C’est un projet vieux de vingt ans qui vient d’être débloqué à Villejuif (Val-de-Marne), non sans créer de remous. Le conseil municipal a voté ce mercredi soir la promesse de vente d’un terrain de 1900 m2 à l’Association des musulmans de Villejuif (AMV), à l’étroit dans ses locaux vieillissants de la rue Roger-Morinet.
L’AMV va y construire une mosquée avec salles de prière, salles de cours, bibliothèque et salon de thé, même si le projet architectural précis sera défini ultérieurement. La parcelle choisie, baptisée Le Portail, est située le long de la D 7 entre les 77-79, avenue de Paris et le 7, rue Henri-Barbusse, à deux pas du métro Léo-Lagrange. Le projet architectural sera défini ultérieurement.
Montant de la vente : 2,4 millions d’euros. La municipalité, propriétaire, cède le lieu à une foncière créée par l’AMV pour l’occasion. « C’est le prix auquel nous avons acheté le terrain en 2019 auprès du Syndicat d’Action Foncière (SAF) et cela correspond à l’estimation reçue par les Domaines en juin », précise le maire, Pierre Garzon (PCF).
« Il est déjà impossible de se garer dans le secteur »
Dans la salle du conseil municipal, mercredi, des dizaines de musulmans ont fait le déplacement pour cette date historique. Vêtus de leur tenue de fête en ce jour de l’Aïd-el-Kébir, ils ont applaudi chaudement lors du vote, qui scellait l’aboutissement d’un dossier compliqué ayant connu nombre de déconvenues.
Mais les opposants au projet sont également venus assister à la séance afin de manifester leur colère face à ce qu’ils appellent « un déni de démocratie ». Pour eux, le terrain de l’avenue de Paris est inadapté : « Il est déjà impossible de se garer dans le secteur. Même les parents galèrent pour déposer leurs enfants à l’école. Et le vendredi, jour de prière, cela amènera un flux très important. Tout cela créera des nuisances dans un quartier qui ne se prête pas du tout à ce type de projet », résument les collectifs Rien ne se fera sans nous, Bien Vivre à Villejuif Est, Villejuif Esprit Village, Tranquillité pour tous et l’association des habitants et riverains du quartier Aragon.
« Une pétition récente a rassemblé 600 signatures contre cette implantation », ajoute un manifestant. « On tente de se faire entendre mais la ville a déjà pris sa décision depuis longtemps », dénonce une autre.
« Les riverains de Léo-Lagrange n’ont pas de crainte à avoir »
La mairie concède que la question du stationnement devra être réfléchie. L’une des pistes ? Utiliser le parking d’une grande société voisine le vendredi, jour de prière… et de télétravail. « Beaucoup viendront aussi en transports en commun : le site est très bien desservi, juste à côté du métro Léo-Lagrange et du bus 185 », rappelle Salah, vice-président de l’AMV.
En 2015, l’association recensait une centaine de fidèles pour les prières quotidiennes, 500 à 800 fidèles pour celles du vendredi et plus de 1 000 lors des fêtes. « Les riverains de Léo-Lagrange n’ont pas de crainte à avoir, rassure Salah. Tout se passe déjà très bien dans les locaux actuels alors qu’ils sont petits et dans une rue étroite du centre-ville. Donc tout se passera très bien là-bas aussi. »
Un lieu également choisi par l’ancien maire de droite
Christel Esclangon (MoDem), élue d’opposition, explique être « pour la construction d’un second lieu de culte pour les musulmans à Villejuif » mais s’avoue « dubitative quant au choix du lieu et de la méthode. Il y a d’autres terrains libres, près d’Arcueil par exemple, ce qui aurait permis de proposer un prix moins élevé à l’association, ou près de la ZAC Campus Grand Parc aménagée par la Sadev, dont Monsieur Garzon est le président ».
« Le site de l’avenue de Paris avait été choisi par l’ancien maire Franck Le Bohellec (DVD), pourtant farouche opposant à la future mosquée, rétorque Pierre Garzon, preuves à l’appui. Il y aura une concertation sur le projet architectural et urbanistique car ce centre devra s’intégrer dans le futur réaménagement du quartier, qui comprendra une sente piétonne entre la D 7 et Pasteur, des espaces verts… »
« J’y vois même un intérêt pour le quartier car cela ramènera des clients pour le marché, ajoute Guillaume Bulcourt (PCF), l’un de ses adjoints. Ce projet, j’en entends parler depuis 2001. Or, en 2023, les musulmans n’ont toujours pas de lieu de culte digne de ce nom. Car c’est simple : tout le monde est toujours pour les mosquées, mais ce n’est jamais le bon endroit. »
2023-06-29 18:31:00
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