Le storytelling est digne d’un conte de fées. Des débuts de rêve en rentrant au centre de formation de Monaco à 15 ans. Suivis d’une période de doute, sans véritablement avoir de clubs entre ses 19 et 22 ans. Et finalement, un dénouement parfait, à 25 ans, dans l’un des plus gros championnats au monde, après un passage deux saisons en Slovénie.
Cependant, le point final de l’histoire d’Antoine Makoumbou semble encore loin. Le rêve, lui aussi, se poursuit pour le milieu central de Cagliari qui jouera son deuxième match de Serie A contre l’Inter Milan, ce lundi 28 août (20h45, BeIN Sport 1). La tête dans les étoiles, celui qui espère vivre la prochaine Coupe d’Afrique des nations (CAN) en janvier avec le Congo, nous raconte son incroyable parcours. Celui d’un Villejuifois, né dans le quartier des Lozaits, qui a réussi à faire de son rêve une réalité. Grâce à sa foi, sa persévérance et surtout son talent.
Les débuts enchantés
« Dès l’enfance, le football a toujours été une priorité pour moi. Mon père m’a fait grandir avec ça, il était lui-même joueur. Quand j’étais gosse, mon idole était Zinedine Zidane. J’aimais trop sa classe, son élégance. À Villejuif, j’ai fait toutes mes classes puis j’ai été recruté par Monaco à mes 12 ans. J’étais surpris en signant là-bas. Quand tu es petit, tu te dis que ça ne peut être qu’un rêve d’aller dans un club pro. J’ai pu entrer à Monaco à 15 ans comme il n’y avait pas de centre de préformation. Pendant trois ans, j’étais au CFFP (Centre de Formation de Football de Paris), une sorte de pôle espoir assez réputé à l’époque. »
« Le fait de mettre le pied en principauté, c’était un vrai changement pour moi. C’était la première fois que je sortais de la banlieue et ça m’a surpris. Au début, c’était compliqué en quittant ma famille. Il n’y avait plus personne pour me chouchouter. C’était une nouvelle vie qui commençait. »
Le rêve qui tourne à la dérive
« En 15 ans et 17 ans nationaux, je n’avais pas beaucoup joué. Dès la deuxième année, Monaco me cherchait déjà une porte de sortie. Lors de ma troisième saison, un coach a cru en moi. Frédéric Barilaro. Il m’avait lancé sur quelques matchs. À cette époque, je côtoyais Kylian Mbappé, Loïc Badiashile et d’autres joueurs. On formait un petit groupe. Maintenant, je le suis de loin. »
« Comme je jouais peu, je faisais du futsal à côté pour garder la forme physique. Je savais qu’il y avait beaucoup de joueurs pros qui étaient là et qui pouvaient me voir jouer. J’ai pu faire la connaissance d’Abdoulaye, un agent. Après quatre années au club, Monaco s’est séparé de moi. J’avais 19 ans. »
La traversée du désert
« J’ai directement réalisé des tests dans des clubs pros : Strasbourg, Lorient, l’Atalanta Bergame (Italie), Monza (Italie). Un agent m’a fait signer à Ajaccio, mais je suis parti au bout d’un mois parce que ça se passait mal. Je suis resté six mois sans club avant de décrocher un contrat de deux ans à Mayence (Allemagne). J’avais 20 ans. J’ai passé une année là-bas en jouant très peu avec la réserve. Alors, j’ai quitté le club. À nouveau sans rien, je suis reparti faire des tests. À Annecy, à Nîmes, à Caen, à Molenbeek et à Olhanense (3e division portugaise). »
« Ça faisait trois ans que je n’avais pas joué dans un club. J’avais seulement enchaîné les essais, où tu restes trois jours, puis tu attends des réponses. Dès fois, tu n’en reçois pas. C’était dur et je venais d’avoir 22 ans. »
« J’ai repris contact avec Abdoulaye qui m’a accueilli à Venise après le confinement (mai 2020) pour me présenter à un agent italien, Renato. Lui, il m’a envoyé au Chievo Verone. Mais, on m’a directement placé avec la Primavera (les U 19) pendant trois semaines alors que je voulais m’entraîner avec les pros. À ce moment-là, je me suis dit : si ça ne marche pas avec le Chievo, j’arrête. Ça faisait quatre ans que j’étais sans club. Mais j’ai gardé la force. Grâce à ma foi chrétienne. Sans elle, je n’en serai pas là aujourd’hui. »
La Slovénie, le saut gagnant dans l’inconnu
« Nous sommes en octobre 2020 et je n’ai toujours pas trouvé de club. Renato m’a appelé et m’a dit : j’ai un club pour toi en Slovénie. On part demain matin. Je viens te chercher en voiture. C’était comme dans un film ! Je ne savais même pas où c’était. En arrivant au NK Tabor Sežana, on m’a proposé un contrat pro directement. J’ai signé en me disant : Ne regarde pas où tu vas, de toute façon si tu as du talent, tu vas rebondir. »
« Dans le championnat, j’ai vu qu’il y avait le NK Maribo. Ils ont déjà joué la Ligue des champions. En voyant ça, j’ai repris espoir. J’ai toujours eu confiance en moi. Mais tu peux la perdre après plusieurs échecs. Je me demandais si j’avais le niveau, si j’étais fait pour ça. Mais, dès le début, j’ai tout cassé sur le terrain. Plein d’agents me parlaient après les matchs. Un en particulier a retenu mon attention. J’ai senti de l’affection de sa part. »
« À la trêve, Matthias Pogba a signé à Sežana. Moi, j’étais fan de Paul, son frère. À Monaco, les gens me disaient : tu marches même comme Paul Pogba (rire) ! On a vécu dans la même chambre pendant six mois. Il n’y avait pas encore toutes ces histoires à ce moment. Il m’a aidé à signer avec cet agent. Tout a changé. »
« À la fin de saison, j’ai rejoint le NK Maribor. Je suis entré directement dans le bain en tour préliminaire de Ligue Europa Conférence. Puis j’ai enchaîné les titularisations et on a gagné le championnat au bout de la saison. C’était fou. »
Cagliari, Ranieri, le pays
« En juillet 2022, j’ai signé à Cagliari (Serie B). C’était incroyable. Quelques mois plus tard, Sir Claudio Ranieri est arrivé. J’étais scié. Quand j’étais à Monaco, j’étais ramasseur de balles et je le voyais coacher. Maintenant, c’est mon entraîneur ! À chaque fois que je le vois, mes yeux pétillent. Avec lui, la saison dernière, on a réussi à monter en Serie A. »
« Au coup de sifflet final, lors du dernier match contre Bari, je courais partout, sans savoir où aller, et je me suis écroulé. Je me suis tenu la tête, j’ai regardé vers le ciel et j’ai repensé à toute mon histoire. Aujourd’hui, je suis toujours en train de vivre un rêve. Contre le Torino (le 21 août)j’ai fait une prière sur le terrain et j’ai versé une larme en repensant à ma vie. »
« Lundi, on va jouer contre l’Inter Milan, c’est incroyable. Il y a des internationaux, des grands noms, des joueurs avec lesquels je jouais à la PlayStation (rire). Je repense au petit garçon qui rêvait de jouer ces matchs. Je n’ai pas les mots… C’est juste beau. Mais je suis toujours un rêveur fou et je sais que je peux aller encore plus loin. »
« En 2021, j’ai connu ma première avec le Congo. Une grande fierté. Mes parents sont nés là-bas et ils m’ont inculqué les valeurs du pays. Je n’étais jamais allé en Afrique avant ça. J’ai découvert une ferveur (il soupire), c’était exceptionnel. En septembre, on joue contre la Gambie pour la qualification pour la CAN en janvier. À l’aller, j’avais marqué mon premier but avec la sélection. Ça pourrait être incroyable de vivre une CAN. En espérant que ça le fasse. »
2023-08-28 15:35:00
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