ainsi, au milieu du XIXe siècle, l’Europe est tombée amoureuse de l’art italien – Corriere.it

ainsi, au milieu du XIXe siècle, l’Europe est tombée amoureuse de l’art italien – Corriere.it

2023-09-08 08:55:40

De Roberta Scorrano

Derrière cette œuvre, aujourd’hui conservée à la National Gallery de Londres, se cache une histoire exemplaire : l’art italien qui a enrichi les musées à l’étranger, l’intérêt des avant-gardes pour Piero


Parler de Piero de la Francesca on aurait pu choisir un tableau plus célèbre, comme le double portrait des ducs d’Urbino, star de la Galerie des Offices à Florence. Ou la douce Madonna del Parto de Monterchi. Nous avons choisi à la place Le baptême du Christqui se trouve aujourd’hui à la National Gallery de Londres, car il raconte une histoire exemplaire. Une histoire de mémoire et de redécouvertes, de clairvoyance et d’insouciance, de curiosités et de situations économiques.





Dans sa simplicité lumineuse, avec son paysage idéalisé des Apennins, avec la disposition des L’espace mental typique de Piero
en dit long aussi sur l’artiste, né à Borgo San Sepolcro (c’est le nom actuel de la ville), dans la province d’Arezzo à une date encore incertaine et décédé ici en 1492.

Une histoire d’Indiana Jones


Les protagonistes de cette histoire sont un conservateur d’art cultivé, un aventurier anglais intrépide et sa majesté la reine Victoria. Charles Lock Eastlake, peintre et membre de la Royal Academyest venu envoyé par la Couronne anglaise en 1838 en Italie. Mission : trouver des œuvres de la Renaissance pour enrichir les collections du Victoria And Albert Museum alors naissant. Eastlake est arrivé à la co-cathédrale de San Giovanni Evangelista à Sansepolcro et a vu à la fois le Flagellation di Piero, qui se trouvait alors dans une sacristie, tous deux Baptême du Christ. Mais les travaux étaient en très mauvais état et la transaction n’a donc pas abouti. Mais les prêtres avaient besoin d’argent et c’est ainsi que quelques années plus tard, pour retirer le Baptême du Christle magnifique retable peint par Piero pour l’abbaye camaldule du village d’Arezzo, a été John Charles Robinson, homme d’affaires ambitieux (conservateur des Collections Royales de 1861 jusqu’à la mort de la Reine), pour le compte d’un riche industriel ferroviaire, Matteo Uzielli. Quand il est mort, il a rejoint le jeu Eastlake, qui a acquis le baptême pour lui-même par Piero. Quelque temps plus tard, tu changes d’avis à ce sujetet donné à la National Galleryoù il se trouve encore aujourd’hui.

Le destin d’un artiste


Nous l’avons dit : c’est une histoire de dépossession culturelle et de pauvreté intellectuelle. Mais aussi l’histoire d’un destin. Lorsque les Anglais arrivèrent en Toscane au milieu du XIXe siècle, ils ne visaient pas vraiment à Piero, alors considéré comme un mineur de la Renaissance. Mieux que le Pérugin, pour ainsi dire. Mais c’est grâce à son arrivée en Angleterre que le destin de Piero della Francesca prend une tournure inattendue : les Britanniques sont tombés amoureux du baptêmedes discussions, des essais, des réflexions ont surgi autour de ces figures si solides et à la fois si insaisissables. Commence alors le pèlerinage des Anglais en Toscane: écrivains, artistes, conservateurs, tous faisaient la queue dans la campagne d’Arezzo pour voir les œuvres de Piero. Mais pas seulement les Anglais : en 1858 arriva Edgar Degas, plus tard Czanne et Seurat virent aussi en Piero une modernité originale, figée dans des figures qui semblaient appartenir à un passé lointain. C’est en effet un critique de la culture anglo-saxonne, l’Américain Bernard Berenson, qui a parlé d’inéloquence à propos des images de Piero. Les études de Roberto Longhi, dans les premières décennies du XXe siècle, ont fait de Piero une charnière qui unissait le sicilien Antonello da Messina à la Venise de Giovanni Bellini. En bref, ce n’est qu’au siècle dernier que l’artiste de Sansepolcro a trouvé sa place définitive dans l’Olympe des grands artistes de la Renaissance. Et grâce à une envolée des œuvres à l’étranger.

Mathématiques et perspective


En bref, Czanne et les Cubistes faisaient partie des représentants de la modernité qui se sont tournés vers Piero et ce n’est pas par hasard. Ce qui distingue l’artiste toscan des autres, c’est l’adéquation parfaite entre la forme et l’espace, parce que chaque figure semble vivre à sa place naturelle, obéissant à une loi invisible, car elle n’est pas picturale, mais mathématique. Les nombres sont à la base de sa pensée d’artiste, ils sont l’amalgame de sa conception et de son organisation des dimensions. Piero part de la révolution de l’espace de Giotto, suit le chemin de l’invention de la perspective architecturale – de Brunelleschi – et va au-delà de l’application donnée par Masaccio : chez Piero tout s’adoucit et en même temps se cristallise dans un seul espace mental. C’est pourquoi des tableaux comme le Baptême ou la Flagellation nous semblent aujourd’hui presque étrangers, comme s’ils venaient d’une autre époque. Dans l’harmonie entre les personnages et leur espace, il n’y a pas seulement un nouvel ordre rationnel, l’expression d’un monde marchand et bourgeois comme aurait pu être Florence du XVe siècle. À la base se trouve l’aspiration à un ordre divin supérieur, universel.. Même son choix de quitter le moins possible Sansepolcro et de limiter son activité à quelques provinces (Ferrare, Rimini, Urbino et peu d’autres que Rome), fait de Piero un homme qui a saisi le lien très étroit avec ses lieux. Des lieux qui accueilleront aussi ses derniers jours, minés par la cécité.

Le rêve nocturne


Cela vaut la peine de conclure par une citation. En décrivant les Histoires de la Vraie Croix, un cycle de Piero exécuté dans la chapelle principale de la basilique San Francesco d’Arezzo, Roberto Longhi écrit : Taciute cos [ … ] les vicissitudes du bois sacré au temps du Christ, Piero reprend son histoire trois cents ans plus tard, imaginant la scène du très célèbre “Rêve de Constantin”, et nous y offrant peut-être le tableau le plus inattendu de tous les temps. une œuvre où le conte nocturne du gothique coïncide avec le classicisme antique, avec le luminisme du Caravageavec la magique de Rernbrandt, et, même, avec la pesée pulvisculaire de Seurat. [ … ] Que la vision soit devenue sublimement rêvée et miraculeuse pour l’impenno re, pour les spectateurs de la scène parfaitement invisible, pour nous spectateurs superbement phénoménale comme un aperçu de pleine lune, c’est ce que propose Piero, si nous ne nous trompons pas, en occupant cette peu d’espace de peinture de mur. (Piero de la Francesca1927)

8 septembre 2023 (changement le 8 septembre 2023 | 07h55)



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