Comprendre les facteurs associés à l’utilisation à long terme d’opioïdes chez les patients atteints de fibromyalgie

La fibromyalgie est courante, affectant environ 2% des personnes dans la population générale. Les recommandations EULAR de 2017 indiquent que le tramadol – un opioïde faible – peut être envisagé pour la gestion de la douleur dans la fibromyalgie, mais déconseillent l’utilisation d’opioïdes forts en raison du manque de preuves d’efficacité et du risque élevé d’effets secondaires et de dépendance. Cependant, les options thérapeutiques disponibles pour lutter contre cette maladie étant limitées, les opioïdes sont fréquemment utilisés en pratique clinique.

L’impact de l’épidémie d’opioïdes en Amérique du Nord a suscité des inquiétudes dans le monde entier. L’utilisation à long terme d’opioïdes est associée à des effets nocifs et indésirables potentiels. Dans leur résumé présenté au congrès annuel de 2023, lors d’une session sur la douleur dans les RMD, Ramirez Medina et ses collègues soutiennent que la compréhension des facteurs associés à l’utilisation à long terme d’opioïdes chez ces patients est la première étape pour aider à développer des interventions ciblées pour la dé- prescrire.

L’équipe a mené une étude de cohorte rétrospective en utilisant les données du Clinical Practice Research Datalink (CPRD) – une base de données britannique des dossiers de santé électroniques des soins primaires. Au total, 28 554 patients atteints de fibromyalgie sans antécédent de cancer qui étaient de nouveaux utilisateurs d’opioïdes entre 2006 et 2021 ont été inclus. La consommation d’opioïdes à long terme a été définie comme ayant au moins trois prescriptions d’opioïdes sur une période de 90 jours, ou au moins une prescription d’une durée de 90 jours ou plus au cours de la première année de suivi.

Les résultats montrent que 26 % des nouveaux utilisateurs d’opioïdes sont devenus des utilisateurs à long terme au cours de la première année. Plusieurs facteurs étaient associés à un risque plus élevé de consommation d’opioïdes à long terme. Ceux-ci comprenaient les équivalents quotidiens moyens en milligrammes de morphine (MME) au début, les antécédents de suicide et d’automutilation, les troubles liés à l’utilisation de substances, la privation et l’obésité. La modélisation a montré que, parmi celles-ci, les trois variables les plus importantes étaient la MME moyenne/jour au début, les antécédents de suicide et d’automutilation, et la privation.

Ces informations soutiennent la position de l’EULAR sur la forte consommation d’opioïdes et peuvent aider les cliniciens à prendre des décisions de prescription pour les patients atteints de fibromyalgie.