elle incarne la rencontre entre ces deux mondes

elle incarne la rencontre entre ces deux mondes

L’économie est une science humaine. Voilà ce qui lui plaît. Stéphanie Lemoine est une commerçante thionvilloise de 48 ans. Elle a repris le magasin de sa maman il y a 24 ans. Elle gère aujourd’hui deux boutiques (l’une en centre-ville, l’autre au Geric) et neuf salariés. Elle multiplie les engagements au sein de la profession. Elle vient d’être élue, par ses pairs, présidente de la compagnie des juges consulaires , dont elle est membre depuis 2019. C’est la première fois qu’une femme accède à la fonction auprès de la chambre commerciale de Thionville.

En Alsace-Moselle, cette juridiction est attachée au tribunal. Elle repose sur un système d’échevinage, mixte en d’autres termes. Elle est présidée par un magistrat professionnel qui siège au côté de deux juges consulaires assesseurs, des bénévoles issus du monde économique (entrepreneurs, dirigeants, retraités ou en activité). « C’est la rencontre de deux mondes qui ne se connaissent pas », résume Stéphanie Lemoine. Le fonctionnement l’a séduite. Elle n’a jamais dissocié l’économie de la société dans laquelle elle s’inscrit. La commerçante a fait des études de philosophie économique qui aborde le domaine sous un aspect pluridisciplinaire.

Sa carrière est d’ailleurs nourrie par les échanges. Stéphanie Lemoine a présidé le conseil consultatif des franchisés, elle est membre du conseil d’administration de la fédération française des franchisés. Ce réseau national s’ajoute à son implication dans le tissu local. Stéphanie Lemoine préside l’association des commerçants du centre commercial Geric et elle est membre de l’Apecet (association du centre-ville). « Le but est de défendre le commerce à Thionville au sens large », insiste-t-elle.

« Limiter la casse de toutes les manières possibles »

Sa nouvelle mission au sein de la compagnie des juges consulaires s’annonce dense. La chambre traite les contentieux commerciaux (factures impayées, concurrence déloyale). Elle ouvre, suit des procédures collectives (redressement, liquidation judiciaire). Et sur ce plan, les années Covid commencent à se faire sentir. Pendant la crise sanitaire, les cotisations ont été étalées, les recouvrements ont été gelés. « C’est une bombe à retardement. L’Urssaf recommence à assigner. Cela s’annonce très compliqué pour ceux qui n’auront pas anticipé », explique la professionnelle.

Les premiers chiffres lui donnent raison. Seulement 75 procédures collectives ont été ouvertes en 2020. 41 en 2021, lorsque les entreprises étaient encore sous perfusion. Mais 110 procédures ont été enregistrées en 2022 et 80 sur les six premiers mois de 2023. L’évolution est exponentielle. « L’objectif sera de limiter la casse de toutes les manières possibles », souligne Stéphanie Lemoine. Elle mise sur la prévention, des juges y sont dédiés. « Il faut faire savoir aux chefs d’entreprise qu’il existe des possibilités de trouver de l’aide en toute discrétion. » La présidente de la compagnie a prêté serment. Les juges consulaires enfilent la robe et sont soumis aux mêmes valeurs que les magistrats. « Impartialité » et « intégrité », pour ne citer que celles-là.



Douze juges consulaires sur le ressort du tribunal de Thionville

À Thionville, la présidence de la compagnie des juges consulaires est tournante, renouvelée tous les deux ans. Les juges consulaires doivent être âgés d’au moins trente ans, de nationalité française, acteurs du monde économique. Toutes les tailles d’entreprise, toutes les activités sont censées être représentées.

Les juges consulaires sont élus par leurs pairs (et par des élus des chambres de commerce et de l’artisanat) pour un premier mandat de deux ans, renouvelable par mandat de quatre ans par la suite. Une formation initiale de huit jours est délivrée par l’école de la magistrature puis une formation continue est assurée. « La présidente de la compagnie pilote les équipes de juges, gère les relations avec les magistrats, les mandataires », détaille Stéphanie Lemoine qui occupe désormais ce poste. Pour l’heure, quatre des douze postes de juges consulaires sont occupés par des femmes à Thionville. Mais il est probable que la parité soit établie d’ici la fin de l’année.

2023-07-25 07:00:00
1690271002


#elle #incarne #rencontre #entre #ces #deux #mondes

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.