Le commerce de feux d’artifice : un marché nébuleux et dérégulé

Le commerce de feux d’artifice : un marché nébuleux et dérégulé

Enquête

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Mort de Nahel, tué par un tir policier à Nanterre
dossier

Si la vente de matériel pyrotechnique fait l’objet d’une législation renforcée depuis que l’usage émeutier des mortiers s’est répandu, les professionnels décrivent un milieu nébuleux et de facto dérégulé. Entre commerçants peu regardants, trafic sur Snapchat et cargaisons à bas coût importées d’Europe de l’Est.

C’est un grand magasin de pyrotechnie parisien, avec pignon sur rue, littéralement comme en matière de référencement Google. Le patron, appelons-le Robert (1), est formel : «On a reçu des centaines d’appels, mais dès jeudi, j’ai tout retiré de la vente. Je veux pas d’emmerdes et j’ai bien fait : dès vendredi la police était dans ma boutique et y avait plus rien en vitrine, tout était dans la soute.» La soute ? «C’est une sorte de coffre-fort à explosifs, avec des portes coupe-feu et tout, c’est obligatoire en principe.» De toute façon, précise-t-il, ça fait déjà quelques années qu’il ne vend plus de «chandelles romaines», comme on appelle dans le jargon des artificiers ces tubes de cartons (parfois de métal) remplis de projectiles lumineux. La police et la presse utilisent plutôt le terme de «mortiers d’artifice», massivement détournés de leur fonction festive ces dernières années, et plus spectaculairement lors des violences urbaines qui ont embrasé le pays depuis la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier lors d’un contrôle routier. «On avait déjà eu des problèmes avec des chandelles qu’on avait vendues qui s’étaient retrouvées utilisées pour viser des flics, poursuit-il. J’avais pas envie d’être mêlé à ça. Aujourd’hui, je bosse surtout avec des pros – les gens du théâtre, du cinéma, ce genre de choses.» La nature ayant horreur du vide,

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