut être utilisée. Puis, fin 2022, l’UE l’a utilisé contre la Hongrie.
La Commission a gelé des subventions d’un montant total de 6,3 milliards d’euros parce que le gouvernement de Budapest n’a pas pu démontrer de manière crédible que les fonds étaient utilisés correctement. Au total, entre 2021 et 2027, la Hongrie devrait recevoir environ 22 milliards d’euros des fonds dits de cohésion, par exemple pour la pose de nouvelles voies ferrées et l’extension du réseau haut débit. Les pots sont destinés à aider les régions les plus pauvres de l’UE. La politique de cohésion est le poste le plus important du budget bruxellois, pierre angulaire de l’intégration européenne.
Justification de la Commission pour l’activation du mécanisme de l’État de droit: Au sein des autorités hongroises qui gèrent les fonds de l’UE, du favoritisme et des conflits d’intérêts ont été identifiés. Ce faisant, la Commission a satisfait aux exigences des règles de l’UE, selon lesquelles la mesure ne peut être utilisée que s’il existe un “lien raisonnablement direct” entre l’infraction et un risque pour le budget de l’UE.
Le rapport du Parlement préconise désormais une approche plus large. Pour faire simple, Bruxelles devrait avoir une vision moins étroite du lien direct. L’UE devrait donc non seulement intervenir s’il est prouvé que les autorités nationales responsables des fonds de l’UE ont agi de manière inappropriée, mais aussi s’il existe généralement suffisamment de preuves de corruption et de népotisme dans le pays.
Exiger de l’UE qu’elle fournisse à chaque fois des “preuves détaillées” pour établir un lien entre l’infraction et le budget de l’UE consommerait du temps et des ressources, estiment les auteurs de l’analyse. Le mécanisme de l’état de droit risque de perdre son efficacité. Par conséquent, une interprétation moins restrictive des règles pourrait aider l’Europe.
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