Chanteloup : Un livre qui a façonné ma vie chez les louveteaux

Chanteloup : Un livre qui a façonné ma vie chez les louveteaux

Elle semble se décider et opte pour “Face aux animaux, nos émotions, nos préjugés, nos ambivalences” du psychologue français Laurent Bègue-Shankland. Dans ce livre, il est question d’un poisson de 53 centimètres… D’une équipe chargée de lui administrer des drogues qui le font souffrir, mais pas pour de vrai. C’est une expérience comme celle de Milgram, pour voir jusqu’où ils peuvent renoncer à leurs valeurs et se soumettre à l’autorité cruelle. “1984” de George Orwell est la boussole de Sammy Mahdi : “Je l’ai lu plus de dix fois”. Tout ce que je sais, ce que je suis, s’est révélé là. Valeurs. On dirait que le mot fait mouche. Finalement, la ministre se ravise. “Non, en fait, le livre le plus important pour moi n’est pas celui-là.” Surprenante, elle brandit alors un “Chanteloup”. “Désolée, ce n’est pas le mien. Celui-là est précieusement rangé dans la maison familiale, trop loin pour que je puisse le récupérer aujourd’hui. Mon Chanteloup, je sais exactement où il est, il m’a accompagnée toute ma vie, depuis toute petite, et encore aujourd’hui.”

Il représente une période très importante de ma vie. Tout ce que je sais, ce que je suis, s’est révélé chez les louveteaux. Pour ceux qui l’ignorent, le “Chanteloup” est un gros recueil de chants destinés aux louveteaux. Quasiment deux cents pages de “Un jour la troupe campa, a, a, a”, “Y’a qu’un cheveu”, “Vlà l’bon vent” ou autre “Marchand Petrouchka”. Sérieusement ? Mais où nous emmène Valérie Glatigny ? “Mon livre est annoté de messages d’amitié, d’accords de guitare et de souvenirs qui me donnent de la force. Il représente une période très importante de ma vie. Tout ce que je sais, ce que je suis, s’est révélé chez les louveteaux.” D’abord louvette à partir de 5 ou 6 ans, la fillette est ensuite passée chez les guides avant de se lancer comme chef louveteau jusqu’à 22 ou 23 ans. “Cela a pris une grande place dans ma vie pendant longtemps”, confie-t-elle. Ensuite, j’ai d’ailleurs encore fait de nombreuses intendances.” Toujours avec son précieux “Chanteloup”. “Quand je le prends, toute cette époque me revient”. “Je dirais que ce livre est devenu comme un talisman. Quand je le prends, c’est d’abord toute cette époque qui me revient. Les premières séparations, loin de la maison. Quand on apprend l’autonomie sans la famille. Le chant tous ensemble, ce sentiment d’appartenir à un groupe, cela m’a beaucoup aidée à m’extérioriser.” Dans le noir, autour du feu, personne ne reconnaît personne. Cela donne du courage si on a un peu peur de s’exprimer.

Valérie Glatigny aime encore entonner les chants repris dans son recueil. ©cameriere ennio Où l’histoire devient drôle, c’est quand Valérie Glatigny avoue sans aucune gêne qu’elle chante tout à fait faux ! Un livre de chants mis en avant par quelqu’un qui “chante comme une casserole” (sic), ce n’est pas commun… “Si, justement”, rétorque-t-elle. Dans le groupe, les jugements disparaissaient. Chacune et chacun pouvait trouver sa place en fonction de ses points forts. Et les faiblesses faisaient plutôt rire, dans ce climat bienveillant.

On imagine donc “Zygène, Bon pied bon œil” (son totem – c’est un papillon rouge – et son qualificatif), chanter à tue-tête à la veillée et se risquer même à quelques accords de guitare, pendant des années. “J’étais nulle en brêlage et en cuisine, mais très bonne pour m’organiser, trouver des solutions face à un problème, bien réagir en cas d’accident, lire une carte. C’est là-bas que j’ai tout appris sur moi.”

Il ne faut pas croire que le “Chanteloup” de Valérie Glatigny coule une retraite bien méritée. “Après le mouvement de jeunesse, il a aussi fait partie de ma vie familiale. J’ai deux frères et trois neveux et nièce. Chaque année, nous partons ensemble en vacances. Et mon livre est encore de la partie.” Car les veillées chantantes restent au programme, “même si les ados commencent à trouver ça un peu démodé”.

Chargé des souvenirs familiaux greffés sur ceux des premières libertés, ce gros livre fait partie de “ce qui compte pour moi”. Avec peut-être une chanson, un auteur en particulier ? “Sans hésiter, Stewball d’Hugues Aufray.” Et rien à voir avec son intérêt pour les animaux. “Cette chanson est particulièrement difficile pour quelqu’un qui chante aussi mal que moi. Au camp, j’étais connue comme celle dont il fallait absolument masquer la voix quand on commençait à l’entonner. Plus tard, mes frères ont fait la même chose. Ils m’ont charriée, parodiée. Ce sont tous d’excellents souvenirs.” Un livre fétiche où se ressourcer quand les éléments se déchaînent un peu. Cette interview a été réalisée deux jours avant qu’on apprenne l’intention de démissionner de la ministre.
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