La CEDEAO donne une semaine à la junte nigérienne pour se retirer

Les dirigeants de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont donné dimanche à la junte nigérienne une semaine pour abandonner le pouvoir et réintégrer le président déchu Mohamed Bazuma, et ont mis en garde contre le recours à la force si elle ne le faisait pas.

Lors d’un sommet d’urgence à Abuja, la capitale du Nigeria, les dirigeants de la CEDEAO ont exigé que la junte rétablisse l’ordre constitutionnel dans une semaine, faute de quoi ils ont promis de prendre toutes les mesures nécessaires pour le rétablir.

“De telles mesures peuvent également inclure le recours à la force”, indique le communiqué, ajoutant qu’une réunion des chefs d’état-major de la CEDEAO est prévue dimanche après le sommet pour en discuter.

Le sommet de la CEDEAO a également décidé d’imposer des sanctions financières aux dirigeants de la junte, ainsi que de geler “toutes les transactions commerciales et financières” entre les membres de la CEDEAO et le Niger.

Dans la capitale du Niger, Niamey, plusieurs milliers de personnes portant des drapeaux du Niger et de la Russie se sont rassemblées dimanche devant le parlement du pays pour manifester leur soutien à la junte.

Ils ont ensuite marché jusqu’à l’ambassade de France, aux cris “vive Poutine” et “à bas la France”.

Certains manifestants ont incendié les portes de l’ambassade et tenté de s’introduire dans l’ambassade, mais ont été dispersés à coups de gaz lacrymogène.

Les manifestants ont été irrités par l’annonce par l’ancienne puissance coloniale française qu’elle suspendait l’aide au développement et budgétaire au Niger, l’un des pays les plus pauvres du monde, à cause du coup d’État.

La France, qui compte 1 500 soldats au Niger, a condamné l’attaque contre son ambassade, a averti qu’elle riposterait si ses citoyens ou ses intérêts étaient attaqués et a souligné qu’elle soutiendrait toute initiative régionale visant à rétablir l’ordre au Niger.

“Si quelqu’un attaque des citoyens français, l’armée, des diplomates et des intérêts français, la France répondra immédiatement et avec persistance”, a déclaré le bureau du président français.

Il a déjà été rapporté que les militaires de la garde présidentielle ont arrêté mercredi le président pro-occidental élu en 2021, Mohamed Bazum, au palais de la capitale.

Dans la soirée du même jour, dix officiers de l’armée ont annoncé à la télévision que le soi-disant Conseil national de sécurité intérieure prenait le relais, et le commandant de la garde présidentielle, Abdurahman Omar Tchiani, s’est déclaré président de ce conseil.

Le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Joseph Borrell, a annoncé que l’UE ne reconnaîtrait pas les putschistes, et que l’UE suspendrait indéfiniment la coopération avec le Niger dans le domaine de la sécurité, ainsi que l’aide budgétaire.

Depuis peu, la Russie tente de renforcer son influence en Afrique, et les régimes de plusieurs pays de ce continent utilisent les services du groupe de mercenaires “Wagner”.