Suisse
«L’apiculture, c’est devenu très compliqué»
Changement climatique, météo, manque de fleurs, nouveaux prédateurs, l’année 2023 donne des cheveux blancs à de nombreux propriétaires de ruches.
Publié28 avril 2023, 06:11
S’il pleut trop longtemps au printemps, les abeilles ne peuvent pas collecter assez de nectar pour faire du miel (image d’illustration).
Getty Images/EyeEm
La météo capricieuse de ce début de printemps inquiète les apiculteurs suisses. Additionnées à d’autres facteurs (lire encadré), les températures fraîches de ce mois d’avril empêchent les abeilles de sortir pour butiner. Dans le canton d’Argovie, l’association des apiculteurs parle d’une «catastrophe» cette année et craint une récolte nulle si le temps ne change pas, apprend-on dans l’«Aargauer Zeitung» ce jeudi.
Si l’année s’annonce difficile, en Suisse romande on ne cède pas à la panique. «Pour moi, les choses se déroulent tout à fait normalement pour l’instant», nous dit le président de la Société romande d’apiculture (SAR), Francis Saucy, qui possède des ruches dans le canton de Fribourg. Mais il confirme: «Les deux prochaines semaines seront décisives. S’il pleut, il n’y aura pas de récolte. Mais c’est comme ça, ça arrive.»
«Au taquet»
L’entretien de colonies demande aujourd’hui «plus de compétences qu’il y a trente ou quarante ans», constate Francis Saucy, qui dit contrôler chaque semaine l’état de ses colonies. À l’époque, selon lui, une visite trois à quatre fois par année suffisait. «Maintenant, on doit être au taquet, ajoute-t-il. L’apiculture, c’est devenu très compliqué.»
Mais qu’est-ce qui a changé? «Le problème, c’est qu’il y a tellement moins de fleurs dans les régions agricoles.» Et de citer l’exemple des pissenlits. Ces fleurs sont aujourd’hui primordiales pour assurer sa récolte de printemps. Elles fleurissent pendant dix jours et il faut que les abeilles soient opérationnelles pile à ce moment-là pour ramener suffisamment de nectar à la ruche. En présence de davantage d’autres fleurs, les abeilles pouvaient compenser la récolte si le temps ne permettait pas de se ruer sur les pissenlits, explique Francis Saucy.
Le temps frisquet n’est pas le seul défi pour les apiculteurs. De manière générale, la recherche de nourriture est de plus en plus difficile pour les abeilles. Les monocultures, l’urbanisation et les surfaces comme les pelouses sans fleurs n’offrent pas aux abeilles mellifères l’environnement nécessaire. Sans oublier les effets néfastes des virus, des produits toxiques et des parasites. L’arrivée du frelon asiatiqueconstatée par exemple dans le Jura la semaine dernière, constitue une nouvelle menace, même si sa présence reste rare. Concernant les pesticides, les observateurs constatent que l’agriculture a fait des progrès ces dernières années pour préserver les abeilles.
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