Oppenheimer : Le grand boom attendu de Christopher Nolan

Oppenheimer : Le grand boom attendu de Christopher Nolan

Le nouveau film-événement de Christopher Nolan, un biopic sur le père de la bombe nucléaire, Julius Robert Oppenheimer, est un véritable tour de force. Dans le style visuellement percutant auquel le réalisateur nous a habitués, le long-métrage fait preuve d’une grande subtilité pour dérouler son récit.

“Oppenheimer” de Christopher Nolan, avec Cillian Murphy, Robert Downey Jr., Emily Blunt, Matt Damon… 3 h 01.

Attachez-vous à vos sièges, “Oppenheimer” est bien le grand boom attendu. À tous égards, ce très long-métrage (3 h 01 !) de Christopher Nolan, sorti le mercredi 19 juillet dans les salles obscures, déborde d’intensité. Un spectacle grandiose et captivant qui parvient presque à reléguer l’arme de destruction ultime au second plan, tant le casting se dévoue pour ce film hautement psychologique.

Le réalisateur londonien, réputé pour en mettre plein la vue aux spectateurs – “Inception”, “Interstellar”, “Tenet”, la trilogie “Dark Knight”… – assume pleinement son statut dans son nouveau film en décrivant la vie tourmentée du physicien Julius Robert Oppenheimer (Cillian Murphy), inventeur de la bombe atomique.

Tous les éléments du film créent une tension palpable. Des plans rapprochés sur les visages tourmentés des acteurs, un montage agité qui ne laisse pas une seconde de répit, une ambiance sonore étouffante (le bruit destructeur d’une explosion succédant à un silence, les pleurs perturbants d’un bébé, le crépitement sinistre d’un compteur Geiger)… Chaque élément sert un seul but, celui de nous mettre les nerfs à vif. L’alternance entre le noir et blanc – pour l’après-guerre – et la couleur – pour l’action pendant le projet Manhattan – combinée à un récit qui ne suit pas du tout la chronologie de la vie d’Oppenheimer, fait le bonheur de Christopher Nolan qui livre à nouveau un grand film.

Des acteurs irréprochables

Le long-métrage présente également plusieurs performances d’acteurs absolument mémorables. Robert Downey Jr. déploie tout son talent dans un jeu époustouflant. Sous les traits de Lewis Strauss, homme politique et ancien président de la Commission de l’énergie atomique des États-Unis, il varie ses expressions faciales et sa diction avec aisance. Passant du philanthrope doux au politicien sournois, il devient au fil du récit un personnage complexe à cerner, jusqu’à la révélation de ses véritables intentions dans le dernier tiers du film. Un second rôle qui, dans de nombreuses autres productions, aurait volé la vedette au premier.

Ce n’est pas le cas ici, tant Cillian Murphy, qui incarne Oppenheimer, est habité par son rôle. Toujours sur le fil du rasoir, au bord de la rupture, incertain de tout sauf de lui-même (“Vous pouvez convaincre n’importe qui de n’importe quoi. Même vous…”, lui lance son collègue William L. Borden, interprété par David Dastmalchian). L’acteur irlandais joue chaque scène, même la plus banale, avec une intensité saisissante. Bluffant, stupéfiant, explosif.

À 100 %

Le reste du casting, naturellement plus en retrait, contribue à l’excitation du film. Du lieutenant-général Leslie Groves (Matt Damon), militaire borné mais attachant, à Katty Oppenheimer (Emily Blunt), l’épouse passionnée confrontée aux doutes de son mari et qui reste son principal soutien du début à la fin, en passant par l’amante Jean Tatlock (Florence Pugh) dont les liens avec le Parti communiste posent problème au protagoniste, tous sont à fond.

Et cela, sans même parler de la multitude d’acteurs jouant des scientifiques impliqués dans le projet Manhattan. Ce groupe hétéroclite met Oppenheimer face à la plus grande question de sa vie : est-il juste de créer une telle arme de destruction ? Le film ne donne pas de réponse définitive, laissant certaines zones d’ombre au père de la bombe atomique. Bien que sa psyché soit tourmentée, nous n’entrons jamais complètement dans sa tête. Cela n’est pas déplaisant.

Des dialogues millimétrés

L’écriture des dialogues, à la fois naturelle et punchy (“Je suis devenu la mort, le destructeur des mondes”, lâche le physicien en voix off, comme pour signifier qu’il le pense, juste après le premier test réussi d’une bombe atomique), est redoutablement efficace. Cela compense parfaitement la légère tendance du film à s’éparpiller et ajoute à son brillant général.

“Oppenheimer” gronde, émerveille et effraie tout à la fois. Ce n’est pas le genre de film à prendre à la légère. Il se peut également que celui-ci ne marquera pas l’histoire du cinéma, en raison de Christopher Nolan lui-même. La magnificence de ses précédents films fait de celui-ci un peu plus “normal”. Mais ne boudons pas notre plaisir. Ouvrons grand les yeux et profitons de cette explosion.

Dorian Lacour

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