Protecting Democracy: The Urgent Call to Action in Niger

Protecting Democracy: The Urgent Call to Action in Niger

Si ces individus mal intentionnés à Niamey parviennent à leurs fins, s’ils destituent le président Bazoum, s’ils le tuent, s’ils l’exilent ou le mettent en prison, ce serait la fin de la démocratie en Afrique. Ce serait la mort de l’institution, la réapparition des coups d’État, la porte ouverte aux régimes médiocres : politiciens corrompus, officiers avides de diamants et de gloire, etc.

Cette évidence doit sauter aux yeux de nos élites les mieux informées ainsi que de la communauté internationale. C’est au Niger, et maintenant, que se joue l’avenir démocratique de l’Afrique. Son président légitime revêt une dimension hautement symbolique depuis le 26 juillet. Bazoum aux mains de Tchiani, c’est Mandela à Robben Island, c’est Allende au palais de la Moneda ! La CEDEAO est en droit, la CEDEAO a le devoir d’agir rapidement et par tous les moyens pour le libérer des mains de ses ravisseurs et rétablir ses droits.

Nous avons soutenu ici, en retenant notre souffle, les coups d’État au Mali, en Guinée et au Burkina car, dans une certaine mesure, ils étaient justifiés. IBK et Kaboré avaient perdu le contrôle. Sous leur direction, le Mali et le Burkina étaient en lambeaux. Dans les deux pays, le djihadisme se propageait aussi facilement qu’une épidémie et, au moins dans le premier cas, l’impopularité du pouvoir menaçait de miner les fondements du pays.

D’ailleurs, si Assimi Goïta a joui d’une certaine légitimité pendant un certain temps, c’est parce qu’il a bénéficié du soutien des forces sociales et religieuses organisées au sein du Mouvement du 5 Juin. Quant à la Guinée, nul n’ignore que sans les errements d’Alpha Condé (son idée d’un troisième mandat n’était pas simplement un parjure, c’était une véritable folie !), la Guinée n’aurait pas connu le règne catastrophique des militaires.

En revanche, rien, absolument rien, ne justifie l’énorme erreur qui vient de se produire à Niamey. L’alternance dans ce pays s’est déroulée de manière exemplaire. Après ses deux mandats réglementaires, le président Mahamadou Issoufou s’est retiré conformément à la Constitution, laissant derrière lui un bilan que l’Histoire lui reconnaîtra. Alors qu’il est menacé de toutes parts (toutes ses frontières sont infestées de foyers djihadistes), le Niger est le pays sahélien qui a le mieux contenu l’expansion des terroristes. Mais ce n’est pas tout : le président Bazoum a également hérité d’une économie en bonne santé et il a veillé à ne pas dilapider l’héritage de son prédécesseur. Contrairement aux mensonges de ses bourreaux, le bilan sécuritaire s’est légèrement amélioré et selon la Banque mondiale, l’économie a fortement rebondi en 2022.

Tchiani a pris le pouvoir uniquement pour des raisons personnelles, probablement pour échapper à une destitution. Il parle d’une “dégradation continue” de la sécurité, mais qui est responsable si les terroristes gagnent à chaque fois : les civils ou les militaires ? Des troupes vaincues sur le front peuvent-elles remporter la bataille économique et sociale ? Non, les Africains savent ce que signifie le pouvoir militaire : il est synonyme de corruption et de répression, il n’a rien d’autre à offrir, même pas le gîte et le couvert.

Ce putsch est une provocation et l’arrogance affichée par ce groupe de colonels qui sévit à Bamako, Conakry, Ouagadougou et Niamey est un bras d’honneur à la communauté internationale. Laisser ces dangereux usurpateurs faire ce qu’ils veulent reviendrait à légitimer définitivement le pouvoir militaire. La CEDEAO doit assumer ses responsabilités. Elle doit tout mettre en œuvre pour que les générations futures ne la condamnent pas pour n’avoir pas porté secours à une démocratie en danger.

Thierno Monénembo, écrivain guinéen (Grand prix littéraire d’Afrique noire et Prix Renaudot)

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.