Adekeye Adebajo | France: the myth of liberté, egalité and fraternité | In Focus

Adekeye Adebajo | France: the myth of liberté, egalité and fraternité | In Focus

La France aime souvent se targuer d’être l’héritière de révolutionnaires régicides progressistes, comme le consacre sa devise nationale : liberté, égalité et fraternité. Les récentes émeutes dans le pays ont cependant révélé les profondes failles socio-économiques d’un pays en profond déni. La France a historiquement utilisé une mission civilisatrice perverse pour s’engager dans trois siècles d’esclavage brutal dans les Caraïbes, suivis d’un siècle d’un colonialisme souvent sauvage en Afrique. Il n’a pas présenté d’excuses complètes, et encore moins payé des réparations, pour ces atrocités.

Suite à l’apparition de la vidéo du récent meurtre de type exécution d’un jeune algéro-marocain-français de 17 ans, Nahel Merzouk, en plein jour, par un policier français à un arrêt de la circulation dans une banlieue parisienne, six nuits d’émeutes ont éclaté à Paris, Marseille, Lyon, Lille, Dijon, Toulouse et Strasbourg. Ces attaques ont entraîné 3 700 arrestations ; 5 000 voitures incendiées ; 11 000 feux allumés ; 2 000 magasins pillés ; et des attaques contre des postes de police, des mairies, des bureaux des impôts et des bureaux de poste, tous considérés comme des symboles de l’oppression de l’État. Les dommages causés par ces attaques ont atteint environ 1 milliard d’euros.

L’officier qui a tué Nahel a été accusé d’homicide. Cela s’est produit uniquement en raison de la preuve vidéo de l’automobiliste qui s’éloignait du policier qui avait pointé une arme sur la tête de Nahel et menacé de lui tirer dessus. Avant la diffusion de la vidéo, la police française avait publiquement menti en disant que Nahel avait foncé droit sur le policier qui, selon elle, avait agi en état de légitime défense.

MAGHREBIS MARGINALISÉS, NOIR BRUTALISÉS

Ces événements mettent une fois de plus en lumière la colère refoulée des populations noires et brunes brutalisées et marginalisées dans les régions les plus démunies de France. banlieues (banlieues) qui manquent de services sociaux de base et d’écoles, d’hôpitaux et de logements décents, malgré des efforts timides de rénovation urbaine. Pertinent également le racisme institutionnel de la police française et le harcèlement constant des jeunes maghrébins et noirs africains vivant dans des cités précaires. Une culture d’impunité est répandue parmi la police française de ces communautés, attisée par des politiciens traditionnels, dirigés par le président Emmanuel Macron.

La colère des émeutiers est si vive parce que les jeunes noirs et bruns savent que, comme Nahel, ils auraient facilement pu être abattus par la police. Depuis 2020, la police française a tué 21 personnes dans des contrôles routiers similaires à ceux de Nahel. La plupart d’entre eux sont des citoyens noirs et bruns qui sont 20 fois plus susceptibles d’être arrêtés par la police que leurs compatriotes blancs. La police française à la gâchette facile est ainsi perçue dans ces communautés comme une source dangereuse d’insécurité et de terreur, et non comme des protecteurs publics.

EMPOREUR JUPITERÉEN

Plutôt que de montrer de la sympathie et de la solidarité avec la victime de cet horrible meurtre, le soi-disant président jupitérien de la France, Emmanuel Macron, a plutôt publiquement embrassé les chefs de police. Bien qu’il ait d’abord décrit la fusillade de Nahel comme “inexcusable”, Macron a rapidement recouru à son machisme réflexif, déployant 45 000 policiers pour faire face à une situation qui était traitée comme une guerre contre des citoyens brandissant des pierres et des feux d’artifice. Le président français a été sourd aux demandes d’annuler ses «chiens fous» lâchés contre des citoyens en colère dans des ghettos pauvres.

À la suite des émeutes, les juges accélérés des «tribunaux kangourous» ont été encouragés à prononcer des peines de prison rapides dans des procès fictifs dans lesquels les principes les plus élémentaires de l’État de droit ne semblaient pas avoir été respectés. Plus de 380 personnes ont été emprisonnées au cours des deux premiers jours des émeutes ; un homme de 28 ans a été emprisonné pendant 10 mois pour avoir volé une canette de Red Bull dans un supermarché pillé. Cette « justice accélérée » a été mise en contraste avec les cinq à dix ans qu’il peut falloir pour engager des poursuites contre des policiers qui ont tué des citoyens noirs et bruns non armés.

Plutôt que de s’attaquer aux causes profondes des véritables griefs qui ont déclenché cette violence, Macron a plutôt tenté de détourner l’attention des vrais problèmes. Jouant le politicien populiste, il a stupidement suggéré que les jeux vidéo et les médias sociaux chez les jeunes avaient catalysé ces événements. Agissant comme un dictateur en fer-blanc, il a ensuite menacé de couper les réseaux sociaux qu’il accusait de répandre la haine. Il a confié avec condescendance la responsabilité aux parents maghrébins et noirs de garder leurs enfants à la maison, utilisant le sifflet pour chien pour renforcer les croyances stéréotypées largement répandues parmi la majorité, des cultures qui manquent de bonnes mœurs, dans une société qui considère déjà largement les personnes brunes et noires comme « arriérées » et non représentatives des valeurs françaises « éclairées ».

POLITICIENS, POLICE ET POPULATION RACISTES

Les politiciens français se sont effondrés pour diffuser un message dur de « loi et ordre ». Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a noté que “c’est la république qui va gagner, pas les émeutiers”, langage, dégoulinant de chauvinisme vulgaire, qui se voulait clairement le message codé d’une république “civilisée” menacée par des “barbares” étrangers. Darmanin a fait plus tard la déclaration extraordinaire : “La violence policière n’existe pas.” Le président de droite du Sénat français, Bruno Retailleau, a également condamné le comportement des migrants français de deuxième et troisième générations, en termes racistes, comme une « régression vers leurs racines ethniques ».

Pour ne pas être en reste, deux syndicats de police français ont qualifié les émeutiers de « vermine » et de « hordes sauvages » avec lesquels ils étaient « en guerre ». La police française indisciplinée semble avoir hérité de la culture policière coloniale de la sauvage guerre d’Algérie (1954-1962) lorsque la torture et le meurtre gratuit de civils innocents étaient monnaie courante. La police hautement militarisée – longtemps citée pour violations des droits de l’homme et comportement discriminatoire par la Cour européenne des droits de l’homme, l’ONU, Amnesty International, Human Rights Watch et une pléthore d’organisations nationales de défense des droits civiques – a répondu de manière caractéristique aux émeutiers avec des véhicules blindés de transport de troupes, des hélicoptères, des grenades assourdissantes et des projectiles.

Une loi de 2017 permettant aux policiers d’utiliser plus facilement leurs armes sans nécessairement avoir à se justifier sur la base de la légitime défense, a pratiquement donné à la police française le sentiment qu’elle avait un permis de tuer. La police du pays a également été critiquée pour avoir fait un usage excessif de la force contre gilet jaunes (gilet jaune) et des manifestants anti-réforme des retraites.

En outre, il est important de noter que 41 % de la population française – soit 13 millions de personnes – a voté pour Marine Le Pen, ouvertement raciste, anti-immigration et d’extrême droite lors de l’élection présidentielle de l’année dernière. Certaines parties des grands médias français sont également coupables de criminaliser les personnes noires et brunes dans leurs reportages. De nombreux universitaires français soi-disant progressistes tolèrent souvent la brutalité policière contre les étrangers.

DES GAUCHISTES ET RÉSISTANTS

En contraste frappant avec les récits préjudiciables de nombreux politiciens et policiers gaulois, des dizaines de groupes civiques français et de politiciens de gauche ont fait preuve de plus de compréhension et de sympathie pour le sort des communautés opprimées. Près de 100 syndicats, associations et partis de gauche – dont les Verts et France insoumise – ont défilé en solidarité pour exiger des réformes de la police après le meurtre de Nahel. Des groupes de la société civile, tels que SOS Racisme, le Front des mères et la Maison communautaire pour le développement solidaire, se sont vaillamment battus pour des réformes concrètes, telles que la création d’un organisme d’enquête indépendant et la réalisation d’un audit indépendant sur le racisme policier.

ADIEU AU MYTHE ASSIMILATIONNISTE ?

Le problème fondamental du modèle social français est qu’il insiste sur le mythe des valeurs imaginaires « universalistes » dans lequel il interdit la collecte de toute donnée raciale, tout en prétendant que le racisme n’existe pas. Ceci en dépit de nombreuses recherches montrant le fossé toujours plus grand entre les populations maghrébines et noires opprimées et le reste de la société. La France insiste sur une société « daltonienne » et se moque du « multiculturalisme » anglo-saxon, mais a fini par enraciner le racisme institutionnel et transformer les minorités noires et brunes politiquement invisibles et culturellement marginalisées en citoyens de seconde classe. Ses politiques d’assimilation se sont clairement avérées contre-productives, car de nombreuses communautés minoritaires continuent de rejeter une culture dominante qui, selon beaucoup, les a criminalisées et les a dépouillées de leur dignité et de leur humanité. Ces événements démontrent clairement que le modèle français de citoyenneté est complètement brisé.

Le professeur Adekeye Adebajo est chercheur principal au Centre for the Advancement of Scholarship de l’Université de Pretoria en Afrique du Sud. Envoyez vos commentaires à columns@gleanerjm.com

2023-07-23 08:07:17
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