Dans un article publié le 22 mai sur le site The Conversation, le Dr Jean-Philippe Empana, directeur de recherche au Centre de recherche cardiovasculaire de Paris (Épidémiologie intégrative des maladies cardiovasculaires), Inserm, et le Dr Omar Deraz, chirurgien-dentiste et doctorant au Centre de recherche cardiovasculaire de Paris, Inserm, s’interrogent sur les liens entre santé cardiovasculaire et minorités sexuelles. Les deux médecins rappellent qu’au cours des dernières décennies, les chercheurs, cliniciens et les pouvoirs publics ont pris conscience “du fait que les minorités sexuelles et de genre (LGBTQI+) ont des besoins spécifiques en matière de prévention et de soins de santé, en partie liés à des disparités socio-économiques et des expériences de discrimination”. La démonstration a largement été faite avec le VIH, mais qu’en est-il des autres maladies, notamment celles qui ne sont pas infectieuses ?
Par le passé, des travaux avaient été conduits aux Pays-Bas et aux États-Unis sur des disparités entre la population générale et les minorités sexuelles concernant les facteurs de risque de maladies cardiovasculaires. Le choix de s’intéresser à ces pathologies s’explique par le fait que les maladies cardiovasculaires représentent la première cause de mortalité dans le monde. C’est pourquoi les deux médecins ont décidé de réaliser une étude visant à dresser un état des lieux de “la santé cardiovasculaire des minorités sexuelles en France”. Les pathologies cardiovasculaires sont la deuxième cause de mortalité en France après les tumeurs : 135 000 décès sur les 667 000 enregistrés en 2020 au total, soit 20 % de la mortalité.
Pour réaliser cette étude, les deux chercheurs sont partis des participants de la cohorte Constances. La santé cardiovasculaire des participants a été mesurée selon un score à partir de huit critères différents (l’exposition à la nicotine, l’alimentation, l’activité physique, l’indice de masse corporelle, le sommeil, la glycémie, la pression artérielle et le niveau de cholestérol total dans le sang). Plusieurs résultats ressortent de leurs analyses, notamment que les femmes lesbiennes et bisexuelles ont des scores qui indiquent de moins bons résultats, si l’on compare aux femmes hétérosexuelles. En revanche, les hommes gays ont une meilleure santé cardio-vasculaire que les hommes hétérosexuels.
Comment expliquer ces résultats ? Les auteurs avancent plusieurs hypothèses, notamment le niveau d’exposition à différents types de stress tels que la discrimination, qui pourrait varier entre les hommes gay/bisexuels et les femmes lesbiennes et bisexuelles comparé aux individus hétérosexuels, ou encore le fait que la santé cardiovasculaire pourrait être également influencée par des facteurs systémiques, liés notamment à un accès au système de santé diminué des minorités sexuelles par rapport aux hétérosexuels.
Les deux auteurs concluent qu’il existe au sein de la population adulte française des inégalités en matière de santé cardiovasculaire qui touchent les minorités sexuelles, particulièrement les femmes lesbiennes et bisexuelles. Ils proposent de sensibiliser les acteurs du système de santé à leurs problématiques de discrimination et d’accès aux soins, aux biais qui peuvent survenir dans leur pratique, afin d’établir une relation de confiance entre les acteurs du système de santé et les minorités sexuelles.
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