Après la marche sur Moscou, nous avons besoin d’une idée pour la paix – Corriere.it

Après la marche sur Moscou, nous avons besoin d’une idée pour la paix – Corriere.it

2023-06-26 09:12:24

De Paolo Miéli

En fait, l’OTAN a démenti la thèse selon laquelle elle était ouverte à toute aventure pour se débarrasser de Poutine. Il a commencé la guerre, il va falloir faire machine arrière

QQuelque chose a changé avec la tentative de coup d’État ratée d’Evgueni Prigojine. radicalement. Le despote Poutine sort de l’épreuve apparemment affaibli. Mais, au moins jusqu’à présent, son système a tenu le coup. Certes, ces images des citoyens et des soldats de Rostov qui manifestent leur solidarité avec les émeutiers wagnériens, les accueillant et les saluant avec des câlins et des applaudissements, resteront gravées dans la mémoire. En plus de la photo de Prigozhin en conversation amicale avec le vice-ministre russe de la Défense, c’est le numéro deux de ce Choïgou dont le rebelle demande le retrait depuis des semaines. Et aussi ceux du manque de résistance aux troupes catilinaires qui ont marché des centaines de kilomètres en direction de Moscou avec l’intention déclarée de conquérir le Kremlin.

Il est vraiment impressionnant qu’il y a quelques jours, le lauréat du prix Nobel de la paix, Dmitry Muratov, directeur de Novaya Gazetas’exprimant lors du Global Media Forum à Bonn, était capable de prédire ce qui allait se passer. Cependant, Muratov pensait que le coup d’État aurait lieu avec la mise en place d’un nouveau type de junte militaire mais sans le renversement du président sortant. Un coup d’État sans changement de pouvoir. À savoir avec le consentement de Poutine. Au lieu de cela, ce manque de consensus et l’initiative de Prigozhin ont sombré.

Étonnamment, le monde entier, même la partie qui se déclare l’ennemi de Poutine, a assisté presque avec soulagement au règlement (temporaire ?) de la crise. Quelques heures ont suffi pour lui faire décider qu’il est l’état dans lequel c’était préférable au triomphe d’un aventurier sanglant. Alors que cet aventurier avait concédé aux adversaires de l’autocrate la reconnaissance que les raisons de l’attaque d’il y a un an et quatre mois contre l’Ukraine (l’OTAN se préparant à une agression folle contre la Russie) ils n’étaient que de faux prétextes, des tromperies pour l’opinion publique. Un aveu pertinent non pas d’un des associés de Navalny mais de l’homme qui a combattu pendant neuf mois la bataille de Bakhmut et qui a évidemment eu une idée de la raison pour laquelle il était lui-même là-bas en Ukraine pour faire la guerre.

Mais aucun pays de l’OTAN, pas même les États baltes et la Pologne, n’a dit un mot en faveur de l’initiative de Prigozhin. Ni les États-Unis, qui ont pratiquement admis qu’ils étaient au courant des intentions du rebelle depuis des jours. En fait, l’OTAN a démenti la thèse selon laquelle elle était ouverte à toute aventure pour se débarrasser de Poutine. Et il a confirmé que les armes de Zelensky ont été remises et raison de plus qu’elles ne seront données à l’avenir que pour permettre à l’Ukraine de se défendre. Rien d’autre. Poutine a commencé cette guerre, il va devoir faire marche arrière pour prendre le chemin de la paix.

Curieusement aussi à cette occasion l’homme fort du Kremlin évoquait 1917 heinil a implicitement réitéré son mépris pour Lénine et qu’il se considérait comme l’héritier du tsar Nicolas II plutôt que, du moins en partie, de Staline. Ce clin d’œil à ’17 a de nombreuses implications. En août de cette année (l’année des deux révolutions russes, celle de février et celle d’octobre) Le général Kornilov a tenté un coup d’État. Le moment était très délicat puisque la Première Guerre mondiale était en cours dans laquelle la Russie était déployée, dans la Triple Entente, aux côtés de la France et de l’Angleterre. Lavr Georgievic Kornilov, favorable à l’éviction du tsar Nicolas II au printemps, avait été nommé commandant suprême des forces armées. Il réclamait déjà des lois plus sévères au début du mois d’août, s’est alarmé lorsque les Allemands ont occupé Riga et, à ce moment-là, tenta de conquérir tout le pouvoir afin de reprendre énergiquement la guerre contre l’Allemagne. Le chef du gouvernement Kerensky décida alors de le destituer et pour y parvenir il fut contraint de s’ouvrir aux bolcheviks de Lénine. Kornilov se réfugie dans la région du Don où il crée la première armée blanche contre-révolutionnaire. Quelques semaines passèrent et Lénine put profiter de ce moment de déstabilisation pour se débarrasser de Kerensky (la révolution d’Octobre) ; le 3 mars 1918, la Russie de Lénine signa le traité de Brest-Litovsk avec les puissances centrales et, le 13 avril, elle réussit à faire tuer Kornilov.

La France, l’Angleterre avaient soutenu Kornilov et cela, de fait, affaiblissait le chef des armées aux yeux de ses compatriotes. La plupart d’entre eux voulaient mettre fin à une guerre qui était maintenant – quoi qu’en dise Poutine – irrémédiablement perdue (du moins en ce qui concerne la Russie). Mais surtout, ils croyaient avoir identifié Kornilov comme un agent au service d’intérêts étrangers. Et – à l’exception d’une partie de la droite la plus réactionnaire – ils ne l’ont pas soutenu. La fierté nationaliste a pris le pas sur toutes les autres considérations et a profité aux bolcheviks.

Cette fois, les Occidentaux n’ont pas répété l’erreur. Bien que certains libéraux russes aient fait l’éloge de Prigozhin depuis samedi matin (l’un des spectacles les plus embarrassants d’une journée surréaliste, écrivait-il sur Presse Anna Zafesova, tout en sympathisant avec les dissidents), les alliés de Zelensky n’ont pas prononcé un seul mot qui trahisse la sympathie pour la marche wagnérienne sur Moscou. L’armée ukrainienne elle-même a décidé de ne pas s’engager dans des entreprises militaires qui profiteraient de la désorientation qui s’est installée parmi les troupes ennemies. Des nouvelles se sont même répandues – non démenties – sur des contacts entre les services secrets occidentaux (prévenus de l’intention) et russes : tous visant à empêcher la Russie de sombrer dans le chaos. Le jour peut-être pas loin où l’on s’entendra sur la paix, on sera forcé de découvrir que la première pierre de cet accord a été posée le samedi 24 juin 2023.

25 juin 2023 (changement 26 juin 2023 | 08:12)



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