Révolution électromobile ou préservation de nos fonds marins ?

La branche industrielle destructrice appelée « exploitation minière » se prépare à « ouvrir » à ses fins l’une des dernières sphères intactes de la vie sur terre : les profondeurs marines. Ceci est considéré par les experts et les militants comme une grave menace environnementale. La journaliste scientifique et biologiste marine Olive Heffernan écrit dans un article incontournable :

Nous sommes sur le point de commencer une ruée vers l’or vert, où les métaux rares nécessaires à la transition vers une économie à faibles émissions de carbone seront extraits des profondeurs marines.

The Metals Company (TMC), une start-up de Vancouver qui prévoit d’opérer dans la zone Clarion-Clipperton (CCZ) dès le début de 2024, illustre cette poussée prédatrice et irresponsable. La CCZ s’étend entre Hawaï et le Mexique et couvre 4,5 millions de kilomètres carrés, soit 60 % de la superficie de l’Australie.

Le TMC considère l’exploitation minière en haute mer comme une opportunité rare de développer des gisements jusqu’alors inexploités de minerais précieux, nécessaires au développement et à l’expansion de technologies soi-disant vertes, comme les voitures électriques, les cellules solaires ou les éoliennes. La Société estime que les quantités de minerais de nickel, de cuivre, de cobalt et de manganèse extraites dans les zones CCZ qu’elle revendique sont suffisantes pour produire plus de 250 millions de batteries de voitures électriques.

Cependant, les inquiétudes sont nombreuses quant aux conséquences écologiques, d’autant plus que, comme indiqué, il n’existe toujours pas de règles pour l’exploitation minière en haute mer dans cette partie du Pacifique. Il existe un risque de disparition des espèces locales ; y compris des espèces qui n’ont pas encore été recensées scientifiquement. Une étude récente a montré que près de 90 pour cent des espèces animales découvertes dans la ZCC étaient auparavant totalement inconnues des experts.

La liste des pollutions irréparables de l’environnement est longue. Il y aura également des conséquences catastrophiques pour la pêche.

L’auteur explique également que des acteurs comme TMC ne veulent pas attendre que les règles soient en place. Ils exploiteront toutes les failles juridiques possibles pour faire progresser leurs activités en partenariat avec les petits États insulaires.

Il est grand temps de remettre en question à la fois la politique capitaliste de « conversion verte » et d’unir nos forces au sein de la société civile pour empêcher que les eaux profondes ne se transforment en un eldorado extractiviste.