À Châteaulin, aujourd’hui, des signaux encourageants pour les populations de saumons

À Châteaulin, aujourd’hui, des signaux encourageants pour les populations de saumons

Après deux âges d’or jusqu’à la fin du XVIIe siècle et des années 30 à 70, la population de saumons dans l’Aulne accuse un sérieux déclin. Pour tenter de le corriger, des programmes de repeuplement sont lancés de 1988 à 2017 et des passes à poissons installées au niveau des écluses. Jusqu’à 110 000 poissons maximum sont introduits dans la rivière. « Malgré ça, le nombre de bébés saumon n’a pas augmenté. De 1997 à 2010, le bassin de l’Aulne est devenu le secteur en Bretagne où on en retrouve le moins », pointe Sylvestre Boichard, chargé de mission Natura 2000 à la vallée de l’Aulne et chargé de mission milieux aquatiques Epaga ((Établissement public d’aménagement et de gestion de l’eau du bassin versant de l’Aulne et de l’Hyères).

Une étude est alors réalisée, dans les années 1990-2000, au cours de laquelle des émetteurs sont posés sur des saumons adultes à Châteaulin pour suivre leur cheminement et comprendre où se situent les difficultés. « On constate qu’environ 40 % des saumons meurent ou sont pêchés. Un quart est bloqué lorsqu’ils remontent l’Aulne et font demi-tour. Seuls 70 % des saumons arrivent à passer l’écluse de Coatigrac’h et 3 % arrivent à Pénity, à Landeleau. Il n’y en a que 114 qui arrivent à une zone de reproduction », rapporte le chargé de mission. Cinq passes à poissons anciennes, trop petites par rapport au débit de l’Aulne, ne fonctionnent donc pas du tout. Des travaux sont prévus par la Région mais, très onéreux, ils ne vont pas pouvoir être entrepris dans l’immédiat.

Alors, en 2005, l’idée est lancée d’ouvrir les vannes, deux fois par an, pour laisser remonter les saumons plus facilement. « Quand on ouvre les vannes, il y a du bouillon. Ça excite l’instinct migrateur du saumon, ça le motive à remonter le barrage. Ça a donné envie aux scientifiques de tester cette méthode en créant des ondes de migration », informe Sylvestre Boichard.

Sylvestre Boichard, chargé de mission Natura 2000 à la vallée de l’Aulne et chargé de mission milieux aquatiques Epaga (Établissement public d’aménagement et de gestion du bassin-versant de l’Aulne), veille à la bonne santé du saumon localement. (Le Télégramme/Karen Jégo)

Des manifestations hostiles au débarrage

Mais cette initiative rencontre une opposition féroce d’une partie de la population. D’importantes manifestations sont organisées. « Certains disaient que ça allait gêner la reprise de la navigation. Certaines berges, fragiles, perdaient aussi des morceaux lors de l’ouverture des pertuis. Des habitants craignaient que les vannes ne soient ouvertes tout le temps et qu’il n’y ait plus de canal. D’autres s’inquiétaient pour les poissons blancs et les brochets car, dans certains endroits, des flaques se formaient avec la baisse du niveau de l’Aulne », se souvient le chargé de mission.

Pour protéger le saumon, la vallée de l’Aulne est classée site Natura 2000. En 2013, l’Epaga porte cette politique localement. Pour apaiser le débat et faire avancer les choses, une concertation est lancée avec les habitants. Des comités sont créés dont un d’usagers de la voie d’eau. Plusieurs décisions sont prises comme une ouverture des vannes plus lentement, sur douze heures, pour préserver les rives et, en 2014, une opération d’entretien des berges avec des travaux sur les déversoirs.

Un rôle de sentinelle des cours d’eau

Depuis les années 2000, selon les scientifiques, on constate une stagnation du nombre de saumons à 250 – 500 individus comptabilisés par an dans l’Aulne. Un chiffre nettement inférieur à celui des deux âges d’or, mais le déclin semble enrayé. Grâce à l’ouverture des pertuis, au printemps et en automne, la production de juvéniles a plus que doublé, passant de 8 à 18. Un signal encourageant.

« Ce que l’on cherche, c’est que l’espèce soit viable, insiste le chargé de mission.

C’est une espèce qui fascine les humains. Il y a aussi un côté patrimoine culturel. Le saumon enrichit également la biodiversité. Il apporte un flux de nutriments (juvéniles et œufs) dans un milieu très pauvre, ce qui est très intéressant, notamment pour les loutres. Enfin, l’espèce a aussi un rôle de sentinelle du bon fonctionnement des rivières », énumère Sylvestre Boichard.

L’Epaga travaille d’ailleurs sur le débit biologique minimum dans le canal, avec le saumon comme marqueur. Une étude qui devrait se terminer en été 2024.

2023-08-15 19:32:01
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