Maladie mentale? Il frappe les jeunes de cœur (10/05/2023)

Maladie mentale?  Il frappe les jeunes de cœur (10/05/2023)

2023-05-10 15:16:00

L’attention portée aux maladies mentales qui surviennent à un jeune âge est encore plus importante aujourd’hui car elles peuvent avoir des conséquences à long terme sur la santé cérébrovasculaire. En effet, selon une nouvelle étude, en souffrir avant l’âge de quarante ans, c’est tripler le risque d’accident vasculaire cérébral et de crise cardiaque à l’âge adulte. Cela est évident, bien qu’à des degrés divers, pour de nombreux troubles mentaux, plus ou moins graves, tels que le trouble bipolaire, la schizophrénie, le trouble de stress post-traumatique, la dépression, l’anxiété, l’insomnie, les troubles anxieux, les troubles de la personnalité, les troubles alimentaires et la toxicomanie.

Cette conclusion a été tirée par des chercheurs coréens en analysant les données de santé d’une cohorte nationale de plus de 6,5 millions d’individusqui vient de paraître dans la revue de la Société Européenne de Cardiologie, Journal européen de cardiologie préventive. L’équipe a analysé les données de santé de jeunes adultes âgés de 20 à 39 ans, inscrits au registre Nhis du Service national d’assurance maladie coréen, qui n’avaient aucun antécédent de maladie cérébrovasculaire. Près de huit ans plus tard, il est allé voir leur état de santé. Il est ressorti que les personnes atteintes de troubles mentaux, environ une personne sur huit du total, soit neuf cent mille Coréens, avaient un risque accru de 58% d’infarctus du myocarde et un risque accru de 42% d’accident vasculaire cérébral. Ce sont des pourcentages moyens, mais certaines conditions sont plus dangereuses que d’autres.

Roberto Pedretti, directeur du service cardiovasculaire de l’Irccs MultiMedica à Milan parle d’une “augmentation spectaculaire, avec d’importantes répercussions pratiques”qui explique : « on sait que certains troubles mentaux, même courants, comme l’anxiété et la dépression, et certaines conditions, comme l’insomnie, sont des déterminants défavorables chez ceux qui ont déjà eu un événement cardiovasculaire, bien que cette preuve ne soit pas alors dûment pris en compte dans la pratique clinique, à l’exception des cas encore trop rares où les patients ont accès à la réadaptation cardiovasculaire nécessaire ». L’importance de ce travail d’envergure est celle de “déplacer radicalement cette question vers la prévention primaire, donc vers les personnes sans problèmes cardiovasculaires, et surtout vers les jeunes”. De plus, « à l’entrée, les sujets de l’étude ont tous le même profil cardiovasculaire et cela confirme que la pathologie psychiatrique est un déterminant pronostique ». Le sujet est déjà perçu comme urgent, comme l’avoue Pedretti, membre du conseil d’administration de l’Association européenne de cardiologie préventive : « Nous avons décidé de constituer un groupe de travail d’experts pour la rédaction d’un document de consensus dédié à la prévention cardiovasculaire pour les personnes avec une maladie mentale”.

Sur les mécanismes sous-tendant la relation entre maladies psychiatriques et maladies cérébro-cardiovasculaires, certaines hypothèses sont avancées, comme celle de l’équilibre du système nerveux autonome, influencé négativement par les maladies psychiatriques, avec des effets cardiaques spécifiques tels que le développement d’arythmies même graves.
Ce qu’il faut faire? Un plan de surveillance et de prévention cardiovasculaire urgent s’impose : « Il faut plus de sensibilisation et des stratégies d’intervention précises et scrupuleuses, même dans des populations jeunes que l’on n’aurait jamais considérées à risque cardiovasculaire, exactement comme nous le faisons aujourd’hui contre d’autres facteurs de risque, le cholestérol ou l’hypertension ». De plus, la maladie mentale est un facteur indépendant des autres facteurs de risque et l’effet synergique doit être évité. Un traitement psychiatrique devra également être envisagé pour comprendre comment les médicaments utilisés affectent le risque cardiovasculaire. Enfin, en regardant encore mieux le profil des sujets avec et sans maladie mentale au début de l’étude, « il y a peu de différences de composition corporelle, de mode de vie, d’alcool, de tabac, de comorbidités, alors que la pertinence des facteurs psycho-sociaux, tels que les faibles revenus, ressort clairement » conclut Pedretti « Comment intervenir sur cet aspect devient beaucoup plus compliqué à dire et à faire, mais non moins urgent ».

(Photo de Robina Weermeijer sur Unsplash)



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