Avec notre correspondante à Dakar, Charlotte Idrac
Sur la plage de Ouakam, au pied de la mosquée de la Divinité, les pompiers s’activent pour récupérer les corps sans vie. La pirogue colorée dans laquelle se trouvaient les passagers a été remise à l’eau.
Mamadou Seck, lui-même ancien pêcheur, assiste à la scène, désolé : « Cela me fait de la peine. Chaque fois, dans notre cabane, il y a de jeunes gens qui viennent se renseigner sur comment partir en Espagne. Ces jeunes ont au maximum 17, 18, 30 ans».
Face à la mer, de jeunes gens évoquent le manque d’emplois et de perspectives, ainsi que la « pression familiale », pour expliquer tous ces départs. « Qui doit construire le Sénégal ? Ce sont les jeunes. Alors nous les sensibilisons. Mais l’État doit faire des efforts d’encadrement pour que les jeunes restent dans le pays », estime Mamadou Sarr, secrétaire général du comité local des pêcheurs de Ouakam.
Selon le ministre de l’Intérieur, et d’après des informations « qui doivent encore être confirmées », la pirogue serait partie de la banlieue de Thiaroye puis a fait une escale dans la zone de Yarakh. « C’est un phénomène très complexe avec des causes variables. Il y a des raisons économiques naturelles, mais d’autres qui sont liées plus spécifiquement à la tradition migratoire de certaines régions. C’est douloureux, mais nous espérons obtenir des résultats probants pour prendre en charge l’immigration irrégulière telle que nous la connaissons », a déclaré Felix Antoine Diome à la télévision publique.
La “stratégie nationale de lutte contre la migration irrégulière” doit être validée lors d’une réunion avec le Premier ministre ce jeudi.