Les Heures heureuses: Pascal Quignard parle de son dernier livre du Dernier Royaume

Un avis de tempête menace Paris en ce début du mois d’août mais le petit appartement semble à l’abri du monde. Le bosquet sur lequel donnent les fenêtres est comme figé dans le temps. Il y a des livres, des papiers – on est chez un écrivain –, et un piano, la boîte d’un violoncelle – il est aussi musicien. C’est un Pascal Quignard rajeuni, détendu, qui ouvre la porte. Pour accompagner Les Heures heureusesil a laissé les bords de l’Oise, les brumes et le silence. Ce volume est le douzième du Dernier Royaumeune aventure longtemps hébergée par Grasset, accueillie aujourd’hui par Albin Michel où Martine Saada continue à l’éditer. «Les lecteurs ne se rendent pas compte de la difficulté qu’il y a à publier un ouvrage», dit l’auteur. Difficile? Pour une œuvre aussi commentée, étudiée, traduite? «Il n’y a plus de grands éditeurs prêts à s’engager dans un projet au long cours.»

Si les romans, depuis Tous les matins du monde (Gallimard, 1991) et son adaptation au cinéma, ont trouvé leur public, si les splendides ouvrages illustrés – Le Sexe et l’Effroi (Gallimard, 1994) et La Nuit sexuelle (Flammarion, 2007) – ont marqué les esprits, Dernier Royaume, cette exploration tout en fragments – petites histoires, éclats d’érudition, bribes de mythologies, résurrection d’auteurs oubliés, déploiement des étymologies – peut intimider. Elle est pourtant de plus en plus limpide et heureuse.