Les hommes, grands oubliés des campagnes de prévention contre le papillomavirus humain (HPV)

Huit personnes sur dix contractent le papillomavirus humain (HPV) au cours de leur vie. Avec parfois des conséquences importantes. Le vaccin protège, mais les hommes sont les grands oubliés des campagnes de prévention.

La vaccination contre le cancer du col de l’utérus est monnaie courante dans les écoles secondaires. De nombreuses jeunes femmes et jeunes filles choisissent de recourir à la piqûre. En Suisse, la vaccination contre le papillomavirus humain (HPV) leur est recommandée depuis 2007 comme vaccination de base pour prévenir le cancer du col de l’utérus et d’autres maladies causées par le HPV. Il est préférable de le faire avant le premier rapport sexuel et entre 11 et 14 ans.

Mais les filles ne sont plus les seules à profiter du sérum. Depuis 2015, la piqure contre le HPV est également recommandée aux garçons en tant que vaccination complémentaire. Problème, les chiffres des taux de vaccination relevés sur mandat de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) montrent que les garçons sont à la traîne. Chez les filles de 16 ans, 51% sont vaccinées contre le HPV. Chez les garçons, ce chiffre n’est que de douze pour cent.

Le papillomavirus fait partie des infections sexuellement transmissibles les plus fréquentes dans le monde. Bien que les hommes soient plus rarement atteints par le virus que les femmes, ils en sont souvent porteurs. Les professionnels de la santé estiment que jusqu’à 80% des femmes et des hommes sexuellement actifs entrent en contact avec le HPV et/ou s’infectent au cours de leur vie. Ce sont surtout les jeunes de 16 à 25 ans qui sont concernés. Les hommes transmettent souvent le virus à leur partenaire, fait remarquer Elke Krause, directrice médicale du centre de dysplasie de l’hôpital de l’Île à Berne.

«Les virus sont partout, déclare la spécialiste. Ils peuvent aussi se transmettre par contact cutané. Le préservatif seul ne suffit pas». Sans examen médical, impossible de savoir si l’on est infecté ou non. Car l’infection ne cause aucun symptôme. Le test de dépistage existe, mais il est rarement effectué à l’adolescence, car «un résultat positif ne ferait qu’inquiéter les jeunes concernés».

Selon l’OFSP, dans 90% des cas, le virus disparaît en l’espace d’un à deux ans. Mais une infection persistante par un type de papillomavirus dit «à haut risque» peut provoquer des mutations cellulaires pendant plusieurs mois, voire des années, et entraîner des lésions précancéreuses ou un cancer. Outre le cancer du col de l’utérus, on observe également des cancers de l’anus, de la bouche/du pharynx et des parties intimes. Selon l’OFSP, 81% des cas de cancer anal chez les deux sexes sont dus au HPV. Chaque année, environ 200 cas sont recensés en Suisse, dont 60 chez les hommes. Selon le Swiss medical forum, environ 20 à 30% des diagnostics de cancer liés à l’HPV concernent des hommes.

Une personne sur dix contracte des verrues génitales. Pour autant, tous les types d’HPV ne sont pas associés à un risque de cancer. Certains provoquent ce que l’on appelle des verrues génitales. Celles-ci sont fréquentes chez les deux sexes. Ces lésions concernent une personne sur dix au cours de sa vie, si l’on s’en tient aux chiffres de la Confédération. Elles ne sont certes pas dangereuses, mais demeurent contagieuses. Bien qu’environ un tiers des verrues génitales non traitées guérissent au bout d’un à deux ans, un traitement médical est généralement nécessaire. Plus de 90% des verrues génitales sont causées par les deux types de papillomavirus 6 et 11. La vaccination protège dans ces deux cas, tout comme contre une grande partie des types à haut risque.

Elke Krause précise qu’il existe au total plus de 200 virus HPV. «Cependant, la vaccination ne protège pas contre tous, mais seulement contre neuf d’entre eux.» En raison des réactions croisées, le corps réagit également contre d’autres virus HPV, car ceux-ci ont une structure similaire.

Bien que les infections à HPV touchent en grande partie les jeunes, elles ont des conséquences qui peuvent se révéler problématiques au cours d’une vie. «De plus en plus d’études mettent en évidence le rôle possible de l’HPV dans l’infertilité masculine», explique la spécialiste. Selon l’une de ces études, la prévalence de l’HPV est légèrement plus élevée chez les hommes stériles (10 à 35%) que chez les hommes fertiles (2 à 31%). Plusieurs autres études confirment la présence du virus dans le liquide séminal des hommes souffrant d’infertilité idiopathique, c’est-à-dire d’une infertilité dont la cause exacte ne peut être déterminée.

Une autre étude finlandaise a examiné la dynamique de la transmission du virus entre les parents et l’enfant. Pour ce faire, des frottis génitaux et buccaux de 76 familles ainsi que des échantillons de sperme ont été prélevés sur une période de deux ans. Le profil HPV à haut risque a été constaté le plus souvent chez tous les membres de la famille (29%) suivi par les couples mère-enfant positifs à l’HPV (26%). Dans 11% des cas, il s’agissait de couples père-enfant HPV positifs.

Traduit et adapté de l’allemand par Anaïs Rey.
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