Retour sur la Fashion Week masculine printemps-été 2024 des maisons Ungaro, Issey Miyake, Walter Van Beirendonck et Henrik Vibskov

Retour sur la Fashion Week masculine printemps-été 2024 des maisons Ungaro, Issey Miyake, Walter Van Beirendonck et Henrik Vibskov

80 maisons ont présenté leur collection masculine printemps-été 2024, du 20 au 25 juin 2023, à la Paris Fashion Week. Quatre d’entre elles – la française Ungaro, la japonaise Issey Miyake, la belge Walter van Beirendonck et la danoise Henrik Vibskov – ont retenu notre attention. Explications

Pour prolonger le plaisir de cette semaine masculine printemps-été 2024, voici les collections de quatre créateurs coups de cœur : Ungaro, Issey Miyaké, Walter van Beirendonck et Henrik Vibskov.

Ungaro : sartorial mais décontracté

Designer historique du masculin, Philippe Paubert connaît bien la maison comme nous l’avait expliqué, en mars dernier, la Directrice Générale de la maison : quand je suis arrivée Monsieur Ungaro m’a dit qu’il voulait quelqu’un pour créer la collection homme avec lui mais la difficulté c’était de trouver une personne qui comprenne l’homme, un peu artiste, qu’imaginait Ungaro. En 1993, je lui ai présenté Philippe Paubert”. Une relation, interrompue de 2007 à 2010, puis relancée en 2014. Deux ans plus tard, la marque renoue avec la Fashion Week et reprend les codes propres à l’ADN féminin pour les interpréter dans un esprit tailleur “le vestimentaire italien” pour une silhouette citadine mais décontractée. “Philippe aime ce qui est déstructuré, les vestes non doublées, et comme aimait Monsieur Ungaro la veste souple que l’on met dans sa valise. Il affectionne beaucoup les demi-doublures car c’est plus léger pour les costumes” soulignait, encore, Marie Fournier.

“La saison précédente, j’étais déjà beaucoup sur l’Asie. J’ai gardé cette inspiration pour ce printemps-été 2024 avec un côté plus liquide dans le traitement des graphismes (encres à l’eau, aquarelles) comme ce modèle inspiré d’une estampe japonaise et des reflets de l’eau. Plus on rentre dans l’image, plus cela devient abstrait”, précise Philippe Paubert. “On essaie d’aller vers une espèce d’abstraction en entrant dans l’image, que l’on retrouve en impression sur la doublure”. À chaque saison, un imprimé exclusif différent double l’intérieur des vestes. Ici l’homme – un urbain, un artiste cool qui ne se laisse pas enfermer dans des codes vestimentaires stricts – aime les belles matières un peu techniques, les belles mailles, pour des pièces qui traversent les saisons et qu’il peut mixer ensemble. On continue de travailler l’élégance casual à travers des tissus en maille bi strech, toujours traité à la manière sartoriale. Cela reste une veste, demi-doublée, avec tous ses codes mais qui offre légèreté et un confort incroyable. À la taille uniquement dans le dos, le pantalon a un élastique tandis que sur le devant, on a l’impression d’avoir un pantalon normal traditionnel”, s’amuse le créateur qui se souvient : “Emanuel voulait toujours que les tissus soient fluides, qu’ils accompagnent le mouvement. Mes tissus ont des performances qui les rendent parfaits pour voyager. Cela respire, suit le mouvement. C’est toujours impeccable. Tout le challenge est de garder le côté sartorial !”

Issey Miyake Homme Plissé : simple mais structuré

Depuis 2018 pendant la Paris Fashion Week, le couturier japonais privilégie sa ligne Homme Plissé, plus adaptée au style de vie d’aujourd’hui, que sa ligne principale Issey Miyake Men. Avec son emblématique technique de plis et sa matière infroissable et légère à séchage rapide, cette ligne plaît aux hommes branchés affectionnant ce vestiaire facile à vivre au quotidien. Au départ, la version féminine du plissé destinée aux danseurs fut produite pour le ballet La perte des petits détails en 1991 avant le lancement de la ligne en 1993. La ligne masculine, qui reprend le principe du plissé féminin tout en l’adaptant, a été lancée au Japon en 2013 et en France l’année suivante. Ce vestiaire moderne, urbain et sportif, est né de l’envie de créer des vêtements légers permettant une liberté de mouvement. Ils sont développés à partir des recherches du designer Issey Miyake sur le plissage qu’il a commencé en 1988. Son concept s’appuie sur trois idées : le mouvement grâce au plissé qui apporte élasticité au vêtement, le confort avec le développement d’une matière conceptuelle et technique et la modernité qui apporte une vision contemporaine du vêtement.

C’est au Musée des Arts Décoratifs, au rez-de-chaussée de la Nef qu’a été présentée la collection Chaque jour, unique en son genre, maintenant et dans l’au-delà, construite autour d’une réflexion sur la conception et la fabrication propres à la technologie du plissé. Comme à l’accoutumée, les défilés de la maison relèvent aussi de la performance : suspendus dans les airs T-shirts et débardeurs en maille non plissée de différentes couleurs attirent l’œil des invités. Mais pas de performance dansée cette saison à la place une scénographie originale : trois hommes, en débardeurs et pantalons blancs, déroulent un énorme rouleau de papier plissé blanc qu’ils déposent délicatement au sol. Puis vient se positionner l’équipe de design vêtue de noir : chacun découpe une partie de ce rouleau et dévoile caché en son sein une pièce vestimentaire pour vêtir le mannequin positionné à ses côtés. Le show peut commencer : les couleurs sont franches mais on note quelques imprimés (avec des formes circulaires et triangulaires) sur un vestiaire facile à vivre tout en souplesse. On aime ces silhouettes – T-shirts tellement longs qu’ils ressemblent à des robes tuniques, vestes, jupes et shorts…- qui ont l’air simples mais sont savamment structurées ainsi que ces lignes minimalistes aux couleurs éclatante.

Walter Van Beirendonck : propos plus arty

Créateur basé en Belgique, il présente ses collections masculines depuis 1983. Walter Van Beirendonck, un des “Six d’Anvers”, adopte, depuis toujours, une démarche stylistique originale entre artwear et inspiration ethnique à base de graphisme agressif et de couleurs flamboyantes avec en toile de fond un message politique, comme sa première collection Sado en 1983. Ses défilés excentriques font sensation à Paris et sont suivis par la profession car ils racontent des histoires et interpellent l’opinion. Ainsi pour l’automne-hiver 1995-1996, les hommes couverts de latex de la tête aux pieds évoquaient des préservatifs géants et les ravages du Sida. Utilisant le podium comme scène d’engagement politique, le créateur exprime, toujours avec des créations – hautes en couleur, fantaisistes et humoristiques – des idées fortes. Si les non-initiés se retiennent de rire, les journalistes et acheteurs savent, eux, qu’à travers ses collections, il parle des comportements vestimentaires comme des dérives de la mode ou des maux du monde avec cette approche ludique et faussement naïve.

Dans la collecte Dawleetoo (une cité perdue dans la forêt hondurienne) est, cette fois-ci, plus sobre même si le créateur compose toujours à partir de son habituel univers excentrique et anticonformiste. “Est suis tombé sur des images incroyablement intrigantes de Dawleetoo. Était-ce une ville perdue ? Ou un faux endroit ?” indique-t-il sans sa note d’intention. Pas de couleurs tapageuses, les pièces sont monochromes ou bicolores (noir/jaune, blanc/rouge). Le show débute avec une série de tenues blanches ponctuées de détails rouges. Les inspirations sont multiples comme cette influence du monde du sportif – chaussettes à grosses rayures de rugbyman, minishorts de runners, maillots de cyclistes rallongés et protège épaules rembourrées de footballeurs américains, prenant ici une forme pointue. On adore les souliers à lacets noirs ou blancs d’apparence sobre mais dont le bas de la tige s’inspire de crocs animaliers à porter avec un costume sombre et une chemise à jabot. Le vinyle rouge s’invite en motifs dans plusieurs tenues mais aussi à travers des gilets ou des blousons. À l’opposé, d’autres silhouettes jouent la transparence : chemises, vestes et pantalons en soie blanche. Ailleurs, des hiéroglyphes sont repris en motifs abstraits : “J’ai créé un alphabet alien”. Les dernières silhouettes multicolores sont en soie peinte à la main. Lors du final, le créateur couvre ses mannequins d’une housse en plastique transparent décorée sur le devant d’un dessin de squelette. Dans le dos de chaque housse une lettre, l’ensemble indique Stop terrorizing our world (Arrêtez de terroriser notre monde).

Walter Van Beirendonck

Henrik Vibskov : 20 ans de Paris Fashion Week

Diplômé de la Central Saint Martin’s en 2001, il est le seul créateur scandinave au programme officiel de la PFW, à laquelle il participe depuis 2003, soit plus de 40 collections présentées à ce jour. Henrik Vibskov a également exposé plusieurs fois au Festival d’Hyères ainsi qu’aux Galeries de Galeries, à la Biennale de Saint Etienne, à la Maison du Danemark et au Palais de Tokyo. Son approche plastique de la mode a vite amené ce créateur, au style éclectique et riche en couleur, à s’intéresser à d’autres champs artistiques tels que la danse, le théâtre ou la musique. En tant que musicien, il a joué avec l’artiste électronique, Trentemøller, sur scène au Théâtre du Bataclan à Paris et a produit le costumes pour le Lac des cygnes d’Alexander Ekman au Théâtre des Champs-Elysées. Ses créations ont été présentées dans des institutions comme le PS1 – Moma à New York, l’Institute of Contemporary Art à Londres, le Palais de Tokyo à Paris ou le Temple Kiyomizu-Dera à Kyoto.

Pour sa collection Le tuto valse unboxing, il a proposé une installation dans la cour d’un lycée situé près du Panthéon : au centre un ring de boxe sur lequel montent deux mannequins pour un tour de piste avec en toile de fond un “ring annoncer” présentant les combattants en chanson. On a aimé, par exemple, ces robes et chemises avec le devant dans le dos qui peuvent se porter dans les deux sens. La collection est plus sobre qu’habituellement mais très graphique. Elle est réalisée à partir de tissus recyclés ou organiques, et 83% des vêtements sont composés de tissus certifiés avec la perspective d’augmenter ce nombre pour les saisons à venir. Cette saison, la marque s’est associée à la créatrice de bijoux Vibe Harsløf pour créer des pièces en argent : boucles d’oreilles, colliers, pièces de nez.


2023-06-26 18:56:45
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