Jean-Baptiste Andrea remporte le 22e Prix du roman Fnac pour “Veiller sur elle”

Jean-Baptiste Andrea remporte le 22e Prix du roman Fnac pour “Veiller sur elle”

ENTRETIEN – Le jury composé de 400 lecteurs et de 400 libraires a couronné l’auteur de Veiller sur elle. Ils n’étaient plus que cinq. C’est finalement Jean-Baptiste Andrea qui a remporté le 22e Prix du roman Fnac pour Veiller sur elle, (L’Iconoclaste). Il faisait face à Rachid Benzine avec Les Silences des pères(Seuil), Éric Chacour avec Ce que je sais de toi(Philippe Rey), Julie Héraclès avec Vous ne connaissez rien de moi(JC Lattès) et Thomas B. Reverdy avec Le grand secours(Flammarion). Jean-Baptiste Andrea a écrit un livre comme on n’en fait guère plus. Veiller sur elle est un roman d’amour, un roman picaresque, un roman de vengeance. Son histoire: Mimo est un sculpteur de génie mais l’homme est pauvre, ballotté par les flots d’un destin intraitable qui le fait rencontrer Viola, héritière d’une famille richissime condamnée au mariage, dans une Italie fascisante. Peuvent-ils s’extraire de leur condition? Créer est-il une autre manière d’aimer? L’auteur de Retenez-moi premier roman repéré par Le Figaro en 2017, répond.
LE FIGARO. – Que représente ce prix, de libraires et de lecteurs, à vos yeux?
Jean-Baptiste ANDRÉA. – Ma première réaction n’est pas d’analyser la nature du prix. La majorité des grands prix littéraires sont des récompenses accordées par des pairs, mais là c’est un prix accordé par le lecteur, la personne à qui l’on s’adresse en premier. C’est unique. Mon plus grand désir est de raconter des histoires, d’emporter les gens vers un ailleurs, de leur faire oublier leur quotidien, de les bouleverser. Ma principale préoccupation, ne serait-ce que parce que je vais passer un an et demi dans ma tête en compagnie de mes personnages, est de faire en sorte que je sois la première personne à satisfaire. Je m’emmène moi-même en voyage et c’est ce que j’essaye de faire avec les lecteurs. J’ai envie de retrouver le ton des grands romans qui m’ont donné le goût de lire.
« Je parle de l’oppression faite aux femmes à travers un texte romanesque qui n’est pas un brûlot politique »
Il y a quelque chose de grotesque et de sublime chez Mimo, votre personnage de sculpteur, qui ferait penser à Gwynplaine, héros romantique de Hugo. De même, on pourrait voir quelques références à Dumas…
J’ai la certitude qu’on parle toujours d’une histoire commune qui est la grande histoire de l’humanité quand on écrit et que toutes les grandes histoires qui ont survécu, sous forme de contes, légendes ou romans, capturent cette histoire d’une odyssée humaine. Je n’ai pas lu L’Homme qui rit de Hugo mais souvent, les lecteurs voient dans mes livres un écho de leur odyssée personnelle. En revanche, Dumas, je l’ai lu! Je me suis dit que j’aimerais bien écrire un roman à la Dumas, même si je ne me suis pas dit cela avant d’écrire Veiller sur elle. C’est davantage une considération générale. Si je devais être un auteur du passé, j’aimerais bien être Dumas. Ses livres sont à la fois intelligents et populaires, même si la forme feuilletonnante le contraignait parfois à faire du remplissage, ce que je ne me souhaite pas, mais quel génie!
Veiller sur elle est tout à la fois un roman d’amour, un conte picaresque et historique. Comment le décririez-vous?
La tyrannie faite aux femmes était mon fil directeur. L’idée originale du roman est venue avec mon personnage de Viola. Je voulais un traitement romanesque, où je ne mettrais pas de frein à mon imagination. Et quand j’ai cherché une forme à donner à Veiller sur elletoutes mes idées se sont mises en place.
Est-ce donc un roman féministe?
J’ai toujours considéré que j’écrivais un roman féministe. J’ai un peu de mal à employer ce mot car je ne souhaiterais pas donner l’idée d’usurper un terme que je respecte énormément. Je ne veux pas donner l’impression que les femmes ont besoin de moi pour se défendre, ce n’est pas le cas. Je parle de l’oppression faite aux femmes à travers un texte romanesque qui n’est pas un brûlot politique. Quand j’écrivais, je me disais que tout ce que je raconte et qui se déroule entre 1916 et 1948, pourrait tout à fait se passer maintenant. À bien des égards, avec le fascisme que je relate en toile de fond, il est d’une actualité brûlante.
Votre livre va à rebours d’une époque où le romanesque semble s’assécher et traiter plus souvent de l’actualité ou de l’avenir. Le passé serait-il une manière de parler de notre présent?
Il y a deux-trois ans, j’ai lu l’intégral des Thibault de Roger Martin du Gard, que j’avais dans une bibliothèque. L’auteur a écrit ces livres, qui parlent de la Première guerre, avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. J’ai été frappé par la finesse d’analyse dont il faisait preuve sur la Première guerre et sur le fait qu’elle s’appliquait de manière extrêmement précise à des sujets actuels, notamment la lutte des classes. Un grand roman est atemporel et parle de sujets qui courent à travers les âges. Je ne sais pas si c’est ce que je fais mais je suis heureux si cela peut être perçu ainsi. Le roman parle du passé, mais à travers lui je parle bien sûr du présent.
Vous écrivez à un moment: «Sculpter, c’est juste enlever des couches d’histoires, d’anecdotes, celles qui sont inutiles, jusqu’à atteindre l’histoire qui nous concerne tous.» Est-ce pareil en littérature?
C’est l’une des premières phrases que j’ai notées sur mon calepin. Il s’agit pour moi de la symbolique de l’écriture et de tout geste artistique. Quand j’écris, il faut que j’enlève et non que j’ajoute, je cherche l’épure et à ne raconter que ce qui est nécessaire.
« Si les romans occupent une place immense dans ma vie, je ne cherche pas à les imiter, je m’en nourris inconsciemment. En revanche, il m’arrive d’avoir des idées en regardant un tableau »
Dans Des diables et des saintsla musique tenait une place toute particulière. Ici, il s’agit de la scuplture. L’art influence-t-il votre écriture?
Tout à fait. Quand je suis allé en Italie pour la première fois à 15 ans, j’ai eu un choc esthétique, presque un syndrome de Stendhal. Ce pays a été fondateur dans mon rapport à l’art. J’ai découvert un monde, une forme de beauté dont j’ignorais l’existence. Le spectacle de l’art déclenche des émotions qui décl
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