Santé
Nestlé sponsor d’un congrès sur l’obésité: la pilule passe mal
Un contrat de sponsoring d’une filiale de la multinationale a été résilié à la suite de vives critiques, quelques semaines avant l’ouverture du 30e Congrès européen sur l’obésité à Dublin.
Publié11 mai 2023, 21h51
Image d’illustration.
AFP
Quand le nom de Nestlé s’est retrouvé parmi les sponsors du Congrès européen sur l’obésité, qui aura lieu du 17 au 20 mai à Dublin, les réactions ne se sont pas fait attendre. Sur les réseaux sociaux d’abord, puis dans le “Journal Médical Britannique” via une lettre ouverte signée par plusieurs scientifiques.
«Le parrainage par Nestlé d’un congrès sur l’obésité est exactement la même chose que le soutien par un cigarettier d’un congrès sur les maladies liées au tabagisme», déclare Christoffer van Tulleken, professeur associé à l’University College London. Selon lui, Nestlé, qui avait admis dans un document interne vendre des produits mauvais pour la santé (lire encadré)est un vecteur de la malbouffe. «Son activité dépend de l’augmentation des ventes mondiales d’aliments associés à l’obésité. Elle ne peut pas faire partie de la solution.»
Contrat de 40 000 euros
Ces critiques ont fait mouche puisque le contrat a été rompu, comme nous l’ont confirmé les organisateurs de l’événement. En fait, la firme suisse s’est retrouvée sur la liste des sponsors par le biais de l’entreprise spécialisée dans les régimes, Pronokal, sponsors du congrès depuis quinze ans et rachetée par Nestlé début 2022. Selon les organisateurs, le montant du contrat était de 40 000 euros.
Contacté, Nestlé esquive les questions directement liées à cette affaire, notamment sur le déficit d’image dont semble souffrir le groupe. L’entreprise dit être toutefois «fréquemment sollicitée» via son département Nestlé Health Science «pour parrainer des réunions et des symposiums scientifiques et médicaux visant à approfondir les connaissances scientifiques des professionnels de la santé et des décideurs dans un domaine donné. Nous croyons qu’il est important de soutenir de telles réunions.»
Un document interne à Nestlé, feuilleté en 2021 par le «Financial Times», montrait que le géant de l’agroalimentaire admettait lui-même que plus de 60% des produits qu’il vend ne sont «pas conformes à la définition de la santé». On pouvait y lire aussi que, quels que soient les efforts qui seront faits à l’avenir, certaines catégories de ses produits ne pourront jamais être considérées comme «sains». Nestlé nous a répondu améliorer «continuellement» et «depuis de nombreuses années» la valeur nutritionnelle de ses produits. Sucre, sel et acide gras sont «progressivement» diminués, assure l’entreprise. Nestlé dit aussi «afficher de manière transparente les étiquettes nutritionnelles» telle que le Nutri-Score en Suisse.
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