Des légendes et des premières : les lieux inédits du Tour de France

Des légendes et des premières : les lieux inédits du Tour de France

Bien sûr, Bordeaux a accueilli le Tour de France pour la 81e fois, Pau pour la 74e fois, Bayonne pour la 33e fois et Morzine pour la 22e fois, sans compter Paris. Mais il y a aussi des endroits que le Tour de France n’avait jamais visités : après Bilbao et Amorebieta-Etxano, il y a eu Nogaro (dans le Gers), Chatillon-sur-Chalaronne (dans l’Ain), Belleville-en-Beaujolais (dans le Rhône), Moulins (qui est pourtant la préfecture de la Loire), ainsi que Combloux, Passy et Les Gets (en Haute-Savoie), auxquels on peut ajouter Vulcania, cher au défunt président Giscard d’Estaing. Vendredi et samedi, Poligny (dans le Jura) et Le Markstein, gravit en 2022 par le Tour féminin, concluront la galerie des arrivées inédites. Il suffit parfois d’une première pour entrer dans la légende du Tour. L’exemple le plus fort est sans conteste celui d’Orcières-Merlette, dans les Hautes-Alpes. Station de sports d’hiver peu connue, elle intègre soudainement le club des grands le 9 juillet 1971. Luis Ocana terrasse le cannibale, Eddy Merckx, en le devançant de huit minutes. Merckx, dont c’est le premier échec, commente : “Ocana nous a matés comme El Cordobes dans l’arène mate ses taureaux.” Jacques Goddet, dans L’Équipe, est catégorique : “Jamais les choses ne seront plus comme avant.” Luis Ocana : Et Orcières entra dans la légende du Tour. Ce coup de théâtre, qui propulse Orcières-Merlette dans l’histoire du Tour, est suivi de deux autres : après la journée de repos, sur la route de Marseille, Merckx et son équipe attaquent et reprennent deux minutes à Ocana. Les échappés roulent si vite vers Marseille que le maire, Gaston Defferre, arrive en retard sur la ligne d’arrivée ! Mais le 12 juillet, sous l’orage, Ocana chute dans la descente du col de Menté et doit abandonner. Eddy Merckx remporte son troisième Tour de France et les touristes affluent dès l’hiver suivant à Orcières-Merlette. Un autre exemple : le Futuroscope. La première fois que le Tour y pose ses valises, en 1986, le “bébé” de René Monory, élu du département de la Vienne et président du Sénat, est à peine sorti de terre. Il n’ouvrira qu’un an plus tard. Ce ne sont partout que grues, chantiers et travaux. José Angel Sarrapio remporte l’étape et, dans le monde entier, le futur parc d’attractions se présente bien mieux qu’une campagne publicitaire. En 1990, c’est le Graal avec le grand départ. Trois étapes s’y déroulent : un prologue remporté par Thierry Marie, une étape en ligne et un contre-la-montre par équipes remporté par Panasonic. C’est même une étape historique qui se déroule ce dimanche 1er juillet au matin sur 138 kilomètres. Dès le départ, quatre échappés : Frans Maassen, Steve Bauer, Ronan Pensec et Claudio Chiappucci. Ils roulent si vite qu’on entend Bernard Hinault, dans une voiture de la direction, crier “Caravane avant, plus vite, plus vite !” On se retourne, les quatre sont presque sur le pare-chocs. Le peloton ne les reverra pas. Sur la route, des agriculteurs mécontents jettent des peaux de moutons sur les voitures suiveuses (le lendemain, sous une pluie battante, la course sera même déviée pour éviter les manifestations). L’échappée permettra à Maassen de remporter l’étape et aux trois autres de porter tour à tour le maillot jaune : Steve Bauer, puis Ronan Pensec, puis Claudio Chiappucci, en jaune jusqu’à la veille de l’arrivée, finalement battu dans le contre-la-montre du lac de Vassivière par Greg LeMond. Le Tour reviendra au Futuroscope en 1994, 1999 et 2000 pour le grand départ. Lance Armstrong y remportera deux étapes, mais chut, il ne faut pas le dire. D’autres endroits ont intelligemment utilisé le Tour pour se promouvoir : le Puy-du-Fou avec deux grands départs et une arrivée d’étape ; le lac de Madine, qui a eu moins de chance avec un contre-la-montre disputé sous une pluie glaciale en 1993 et remporté par Miguel Indurain terrassant une fois de plus la course ; ou le lac de Vassivière, avec trois contre-la-montre. Et puis il y a eu les années Merlin-Plage, avec deux arrivées d’étapes en 1972 et 1975 et un grand départ en 1976 sur cette côte vendéenne où mille logements venaient d’être construits. L’entrepreneur Guy Merlin, pionnier du tourisme de loisirs avec des constructions plus ou moins élégantes sur le littoral, avait trouvé un excellent moyen de faire connaître ses appartements à bas prix. Une arrivée, quatre arrivées et cinq départs, dont un prologue remporté en 1976 par Freddy Maertens lors d’un contre-la-montre. Les “circuits Merlin-Plage” se déroulaient sur le territoire des communes de Saint-Jean-de-Monts et Saint-Hilaire-de-Riez, mais on oubliait parfois de les mentionner, ce qui rendait les maires furieux. Mais cela ne leur coûtait rien non plus, l’entreprise Merlin prenant tout en charge…Accusé de défigurer la France avec ce que certains appelaient ses “cages à lapins”, Guy Merlin était généreux avec les coureurs, offrant 100 000 francs de l’époque (environ 76 000 euros)… et une villa, notamment à Bernard Thévenet. Le vainqueur du Tour 1975 a souvent raconté qu’il n’est jamais allé chercher les clés…
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