Les Français bafouent les règles contre les incendies de forêt

Les Français bafouent les règles contre les incendies de forêt
Accident de voiture incendié près de Bordeaux

Nouvelles de l’ONS

  • Franck Renout

    correspondant France

  • Franck Renout

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Afin de contenir les incendies de forêt et de sauver les habitations, une bande de 50 mètres doit être « sans arbustes » entre les habitations françaises et les forêts. C’est du moins ce que dit la loi. En pratique, cela ne se produit pas dans de nombreux endroits, avec tous les risques associés.

Il y a un an il y avait encore une maison contre la Dune du Pilat, la célèbre dune de sable au sud-est de Bordeaux. Maintenant, il ne reste plus que la cheminée, avec des épaves de voitures incendiées à côté. Les arbres autour de la maison ont presque tous brûlé.

Cette zone a été touchée par des incendies de forêt historiquement importants l’été dernier. En une semaine, 20 000 hectares ont été réduits en cendres. Cinq campings le long de la Dune du Pilat ont complètement brûlé. Des milliers de personnes ont été évacuées.

Obligation d’élagage : 50 mètres gratuits

“Il fallait repartir de zéro, tout était à reconstruire”, raconte Franck Couderc, directeur du camping Les Flots Bleus. Ce camping a été le premier à rouvrir ce printemps. Il y a de nouveau des tentes, des caravanes et des maisons et le terrain de pétanque est à nouveau ouvert.

Mais autour du tout nouveau camping reconstruit, il y a encore de la végétation partout. Les maisons de vacances sont adjacentes à des arbres, des arbustes et des buissons. Et ce n’est pas permis, à cause de la bande sans arbustes légalement établie de 50 mètres. Cela empêche le feu de se propager et offre aux pompiers une voie d’accès.

“Un camping sur cinq se trouve dans une zone à risque d’incendie de forêt”, écrit la Fédération française des campings FNHPA dans un rapport paru ce printemps. Les propriétaires de camping sont explicitement informés des règles d’enlèvement de la végétation. “C’est obligatoire et c’est la responsabilité de l’administrateur.” L’obligation d’élagage s’applique dans les lieux très boisés, dans près de la moitié des départements français.

Manque de contrôles

“Nous sommes contrôlés par les pompiers tous les deux ans”, explique le propriétaire du camping Couderc. Mais les pompiers ne regardent que le site. La municipalité doit vérifier si la bande de 50 mètres qui l’entoure a été dégagée.

Rien n’a été retiré des Flots Bleus. Si un nouveau feu de forêt se déclare, le camping se retrouve en zone à risque de propagation de feu. Le conseil municipal de La Teste-de-Buch, où se situe le camping, doit donc faire appliquer et éventuellement amende, mais cela n’arrive pas. La municipalité ne souhaite pas répondre aux questions du NOS à ce sujet.

Forêt incendiée au sud de Bordeaux

Il y a des campings dans ou à côté des forêts dans toute la zone en dessous de Bordeaux. Les maisons sont parmi les arbres. Et presque nulle part les arbustes n’ont été enlevés autour des bâtiments. Si un incendie se déclare, le feu peut se propager sans entrave, comme l’année dernière.

À la fin de l’année dernière, le Sénat français a enquêté. L’exigence d’élagage était considérée comme un moyen crucial contre les incendies de forêt. Mais, “le nombre de personnes gardant le devoir est souvent inférieur à 30%, selon la région”, a conclu le Sénat.

“Il y a très peu de gens qui taillent et très peu de communes qui contrôlent”, expliquent les responsables de la Gironde, où se situe Bordeaux. “Les résidents disent qu’ils ne connaissent pas les règles. Les maires disent qu’ils ne savent pas qu’ils doivent vérifier.”

Une campagne nationale d’information a été organisée pour la première fois ce printemps. Plus de 2 millions de foyers ont reçu un dépliant sur l’obligation d’élagage.

Il y a un mois, une loi a été votée au parlement pour durcir les peines pour les contrevenants. Les amendes pour la culture d’arbustes passeront de 30 à 50 euros par mètre carré.

Risque croissant

A Saint-Symphorien, au sud de Bordeaux, l’obligation de taille a été rigoureusement appliquée. Le maire Bruno Gardère a fait abattre toute une bande de forêt le long des maisons aux abords de sa commune. “Un kilomètre et demi de long et 40 mètres de large. C’est 6 hectares de forêt que nous avons abattus.” C’est une sorte de tampon nu, comme un fossé autour d’un château, pour éloigner l’ennemi.

Forêt taillée sur la commune de Saint-Symphorien, au sud de Bordeaux

“Les arbres étaient ici l’année dernière jusqu’aux jardins des gens. Lorsque les incendies de forêt se sont déclarés, les pompiers n’ont même pas pu les atteindre. C’était mortel.”

Les arbres ont donc dû céder. La municipalité a payé. “Je ne peux pas forcer les habitants à tout enlever à 50 mètres autour de leur maison ? J’ai des habitants ici à la lisière de la forêt qui ont 90 ans : comment sont-ils censés faire cela ? Et nous, en tant que petite municipalité, n’avons pas toutes les ressources nécessaires pour vérifier toutes les maisons et tous les jardins. »

L’abattage était bien nécessaire, pense le maire. “Avec le changement climatique et la sécheresse, les incendies de forêt restent un risque, et peuvent être un risque croissant.”

Dans toute la France, 72 000 hectares de forêts et de réserves naturelles ont été réduits en cendres l’an dernier par plus de 19 000 incendies. Cela en a fait l’une des pires années depuis des décennies.

Et le danger ne guette plus seulement dans les régions méridionales comme la Gironde ou la Provence. “Le risque d’incendies de forêt existe désormais dans presque tout le pays”, a déclaré le ministère de l’Intérieur.

2023-07-30 20:29:26
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