Le duel Pogacar-Vingegaard sur la côte de Domancy

Le duel Pogacar-Vingegaard sur la côte de Domancy

Un parcours «mal-plat»

Il a hâte de voir ça. Comme ses congénères agglutinés derrière une barrière en pleine côte de Domancy, cet homme voit depuis les alentours de 13h, son après-midi rythmée par les passages successifs des autres coureurs du Tour. D’abord un coup de klaxon au loin, qui retentit derrière la courbe. Puis le cri profond d’un homme qui s’élève dans l’air chaud à chaque passage de coureur. Et enfin, la foule qui répond en écho lorsqu’elle voit la silhouette penchée dans une courbe aérodynamique apparaître sur la chaussée.

C’est à ce moment que l’homme lève son verre vers le ciel. «C’est un peu lassant, mais à 16 h 58, le Slovène partira», assure-t-il. Il ne nous apprend rien. «Vingegaard partira deux minutes plus tard», ajoute-t-il. Comme tout le monde, il s’interroge: «Les coureurs changeront-ils de vélo en cours d’ascension? Parce que le parcours là, il est mal plat…» En effet, les 6 derniers kilomètres de la côte de Domancy, également appelée Route Bernard Hinault, présente des tronçons de 10% et près de 600 mètres de dénivelé.

Un orage gobe le Mont-Blanc sous un ciel obscur. Mais la côte reste brûlante. Et les bouteilles de Chablis se vident. Le vent souffle depuis l’ouest. La chaleur est étouffante. «Je ne pourrais pas rouler là-dedans, moi», pointe l’homme au verre de vin.

Ecraser la route

Mais Pogacar part. Le Belge Wout Van Aert vient en 35’27” de détrôner le Français Remi Cavagna assis sur le siège du vainqueur d’étape depuis un petit moment après avoir déchiré les 22,4 kilomètres de bitume en 35’42”. Les temps sont déjà affolants. On sait que tout sera renforcé d’ici une demi-heure.

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Coup de pédale puissant, regard rivé sur la route, visage placide, le Slovène en blanc abat les kilomètres. Mais Vingegaard s’envole, à son tour. Lui aussi est puissant, lui aussi a le regard rivé sur la route. Son visage aussi est placide. Mais au-delà du maillot jaune, il semble avoir un truc en plus. Des watts tirés d’un autre univers que sa frêle silhouette exulte dans un tour de jambe affolant. Hier, il se défendait de «ne rien prendre», tout en affirmant comprendre le scepticisme du public à son égard.

Là en le voyant écraser la route, le temps et son adversaire, c’est nous qui ne comprenons plus rien. «Aujourd’hui, tu dois montrer au monde que tu es le plus fort». La voix de son directeur sportif résonne à son oreille. Il avance comme un être affamé sur le Slovène qui soudain paraît fragile.

Une idée de l’avenir

Jonas Vingegaard prend-il en considération les conseils de son coéquipier Wout Van Aert qui vient de parcourir la route? Ou appuie-t-il seulement sur les pédales? A l’image son dos semble surmonté d’une crête. Quel est cet animal vorace? Que cache ce sourire angélique qu’il esquisse depuis des jours sur le podium, un bouquet à la main? Il vole.

Alors on est pris de pitié pour Tadej Pogacar. Et quand le Slovène soudain pose pied à terre afin de changer de monture pour aborder la pente, on a envie de lui crier de fuir. De sauver sa peau. Car à mesure que l’ennemi se rapproche, l’écart au général se creuse. L’inquiétude monte, mais l’homme en blanc pédale à nouveau. Sur la ligne d’arrivée, le Slovène n’a pas été avalé par le Danois, mais il a pris un coup. Demain, Vingegaard partira avec 1’48” d’avance au général sur Pogacar. De quoi se faire une idée de la suite

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