2023-08-15 22:39:15
Le consul Scipion Emiliano s’était promis de rendre la ville rebelle de Numancia avant la prochaine vague de chaleur. Chaque matin, depuis son campement au nord de la ville, il scrutait l’horizon sud-est, par-dessus les montagnes de Soria, à la recherche de l’étoile du Chien. Ce premier août de l’an 621 Ville, le consul vit enfin l’étoile du Chien. Les cris du garde le surprirent : « Numancia brûle ! Scipion Emiliano a commencé à imaginer le défilé de son triomphe dans les rues de Rome.
Stella Canis, la star du Chien ou « la Perrita »
Sirius, le chien Alpha du Major, une étoile blanche située à un peu moins de neuf années-lumière du Soleil, est la plus brillante du ciel nocturne de la Terre depuis l’apparition de l’homme. Son nom latin, Sirius, vient du grec et ressemble à un mot qui dans cette langue classique signifie “brûlant” ou “ardent”, bien qu’il semble probable que la véritable étymologie remonte à des milliers d’années dans les traditions mésopotamiennes.
Bien qu’il soit situé dans l’hémisphère céleste sud, Sirius est visible dans de bonnes conditions depuis toutes les régions boréales peuplées, y compris celles du bassin méditerranéen. Son nom scientifique actuel, alpha Canis Majoris, indique qu’il s’agit de l’étoile la plus brillante de la constellation du Peut-maire. La tradition de dessiner un chien dans cette région céleste vient de la culture latine, dans laquelle Sirius a reçu le nom de Stella Canis, l’étoile du Chien, bien que le nom ait été diminutif : Canicula (littéralement, “le Chien”).
L’ensemble du firmament, avec ses étoiles, suit un cycle annuel induit par le mouvement de la Terre autour du Soleil. Ainsi, Sirius apparaît aujourd’hui haut dans le ciel nocturne au début de l’hiver boréal. Mais, si on l’observe nuit après nuit en même temps, l’étoile se déplace de plus en plus vers la droite, jusqu’à ce qu’elle se perde à l’ouest au milieu de l’éclat du soleil couchant. Quelque chose qui se passe aujourd’hui dans les premiers jours de juin.
L’étoile reste cachée derrière le Soleil pendant dix semaines et, après ce temps, elle est brièvement aperçue à nouveau à l’aube, lorsqu’elle se lève un peu avant le Soleil, lorsque le ciel est encore suffisamment sombre pour que l’étoile soit vue pendant quelques minutes. .. avant l’aube. Cette apparition du matin s’appelle soleil levant et il a eu une importance capitale dans les cultures de la Méditerranée.
Et Numancia est tombée à l’époque caniculaire
La date à laquelle se produit le lever héliaque d’une étoile dépend beaucoup de la latitude de l’observatoire et, de plus, elle change au cours des siècles, en raison du phénomène astronomique du précession des équinoxes.
Ainsi, pour la latitude de Rome et autour de l’an 1 de l’ère commune (an 754 du calendrier romain, Villec’est-à-dire “depuis la fondation de la ville”), l’ascension héliaque de Sirius, Canicula, s’est produite dans les premiers jours de (à chauffer) Août, cinq semaines après le solstice d’été. Ainsi, pour les Romains de cette époque, l’apparition de Sirius dans le ciel du matin annonçait l’arrivée de la canicule, la saison la plus chaude de l’année.
Sans aucun doute, les troupes romaines stationnées en Hispanie au premier siècle avant l’ère commune attendaient l’arrivée de la canicule. Puisque la latitude de Rome coïncide avec celle de Numancia, à Soria, Sirius a dû servir Scipion Emiliano, consul commandant le siège, aux mêmes fins que dans la capitale de l’Empire. En effet, Numance est tombée cet été de l’an 133 avant l’ère commune, au temps de la canicule.
Si le voyage de Soria à Sirius nous semble peu exotique, nous pouvons en proposer un autre qui nous emmènera, sur le dos du même Canis Mayor, en Egypte pharaonique.
L’étoile qui a annoncé la montée du Nil
Pour la société égyptienne, tout s’organisait autour des cycles marqués par la crue annuelle du Nil. Le Nil a grandi en raison des pluies torrentielles qui se produisent dans le massif éthiopien autour de chaque solstice d’été. Et il se trouve que, pour la latitude de Memphis et vers l’an 3000 avant l’ère commune, le solstice d’été coïncidait exactement avec… l’ascension héliaque de Sirius ! Il semble inévitable qu’une relation ait été établie entre les deux phénomènes astronomiques et la montée du Nil, qui a suivi quelques jours plus tard.
La précession des équinoxes décalait la date du lever héliaque de Sirius si bien que, vu de Memphis, il se produisait déjà une dizaine de jours après le solstice vers l’an 1500 avant l’ère commune. Aux alentours de l’époque gréco-romaine, le retard s’élevait déjà à plus de vingt jours.
Actuellement, l’ascension héliaque de Sirius à Soria (ou Rome) se produit à la mi-août, 56 jours après le solstice et après la chaleur de l’été le plus caniculaire, une période que l’on continue d’appeler, en espagnol, la canicule.
Quant à l’Egypte, la montée héliaque de Sirius n’annonce plus la crue du Nil, pour deux raisons. D’abord parce qu’il se produit désormais à Memphis la première semaine d’août, 45 jours après le solstice. Mais aussi, il n’y a rien à signaler, puisque le Nil a cessé de croître depuis la construction du grand barrage d’Assouan dans l’année 1970.
Mais il reste dans notre culture, de diverses manières, le souvenir de l’importance d’un phénomène astronomique tel que le lever héliaque de l’astre le plus brillant comme repère calendaire.
En ces premiers matins de la seconde quinzaine d’août, cherchez l’étoile du chien au-dessus de l’horizon, à une envergure et demie (mesurée à bout de bras) à droite du point cardinal est. Bon voyage dans les étoiles !
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