Le gouvernement Trudeau appelé à réagir pour contrer l’ingérence étrangère dans les entreprises canadiennes

Le gouvernement Trudeau appelé à réagir pour contrer l’ingérence étrangère dans les entreprises canadiennes

Ottawa presse de réagir au Conseil canadien des affaires Publié à 1h24 Mis à jour à 5h00 (Ottawa) L’ingérence étrangère ne vise pas seulement les institutions démocratiques du pays. Elle frappe également les entreprises qui travaillent dans des secteurs essentiels pour l’avenir économique du Canada. Cependant, le gouvernement Trudeau tarde à prendre les mesures nécessaires pour contrer ce fléau sous tous ses aspects, déplore le Conseil canadien des affaires (CCA) dans un rapport percutant qui sera publié ce jeudi matin. Cette lenteur à réagir est dangereuse : elle nuit à la réputation du Canada aux yeux de ses principaux alliés, notamment les États-Unis, qui considèrent de plus en plus leur voisin du Nord comme un maillon faible en matière de sécurité nationale, et elle déstabilise les entreprises qui n’ont pas nécessairement les moyens de réagir de manière adéquate et rapide pour éviter les effets néfastes. En conséquence, le CCA appelle le gouvernement Trudeau à adopter une stratégie de sécurité nationale qui accorde une place prépondérante à la sécurité économique, comme l’ont fait ces dernières années des pays alliés tels que les États-Unis, le Japon ou encore l’Allemagne. Dans ces pays, le principe selon lequel la sécurité économique est indissociable de la sécurité nationale est clairement énoncé. Dans l’immédiat, le gouvernement fédéral doit actualiser le mandat du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) afin de lui donner de nouveaux pouvoirs, notamment celui d’informer de manière confidentielle les dirigeants d’entreprises ciblées par les manœuvres hostiles de régimes autoritaires tels que la Chine, la Russie ou l’Iran, ainsi que de permettre un meilleur échange d’informations entre le SCRS et la GRC, peut-on lire dans le rapport obtenu par La Presse en avant-première. Il convient également de demander au SCRS de créer une nouvelle division chargée de former et de conseiller les entreprises sur la manière de se défendre contre les menaces économiques. Bien que le ministre de la Sécurité publique ait effectivement demandé au directeur du SCRS en mai 2022 de veiller à ce que “les organisations travaillant dans des domaines sensibles soient conscientes des menaces économiques et de sécurité actuelles et émergentes”, le SCRS ne dispose toujours pas des pouvoirs législatifs nécessaires pour partager de manière proactive des informations et des conseils sur les menaces avec ces mêmes organisations. Les entreprises canadiennes sont visées par des acteurs soutenus par des États qui cherchent à promouvoir leurs intérêts d’une manière qui porte atteinte à la sécurité nationale et économique du Canada. Extrait du rapport “Il est temps que les décideurs politiques canadiens reconnaissent cette réalité et se joignent aux entreprises canadiennes pour protéger la vitalité économique et la résilience de notre pays”, souligne également le document d’une trentaine de pages. L’ingérence dans le monde des affaires Ce rapport est publié alors que les partis d’opposition à Ottawa réclament depuis plusieurs mois une enquête publique indépendante sur l’ingérence de la Chine dans les élections fédérales de 2019 et 2021. Le rapport met en lumière une forme tout aussi pernicieuse d’ingérence qui affecte le monde des affaires, mais qui n’a pas fait autant la une des journaux. L’ingérence étrangère visant les entreprises se manifeste sous différentes formes : cyberattaques, espionnage, vol de secrets industriels, campagnes de désinformation ; elle peut également toucher la recherche universitaire, où des professeurs invités travaillent secrètement pour le compte de régimes autoritaires, entre autres choses. Le rapport s’appuie sur de nombreux exemples. En 2022, un employé d’Hydro-Québec a été arrêté et accusé d’avoir volé des secrets industriels au profit de la Chine. En juin 2022, un agent au service de la Chine a créé des milliers de faux comptes sur les réseaux sociaux afin de mener une campagne de désinformation bien coordonnée contre une entreprise canadienne souhaitant développer une mine de terres rares en Saskatchewan. Peu de temps après l’annonce du projet, les habitants de la région ont été la cible de messages sur les réseaux sociaux contenant de fausses informations sur les conséquences environnementales de l’entreprise dans le but de saboter le projet. “Le plan d’attaque était clair : attiser l’opposition locale au projet, forcer l’arrêt des activités minières et saper un secteur essentiel à la sécurité et à la prospérité du Canada”, souligne le rapport. En avril 2023, un groupe de pirates informatiques “pro-russes” a lancé une série d’attaques par déni de service lors de la visite du Premier ministre de l’Ukraine au Canada. Ces attaques ont provoqué la panne des sites web de nombreuses grandes entreprises canadiennes dans les secteurs des services publics, des transports et du secteur bancaire. Phénomène en augmentation Et ce fléau ne fait que croître. “Les entreprises canadiennes représentent plus de la moitié de toutes les victimes connues de cyberattaques dans le pays et sont la cible la plus fréquente des cyberattaques d’inspiration géopolitique menées contre le Canada”, selon le rapport. “Pour donner une idée de l’ampleur du problème, deux entreprises canadiennes sur cinq ont été victimes d’une cyberattaque au cours des deux dernières années.” Il n’est plus temps d’être complaisant. “La nouvelle réalité géopolitique du Canada signifie que la sécurité économique – souvent considérée comme acquise, négligée ou tout simplement ignorée – est désormais au cœur de notre sécurité nationale. […] Le fait d’avoir négligé pendant des décennies les questions de sécurité économique nous rend vulnérables. Pour reprendre les termes même du Service canadien du renseignement de sécurité, le Canada est devenu une “cible attrayante et perméable”.” Le rapport contient plusieurs recommandations. Outre une réforme du mandat du SCRS, il recommande notamment la création d’une division dédiée à la sécurité économique au sein du Bureau du Conseil privé, l’interdiction pour les entités liées à des États jugés hostiles de participer à la recherche universitaire et, enfin, la modification du Code criminel afin de criminaliser expressément, comme cela a été fait aux États-Unis, les actes volontaires ou de négligence qui entravent de manière significative les infrastructures essentielles, entre autres choses. “L’ordre unipolaire libre, ouvert et relativement stable qui a offert aux Canadiens des niveaux extraordinaires de sûreté, de sécurité et de prospérité appartient désormais à l’histoire.”
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